Ferme des Bordes : des bœufs bio lourds et tardifs
Arvalis a récemment établi un bilan de 17 années de production de bœufs bio à la ferme expérimentale des Bordes. Des animaux abattus lourds et âgés et utilisant principalement des fourrages grossiers.
Arvalis a récemment établi un bilan de 17 années de production de bœufs bio à la ferme expérimentale des Bordes. Des animaux abattus lourds et âgés et utilisant principalement des fourrages grossiers.
Un total de 192 bœufs abattus autour de 38 mois pour un poids carcasse moyen de 473 kg avec des carcasses en grande majorité classées U- 3. Depuis 1999, la ferme expérimentale des Bordes à Jeu-les-Bois dans l’Indre conduit en bio un petit cheptel limousin. Dès le départ, l’objectif a été de finir tous les animaux issus de ce cheptel en destinant les mâles à une production de bœufs lourds. L’itinéraire technique retenu a toujours été de maximiser l’autonomie alimentaire, tant pour les fourrages stockés que pour les concentrés distribués.
Abattage à plus de trois ans
Sur ce petit cheptel (un seul lot de femelles reproductrices), le pic des mises bas a lieu en février. Tout au long de leur première saison d’herbe, les veaux et leurs mères sont en pâturage tournant selon la méthode préconisée par Arvalis. Chaque lot reste donc en moyenne quatre à cinq jours dans le même paddock avant de passer au suivant. Les veaux ne sont pas complémentés. Sevrés en cours d’automne à pratiquement huit mois, ils sont castrés à la pince en début d’hiver autour de 10 mois. Quel que soit l’âge des broutards puis des bouvillons, les rations hivernales sont basées sur du foin et/ou de l’enrubannage légèrement complémenté (voir graphique). L’idée est d’avoir des rations permettant d’obtenir des GMQ de 500 g le premier hiver. Une fois à l’herbe les bouvillons d’un an continuent à être conduits en pâturage tournant en les réunissant en un seul lot avec les génisses de leur génération. Au cours du second hiver, la ration repose presque exclusivement sur les fourrages grossiers. Les croissances sont donc limitées mais l’objectif est de chercher à avoir de la croissance compensatrice par une bonne utilisation de l’herbe au cours du printemps puis de l’été qui suit. Le lot bénéficie alors de repousses sur des parcelles de fauche. À partir du milieu de l’été, lorsqu’ils sont âgés d’un peu plus de 30 mois, les bœufs commencent à être complémentés. Début novembre, ils sont rentrés et finis en augmentant progressivement la quantité de méteil jusqu’à un maximum d’un peu plus de 4 kg/tête/j. Cette quantité est le plus souvent comprise entre trois et quatre kilos. Elle est surtout étroitement liée à la qualité de l’enrubannage et du foin disponible. Les départs pour l’abattoir ont lieu en fin d’hiver.
Lourds et âgés pour être bien finis
Analysée sur plusieurs campagnes, cette conduite donne sur le plan technique de bons résultats avec des animaux lourds et correctement finis. « Au cours des onze dernières années, le prix moyen au kilo carcasse a été de 4,14 euros, mais oscillait entre 4,7 à 4,8 €/kg ces trois dernières années. En moyenne, les animaux réalisent 53 % du gain de poids vif en pâture et la part des concentrés (céréales et méteil) n’excède pas une tonne de MS/tête », explique Nicolas Dagorn, ingénieur régional bovins Arvalis. Et de souligner l’importance de maximiser la part des kilos pris au pâturage en gérant au mieux la valeur alimentaire de l’herbe consommée grâce au pâturage tournant tout en cherchant à réaliser au plus tôt les récoltes d’enrubannage, puis de foin, de façon là aussi à maximiser leur valeur alimentaire.
Rajeunir l’âge d’abattage est — au moins pour l’instant — difficilement envisageable. Même si actuellement le choix des taureaux utilisés a pour ambition d’améliorer précocité et conformation, les mères sont plutôt de type tardif et il est difficile d’inverser rapidement la tendance. « Il y a quelques années on avait voulu rajeunir les dates de sortie en cherchant à les vendre à partir de 32 mois. On les avait donc davantage complémentés dès le second hiver et leur finition avait véritablement démarré en juillet. », explique Thierry Foussier, technicien de la ferme expérimentale.
Côté poids de carcasses, les résultats avaient été satisfaisants et globalement conformes aux objectifs mais les niveaux de finition étaient eux bien insuffisants. « Avant de vouloir rajeunir l’âge d’abattage, il faut adapter la génétique dont on dispose et chercher à améliorer la précocité et l’aptitude à déposer du gras. Le choix de nos taureaux va actuellement dans ce sens. Pour autant, l’objectif reste de travailler en race pure. Mais faire évoluer la génétique prend du temps. Une bonne partie des femelles sont encore plutôt de souches tardives ! »
En savoir plus
La ferme bio des Bordes
56,63 ha de SAU dont 49,79 ha d’herbe (21 ha de prairie permanente; 1,08 ha d’association RGA + trèfle violet; 26,3 ha de multiespèce et 1,4 ha de paddock) et 6,8 ha de méteil grain (triticale – pois – vesce + seigle et avoine)
Un cheptel naisseur-engraisseur d’une vingtaine de mères limousines en vêlage de fin d’hiver en système avec production de génisses et bœufs lourds.