[Covid 19] Selon Didier Guillaume, la baisse de rémunération des éleveurs bovins est « inadmissible »
La dégringolade du prix des bovins finis suscite un sentiment de dégoût chez les éleveurs et ne va pas inverser l’actuelle décapitalisation constatée en ferme. Pour Didier Guillaume, la filière doit réagir et répondre à la détresse des éleveurs. Une réunion sera prochainement organisée par le Ministère.
La dégringolade du prix des bovins finis suscite un sentiment de dégoût chez les éleveurs et ne va pas inverser l’actuelle décapitalisation constatée en ferme. Pour Didier Guillaume, la filière doit réagir et répondre à la détresse des éleveurs. Une réunion sera prochainement organisée par le Ministère.
En mars 2018, il y avait en France quatre millions de vaches allaitantes. Elles n’étaient plus que 3,85 millions 24 mois plus tard. Combien seront-elles en mars 2021 ? Au rythme où vont les choses et compte tenu du contexte très dégradé du marché de la viande bovine, il est illusoire de penser que la décapitalisation en cours va s’inverser. C’est d’autant plus préoccupant que, même confinés, les Français ont bon appétit et ont absolument pas renoncé à la viande bovine. Ils ont en revanche clairement fait évoluer leurs habitudes de consommation avec toujours plus de viande hachée.
Progression de la proportion de muscles dirigés vers le hachoir
La proportion de muscles qui ont terminé dans un hachoir et non tranché dans des barquettes a été en nette progression ces dernières semaines. Cette proportion aurait en moyenne avoisiné 70% début avril contre 56% en 2017, année où ce chiffre avait été précisément établi par l’Institut de l’élevage à partir de données communiquées par les principaux acteurs de l’aval. Cette proportion de 70% serait bien entendu plus importante pour les carcasses de laitières et forcément un peu moindre pour les allaitantes avec, pour ces dernières, de grosses nuances selon l’âge, la race, le compromis poids/conformation et le niveau de finition.
Et comme le steak haché est un produit d’appel pour lequel les tarifs sont âprement discuté, tout laisse à penser que plus la proportion de muscles d’une carcasse qui termine dans un hachoir est élevé, et moins le prix au kilo carcasse départ ferme est attractif pour les éleveurs.
Situation dramatique des éleveurs bovins allaitants
« Alerté par la situation dramatique des éleveurs bovins allaitants », Didier Guillaume a estimé le quatre Mai dans un communiqué que la baisse de rémunération des éleveurs bovins était « inadmissible », et que cette situation n’était hélas pas nouvelle. Face à cette nouvelle dégradation de la conjoncture pour les animaux finis, Didier Guillaume a demandé aux responsables d’Interbev bovin de réunir des données pour pouvoir objectiver la situation. « Je réunirai dans les jours qui viennent l’ensemble des acteurs de la filière pour partager ces données, et voir comment, la transparence, et les efforts faits par chacun des maillons de la chaîne auront comme conséquence une meilleure répartition de la valeur, en permettant aux éleveurs de vivre décemment de leur travail », annonce-t-il dans le communiqué. Et d’appeler également la filière bovine française à « faire évoluer son modèle ».
Retrouver « l’équilibre économique bovin »
Dans un communiqué diffusé le lendemain 5 Mai, co-signé par Jean-Paul Bigard, président de Culture Viande et Gilles Gauthier, président de FedeV, les deux fédérations des entreprises des secteurs de l’abattage et de la découpe appellent, à "la reconstitution d’une union sacrée pour retrouver « l’équilibre économique bovin » à ce jour perdu."
Dans leur courrier les deux présidents rappellent quatre données clé s’appliquant au secteur français de la viande bovine :
-1- Le marché français n’est pas une bulle. Ses productions doivent être concurrentielles à l’export et il ne peut refouler les importations saines et loyales.
-2- La guerre des prix en distribution et la concurrence industrielle engendrent une perte de valeur. Dit autrement, une compétition sans fin au niveau des prix de vente au consommateur et des résultats d’exploitation négatifs conduisant à l’issue fatale.
-3- En l’absence de choix techniques justifiés, assumés en amont et face aux changements dans la consommation des Français, le prix des viandes hachées ne doit pas être condamné à baisser par principe mais servir de base revalorisée et évolutive en fonction de l’équilibre carcasse (offre-demande des muscles / valorisation du cinquième quartier).
-4- Le boucher, son savoir-faire, sa technicité et sa maîtrise économique du produit viande doivent être remis au service du rayon et du client.