Chez Pascal et Angélique Girard dans l’Orne
Des Blondes valorisées en circuit court chez un boucher
Dans la plaine d'Alençon, Angélique et Pascal Girard élèvent 100 Blondes d'Aquitaine. Le système fourrager est basé sur le maïs. Les vaches de réforme sont vendues en direct à un boucher à raison d'une bête par semaine sur 40 semaines par an.
Dans la plaine d'Alençon, Angélique et Pascal Girard élèvent 100 Blondes d'Aquitaine. Le système fourrager est basé sur le maïs. Les vaches de réforme sont vendues en direct à un boucher à raison d'une bête par semaine sur 40 semaines par an.
Angélique et Pascal Girard sont installés à Trémont, dans l'Orne, dans un système équilibré entre 140 hectares de cultures et 100 vêlages. Partis d'un troupeau en croisement, ils ont choisi la Blonde qui leur a permis de travailler pour des marchés particuliers et qui est adaptée au bon potentiel agronomique de l'exploitation. Depuis six ans, les vaches de réforme sont vendues en circuit court. Actuellement, les éleveurs travaillent avec un boucher âgé de 38 ans, rencontré parmi leurs connaissances, qui est installé dans une petite commune de 600 habitants du département voisin. Les vaches sont abattues à 30 kilomètres de l’exploitation par la Selvi à Alençon. Les éleveurs se sont équipés d'une petite bétaillère pour y conduire leurs animaux. Ils ont vendu par ce circuit vingt vaches la première année, et depuis arrivent à livrer une vache par semaine hors période de fermeture de la boucherie, soit 40 vaches par an. « Pour planifier ceci, il faut avoir 100 vêlages. Nous profitons du fait que les Blondes peuvent attendre un peu en période de finition avec un coût de ration pas si élevé ici, et que les vêlages soient répartis sur deux périodes légèrement étalées. » En cet automne, trois lots de 10 vaches sont en cours d’engraissement. Elles passent en cases de pré-engraissement peu après la naissance du veau et partent souvent un mois après le sevrage du veau. Le boucher demande des bêtes plus lourdes l'hiver (570 kg C), et plus légères en été, pour coller à son débit. Elles sont en majorité conformées U-, et toujours en note d’état de 3. Les éleveurs entretiennent une très bonne relation de confiance avec le boucher. « On se voit deux fois par an, on se téléphone toutes les semaines pour le classement et le prix de la vache. La plus-value est d'environ 50 centimes par kilo de carcasse par rapport au circuit traditionnel. Nous apprécions qu’il n’y a jamais d'attente pour sortir les vaches et que le paiement se fasse de semaine en semaine. »
Les vaches qui ont moins de 6 ans et qui proviennent du lot des vêlages de printemps – le plus fourni – sont commercialisées par leur organisation de producteurs Agrial. Les mâles y sont également vendus broutards. « Nous présentons des lots homogènes d’animaux de 280 à 300 kilos, après les trois pesées qui interviennent en juillet, février et novembre » expliquent Angélique et Pascal Girard.
Enrubannage de luzerne à 16 à 18 % de MAT
Les éleveurs cherchent à être autonomes pour l’alimentation des animaux, avec le plus de leviers possibles à leur disposition pour s’adapter aux conditions de l’année. Le maïs est le socle du système fourrager, avec toujours environ 10 ha semés avec une variété grain et 40 ha avec des variétés pour ensilage. L'idée est de remplir d'abord les silos (rendement environ 14 tMS/ha) et de récolter le supplément en grains. En fonction des conditions de l'année, le maïs grain est conservé pour les animaux ou bien vendu, et une partie des surfaces destinées à l'ensilage peuvent être récoltées en grain. De la luzerne est implantée sur sept hectares et récoltée en trois coupes d'enrubannage de qualité, à 16 à 18 % de MAT, qui avec de l'ensilage de maïs forme une très bonne combinaison pour l'engraissement. « Nous avons abandonné la féverole dont le rendement était trop variable d'une année à l'autre » notent les éleveurs. La luzerne donne toute satisfaction et pourra prendre davantage de surfaces à l'avenir.
Tous les fourrages sont analysés et les rations sont calées en novembre avec un conseiller du Contrôle de performance. La complémentation donne une large part aux coproduits. Pour les génisses, sur les prairies plus éloignées, le pâturage est continu sur des parcelles de 3 à 5 hectares qui sont cloisonnées pour pouvoir récolter au printemps. Les 50 hectares de prairies naturelles qui entourent les bâtiments sont pour leur part exploitées en tant que parcours pour les vaches toute l'année. Les vaches circulent en effet librement entre prairies et bâtiments. Au printemps, le chargement sur les prairies est marqué, et les récoltes d’ensilage sont la priorité (environ 20 ha par an pour un rendement de 4,1 tMS/ha).
La reproduction est assurée par quatre taureaux de monte naturelle, qui sont souvent achetés à la station raciale ou bien ce sont des taureaux adultes indexés achetés en élevage. « L’un d’eux est choisi pour les génisses. Nos taureaux présentent toujours davantage de développement squelettique que musculaire, et nous faisons attention aux qualités de race, à la robe et au style. » Toutes les génisses sont mises à la reproduction et sont triées après le premier vêlage.
Le troupeau est inscrit et quelques reproducteurs sont vendus chaque année. En 2015, l’IVV moyen était de 394 jours en 2015 et la mortalité des veaux s’est élevée à 15 % à cause d'un épisode de BVD qui a couru sur deux années, mais sinon elle s’établit autour de 5 à 6 %. Les stabulations sur litière accumulée intégrale ont été montées progressivement sur vingt ans, en autoconstruction pour l’essentiel.
Chiffres clés
Des drèches de blé sèches et autres coproduits
Des drèches de blé à 90 % MS entrent dans les rations à chaque fois que les éleveurs peuvent s’en procurer. Elles ont été achetées 110 euros la tonne brute en 2015, par camion entier. « Il faut s’organiser pour disposer de la trésorerie et de la place de stockage en conséquence. » Ces drèches peuvent être données à volonté à des broutards car elles sont équilibrées, à 0,9 UF et 115 g PDIN. Elles entrent pour bonne part dans la ration d’engraissement des vaches. Parfois, les éleveurs achètent des drèches de blé semi-humides (65 à 70 % MS).
Cette année, du maïs grain a été séché par un négociant et sera échangé contre un aliment à 18 % de MAT, composé de 50 % de maïs grain avec du tourteau de colza et un coproduit à base de drèches, titrant 0,9 UF et 127 g PDIN. Quand l'opportunité se présente, comme il y a deux ans, des pommes de terre brossées, qui sont déstockées au printemps (20 à 25 €/t à 25 % MS) sont achetées. Elles sont valorisées dans un « silo sandwich » d’ensilage d'herbe. Les éleveurs récoltent aussi de la paille de colza quand cela est possible (ce qui n’a pas été le cas ces deux dernières années). La paille de colza peut être distribuée jusqu'à hauteur de 3 kilos par jour et par vache grâce à la mélangeuse.
« Une production régulière et de qualité »
« La conduite du troupeau est très bien calée et les animaux sont produits avec régularité. Le circuit court apporte une plus-value intéressante et il est sécurisant pour les éleveurs, avec de plus pour eux la satisfaction de faire leur métier d’éleveurs jusqu’au bout. Le bémol est que ce circuit exige une très bonne finition, et de la viande faite, donc des animaux avec un certain âge (femelles de plus de quatre ans, sans limite d'âge), dans des larges gammes de poids de carcasse variant de 450 à 670 kilos de carcasse.
Les charges alimentaires sont bien maîtrisées et le niveau génétique est très élevé. La production de viande vive est de 305 kgV/UGB en 2015. La marge brute s’élève à 573 euros/UGB ou encore 902 euros/ha SFP. »
Patrick Cartoux chambre d'agriculture de l'Orne