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[Bovins Viande] Quels méteils pour quels objectifs ?

Avec le réchauffement climatique, les mélanges céréales-protéagineux se sont largement développés ces dernières années dans les élevages bovins viande. La ferme expérimentale des Bordes, dans l’Indre, a fait le point sur ce sujet.

Face aux épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents, l’utilisation des mélanges céréales-protéagineux progresse chez les éleveurs bovins viande. Pour y voir plus clair sur ces différentes utilisations (semis sous couvert de prairies ou conduite en double culture), différentes études ont été menées.

Des valeurs variables selon les stades

Dans le cadre du Plan régional pour le développement agricole et l'autonomie alimentaire de la région Centre Val de Loire, trois mélanges comportant du triticale, de l’avoine, des pois fourragers, de la vesce commune et de la féverole ont été testés en faisant évoluer la proportion de céréales et de protéagineux : un à dominante céréales (80 % de céréales), un mixte (39 % de protéagineux) et un à dominante protéagineux (66 % de protéagineux). Ces mélanges ont été ensilés à trois stades clés, fin montaison du triticale (680°C base 0 au 1er février), épiaison du triticale (880°C) et grains laiteux-pâteux du triticale (1310°C).

Globalement, au cours du cycle les valeurs alimentaires diminuent. Toutefois, lorsque l’on a des mélanges riches en protéagineux, les valeurs baissent moins fortement. Pour les mélanges à dominante céréales en coupe très précoce, les teneurs en protéines sont bonnes (16-17 de protéines), grâce aux apports azotés. « Cependant, ces valeurs sont variables selon les conditions climatiques du printemps (froid et sec). Par ailleurs, la valeur alimentaire descend de façon importante entre la fin montaison et l’épiaison (11,5 de protéines). Entre le stade épiaison et laiteux-pâteux (10 de protéines), la chute est plus faible », note Yvan Lagrost, de la chambre d’agriculture du Cher.

Si la teneur en protéines est élevée pour les mélanges à dominante protéagineux (20 au stade fin montaison et encore 13,5 au stade laiteux-pâteux des grains), le rendement est globalement plus faible par rapport aux autres mélanges (0,5 t de MS au stade fin montaison, 1 tonne en moins au stade épiaison et 2 tonnes de moins au dernier stade). De plus, le stade laiteux-pâteux est souvent difficile à réaliser car versé.

Quels choix après un méteil ?

Des groupes fourrages de Nouvelle-Aquitaine (Vienne, Creuse, Charente, Haute-Vienne, Corrèze) ont par ailleurs testé plusieurs cultures après méteils (céréales-pois-vesce) dans le cadre d’une conduite en double culture. Cinq dérobées ont ainsi été implantées et comparées à un maïs : du millet perlé associé à de la vesce, un sorgho multicoupe, un sorgho monocoupe, du teff grass et un mélange moha – trèfle d’Alexandrie. La récolte du méteil était plutôt intermédiaire à tardive. « Cette culture a eu l’avantage d’assurer les rendements sur plusieurs années (une moyenne supérieure à 6 t MS/ha). On a également pu constater qu’après le méteil on laissait une terre propre et souple », note Alexis Desarmenien, de la chambre d’agriculture de la Creuse.

Sans surprise, c’est le maïs qui s’en sort le mieux côté rendement (entre 10 et 14 t de MS par hectare). Les autres cultures ont plafonné à 7-7,5 t de MS par hectare. Côté valeur alimentaire, toutes les modalités sont plutôt bonnes avec un petit plus pour le millet perlé/vesce. Le millet était toutefois quasi inexistant dans la modalité. C’est également le maïs qui a le mieux valorisé l’eau disponible. Pour chaque millimètre d’eau disponible dans le sol, le maïs produit entre 40 et 73 kg de MS/ha. Les autres cultures ont plafonné à 35-40 kg de MS produits. Son coût de production est également le plus faible à la tonne de matière sèche.

Prairies sous couvert, une technique pertinente

« La conduite de prairies sous couvert de méteil est une technique pertinente face au changement climatique. La ferme expérimentale de Thorigné travaille depuis dix ans sur cette problématique. On s’est récemment penché sur l’impact du stade de récolte et de la nature de ces méteils sur la qualité d’implantation des prairies multiespèces (Procerherb) », note Julien Fortin, de la ferme expérimentale de Thorigné.

Dans ce cadre, trois types de mélanges ont été testés, un riche en protéagineux, un mixte et un témoin, riche en céréales pour trois stades de récolte, début mai au stade floraison des protéagineux, fin mai au stade floraison des céréales et début juin au stade laiteux-pâteux du grain.

Trois stratégies se dégagent de cet essai. La première vise à aller chercher de la valeur en privilégiant un méteil riche en protéagineux récolté précocement (0,91 UFL – 15,5 % MAT). La seconde représente un compromis entre valeur nutritive et productivité avec un méteil mixte qui va permettre d’avoir une productivité qui va affleurer les 10 tonnes de MS et une valeur nutritive très satisfaisante (0,86 UFL – 13,3 % MAT). La dernière est axée sur la recherche du volume en privilégiant un mélange riche en céréales, récolté tardivement (11,5 t de MS, 0,80 UFL et 10 % de MAT).

« Le choix de la nature et de la date de récolte du méteil dépend de l’objectif d’utilisation pour les animaux et également du parcellaire. Les récoltes intermédiaires (autour de la mi-mai) de mélanges mixtes avec une part de protéagineux satisfaisante présentent de nombreux avantages car elles permettent de gagner du volume sans pénaliser les valeurs, de disposer d’une fenêtre de récolte beaucoup plus large avec tout l’enjeu du préfanage et de meilleures conditions de portance », précise Julien Fortin.

 

Définition

Méteil ou Cerpro ou MCPI, mélange de céréales à paille et légumineuses immatures, pouvant être implanté en culture principale ou en dérobée. La composition varie fortement (mélanges avec des céréales prépondérantes jusqu’à, uniquement des protéagineux). Le méteil peut être récolté à différents stades.

Contexte d’utilisation des méteils fourrages sur les territoires

Des enquêtes font le point sur l’utilisation des mélanges céréales-protéagineux dans les élevages bovins viande.

Selon des enquêtes réalisées en Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Bourgogne-Franche-Comté, dans le cadre du projet Carpeso(1), l’utilisation des méteils est plutôt récente pour la majorité des sondés (entre un et cinq ans pour 43 % des enquêtés). « Ce sondage a également mis en avant les principaux freins rencontrés, à savoir, le coût des semences, la variabilité de la récolte et de la valeur alimentaire des mélanges. Les agriculteurs y trouvent cependant de nombreux avantages dont l’économie en intrants, la complémentarité entre espèces et l’obtention d’un fourrage de qualité et équilibré », souligne Sophie Chau, de la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne. En moyenne, la valeur en MAT de ces mélanges varie de 14 à 18 % pour des rendements de 3 à 6 tonnes MS/ha. Leur part d’intégration est très variable, de 17 à 60 %.

Un autre volet de ce projet a permis de recueillir 300 variables issues de la bibliographie et de suivis de parcelles en Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. « Là encore, une grande variabilité de la MAT (7 à 29 %), des rendements (de 1,76 à 10,6 t de MS/ha) et des UFL (0,5 à 0,91 /kg/sec) est observée pour des méteils composés majoritairement de trois à quatre espèces avec une part de légumineuses de l’ordre de 10 à 30 %. »

Une conduite sous couvert

Dans la région Centre-Val de Loire, l’usage des méteils se développe depuis 2015. Dans la moitié des cas, il est intégré dans la rotation sous couvert (prairies multiespèces, trèfle violet, luzerne…). Autrement, il est conduit en double culture. Le méteil peut alors être suivi d’un sorgho grain, d’un sorgho fourrager multicoupe, d’un maïs ensilage, d’un teff grass, voire du sarrazin.

« Ces mélanges sont récoltés soit à un stade précoce, avant épiaison des céréales (rendement : 3-4 t de MS/ha, UFL : 0,85-0,90 par kg de MS et MAT à 15-17 %) soit à un stade intermédiaire (rendement : de 5 à 8 tMS/ha) où l’on recherche des céréales épiées (UFL 0,75-0,80 par kg de MS et MAT à 10-12 %) », constate Yvan Lagrost. La récolte tardive, au stade laiteux-pâteux du grain des céréales, est très peu pratiquée désormais. La valorisation de ces mélanges est assez variable selon les situations. « Quand il est ensilé seul, le méteil vient de plus en plus remplacer le RGI. Parfois, il est ensilé en même temps qu’une coupe de prairie multiespèce. Toutes les catégories de bovins en consomment. Son niveau d’intégration dans les rations va de 10 à 50 %. »

(1) Concilier autonomie alimentaire et réduction significative des pesticides dans les systèmes de polycultures-élevage du Sud-Ouest de la France.

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