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Autonomie alimentaire et cohérence

Pour assurer la quasi-autonomie de son troupeau naisseur-engraisseur, Daniel Le Corre axe son travail sur la qualité des fourrages et sur les rations en engraissement.

Tous les animaux nés sont engraissés sur l’exploitation avec des rations favorisant l’autonomie alimentaire qui atteint 91,5% sur l’atelier naisseur-engraisseur.
© C. Delisle

Une année, ma récolte de céréales a été très mauvaise, aussi ai-je dû en acheter. Quand j’ai réglé la facture, je me suis rendu compte que je ne gagnais rien. Je me suis alors dit qu’il était nécessaire d’axer mon travail sur les fourrages pour aller davantage vers une autonomie alimentaire », se rappelle Daniel Le Corre, éleveur naisseur-engraisseur d’un troupeau de 60 mères Blonde d’Aquitaine, à Saint-Mayeux dans les Côtes-d’Armor, lors de portes ouvertes organisées en juin sur son exploitation par la chambre d’agriculture de Bretagne, dans le cadre des Innov’action.

« Je ne finis pas d’animaux à l’herbe en raison de la complexité de mon parcellaire. Par contre, je dispose de deux rations pour l’engraissement. Une, distribuée en période hivernale, de janvier à mai et l’autre distribuée en période estivale, de juin à décembre. » L’hiver, la ration de base est composée de maïs ensilage, l’été c’est l’enrubannage de dérobée de RGI qui constitue la base de la ration pour les jeunes bovins comme pour les femelles à l’engraissement. « Fin mai, je ferme mon silo de maïs car mon troupeau est de trop petite taille pour avoir un front d’avancement suffisant. De plus, j’ai des vêlages étalés sur l’année, j’ai donc en permanence un nombre restreint d’animaux à l’engraissement. La transition se passe bien. Je n’ai ni d’arrêt de croissance ni de diarrhées. J’augmente progressivement les quantités. Garder le maïs me permet de sécuriser ma ration hivernale. »

La dérobée, une culture à part entière

« Pour limiter les achats d’aliments, les récoltes d’herbe sont réalisées précocement pour améliorer les valeurs protéiques des fourrages à distribuer. Près de 60 % d’entre elles sont réalisés en enrubannage. La moitié de cette production provient de dérobées semées après une céréale et avant maïs. Les deux coupes (stade feuillu) effectuées avant l’implantation du maïs produisent près de cinq tonnes de matière sèche par hectare d’un fourrage d’excellente qualité », souligne Thierry Offredo, conseiller bovins viande à la chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor. Le reste de l’enrubannage est obtenu sur des prairies temporaires à partir d’un mélange luzerne-ray-grass hybride cultivé sur trois hectares. Les prairies permanentes sont réservées au foin et à la pâture. L’éleveur implante généralement deux RGI, un tétraploïde et un diploïde, et un mélange de trèfles (5 %).

L’enrubannage de luzerne et d’herbe, associé au maïs l’hiver, permet l’économie de concentrés pour les mères et génisses en croissance. Seuls les animaux d’engraissement et les broutards ont des céréales en complément. Un mélange d’un tiers d’orge et de deux tiers de blé. Les quantités reçues en engraissement sont adaptées à la période de finition (estivale ou hivernale) et à la catégorie d’animaux. L’hiver, en plus du correcteur azoté, les jeunes bovins et les femelles en finition reçoivent 2 à 3 kg de céréales. L’été, le complément azoté est supprimé, les quantités de céréales montent à 5 kg pour les jeunes bovins et à 6-7 kg pour les femelles. De la paille est toujours à disposition dans les râteliers.

Une valorisation sous label, maximisée

À l’engraissement, la ration est distribuée deux fois par jour pour respecter la flore des animaux. Les auges sont systématiquement nettoyées quotidiennement. Les plus jeunes récupèrent les refus.

Les vaches sont inscrites en filière label rouge d’où l’utilisation d’un complément riche en graines de lin extrudées, les trois ou quatre derniers mois de finition des femelles, le label ayant intégré la démarche Bleu Blanc Cœur. L’été, la ration étant à base d’enrubannage, la quantité distribuée est inférieure (0,6 kg) à celle de l’hiver (1 kg). L’objectif est d’en valoriser un maximum dans ce créneau. Ainsi, deux tiers des vaches sont passées dans le label blond APBA (association l’autre pays de la Blonde d’Aquitaine) sur les trois dernières années, soit environ 14 femelles par an, pour un poids carcasse moyen de 547 kg. Une dizaine de génisses sont également labellisées annuellement (poids carcasse moyen de 486 kg). Les jeunes bovins sont vendus vers 20 mois pour l’export à 537 kg carcasse et un GMQ de 1 310 g/jour.

« L’autonomie du troupeau atteint 91,5 % sur l’atelier naisseur-engraisseur ce qui est un très bon résultat. Les systèmes naisseurs-engraisseurs se situent en moyenne, entre 75 et 85 % d’autonomie », souligne Thierry Offredo. Le système est également performant économiquement, avec un coût alimentaire maîtrisé (231 €/UGB (hors travaux par tiers), un coût de concentrés de 129 €/UGB et une marge brute viande de 685 €/UGB.

Chiffres clés

73 ha de SAU dont 13 de céréales, 7,5 de maïs ensilage, 3 de luzerne et 49,5 de prairies
60 mères Blondes d’Aquitaine, système naisseur-engraisseur
390 jours d’IVV
0,93 nombre de veaux produits par vache
31 % de taux de renouvellement
1 UTH

Démarrage d’une Maec

En 2015, Daniel Le Corre a signé une Maec (mesures agro-environnementales et climatiques) système avec 18 % de maïs maximum et 65 % d’herbe minimum dans la SFP. Souscrit pour une durée de cinq ans, ce contrat a légèrement modifié la répartition du parcellaire. En effet, la surface en maïs est passée de 10,1 hectares à 7,6 hectares en 2018. Les céréales ont été réduites d’un hectare et les prairies temporaires ont progressé de 3,5 hectares. L’augmentation des dérobées récoltées en enrubannage a aussi contribué à compenser la diminution de la surface en maïs qui est dorénavant rationnée pour les femelles d’élevage.

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