« Des betteraves pâturées pour mes Limousines »
La betterave fourragère dispose d’atouts en alimentation mais sa récolte peut encore être synonyme de contraintes. Marie-Louise et Laurent Ventroux s’en sont affranchis grâce au pâturage.
La betterave fourragère dispose d’atouts en alimentation mais sa récolte peut encore être synonyme de contraintes. Marie-Louise et Laurent Ventroux s’en sont affranchis grâce au pâturage.
Pour la première année, Marie-Louise et Laurent Ventroux, éleveurs à Villeperdue en Indre-et-Loire, ont semé des betteraves fourragères qui ont ensuite été pâturées par les 80 Limousines en fin de gestation. Cette pratique, peu courante en élevage bovins viande, permet de se libérer des contraintes de la récolte et de la distribution. « Faire de la betterave n’aurait pas été possible. Nous n’avons pas la possibilité de la récolter, les sols de l’exploitation n’étant pas suffisamment portants et nous n’avions pas à disposition de toute façon le matériel nécessaire. De plus, le pâturage permettait de répondre au trou d’herbe estival qui est récurrent dans notre région », expliquent les éleveurs.
Ainsi, fin mai 2017, deux hectares ont été semés à hauteur de deux doses semis soit 100 000 graines par hectare. « Je n’ai ensuite réalisé aucune autre intervention jusqu’au pâturage qui a débuté le 5 août pour se poursuivre jusqu’au 20 septembre. Si on disposait de terres portantes, on laisserait les animaux paître plus longtemps. L’année prochaine, je compte semer deux à trois hectares et ce, dès que le sol sera suffisamment ressuyé. Un désherbage sera sans doute à effectuer. En procédant de cette manière, on espère pouvoir avancer la date de mise à la pâture », observe Laurent Ventroux. Les betteraves ont été implantées sur une parcelle avec un précédent prairie. Un ray-grass anglais sera semé ensuite.
Une journée d’adaptation a été nécessaire
Le pâturage était contrôlé à l’aide d’un fil électrique avancé quotidiennement. Les vaches disposaient de 25 kg brut par jour. « Il est possible de monter jusqu’à 4 kg de MS par vache et par jour », note Sylvain Le Potier, ingénieur affaires fourragères à RAGT Semences. « Les vaches restaient calmes. Une seule fois, elles sont passées au-dessus du fil mais j’avais oublié de brancher l’électricité. La première journée, elles étaient curieuses. Le lendemain, elles ont tout arraché sans problème et mangeaient aussi bien les feuilles que les racines. Elles adorent cela. En une heure de temps environ, elles ont fini de pâturer », souligne l’éleveur. Après le pâturage, les vaches ont besoin de fibres. Un râtelier de paille ou de foin était à leur disposition. « Quand les vaches ont commencé à pâturer, elles ont d’elles-mêmes arrêté de toucher aux minéraux », ajoute Marie-Louise Ventroux. Une transition est à respecter pour l’intégration de la betterave dans la ration. Le pâturage des betteraves permet aux éleveurs de réaliser des économies et de gagner du temps, les vaches n’ayant pas à être alimentées en sus.
Les éleveurs ont utilisé la variété Brigadier. « Nous avons lancé l’année dernière cette variété utilisée en Nouvelle-Zélande. Elle est pauvre en matière sèche donc plus facile à croquer et riche en sucres. De plus, 60 % de la racine est émergente. En France, environ 15 000 hectares de betteraves fourragères sont cultivés, 1 % seulement est pâturé. En Nouvelle-Zélande, 100 000 hectares sont semés chaque année, 80 % sont pâturés », observe Sylvain Le Potier.
SAU : 80 hectares dont 40 de pâturage, du sorgho et du maïs.