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Boiteries: qui fait quoi?

Éleveurs, pareurs, vétérinaires, nutritionnistes, conseillers bâtiments... différents acteurs sont impliqués dans la gestion des boiteries. Voici quelques clés de répartition concernant le rôle de chacun.

La formation des éleveurs à la détection précoce et aux premiers gestes de parage est essentielle.
La formation des éleveurs à la détection précoce et aux premiers gestes de parage est essentielle.
© Marc Delacroix

Régler les problèmes de boiteries n'est pas chose aisée. Pour passer à une bonne gestion des pieds, plus de cohérence et de concertation entre les différents intervenants est indispensable. Les choses sont en train de bouger, la cohérence des interventions progresse. Pour la gestion des « affaires courantes », trois acteurs sont essentiels. Ils doivent interagir en synergie. Il s'agit de l'éleveur, du pareur et du vétérinaire : un trépied idéal, encore bien souvent bancal. Pour la gestion périodique des problèmes, dans le cadre par exemple d'un audit boiteries, tous les autres conseillers sont importants, en particulier les experts bâtiments et nutrition. Pour tous, une formation adaptée en matière de boiterie est primordiale.

1- Éleveur : intégrer les soins aux pieds au planning quotidien

Le rôle de l'éleveur est primordial. Rien ne se réglera sans son investissement. Il doit savoir et pouvoir intervenir correctement de la façon la plus précoce possible sur une boiterie. Une boiterie même légère nécessite une intervention urgente au même titre qu'une mammite débutante. Actuellement le retard moyen à la prise en charge correcte d'une boiterie est de 40 jours (voir Réussir Lait, octobre 2017, p. 44) ! L'éleveur doit prendre les moyens d'intégrer les soins aux pieds dans son planning quotidien de travail au même titre que la gestion de la reproduction ou des mamelles. Une formation est indispensable. Il doit :

- être capable de détecter précocement une boiterie ;

- la gérer une fois détectée donc pouvoir lever le pied. La règle est qu'une seule personne, en toute sécurité, doit pouvoir amener facilement l'animal au système de contention et lever le pied le tout en un maximum de 10 minutes. Sinon, les choses sont remises aux calendes grecques. Afin de s'affranchir des difficultés du lever de pied, toute exploitation devrait avoir un système adéquat de contention des pieds ;

- savoir faire les premiers gestes et soins de façon adéquate, ou décider de référer si le cas dépasse ses compétences ;

- avoir un rôle majeur dans la mise en place correcte des mesures préventives.

La place de l'éleveur est donc essentielle entre les passages des professionnels.

2- Pareur : intervenir sur des lots, plusieurs fois dans l'année

L'intervention du pareur une fois par an sur tout le troupeau ne devrait plus être le schéma dominant. Les vaches ont des besoins variables, individuellement, selon leur stade physiologique, leur niveau de production, le système d'élevage... Les interventions systématiques devraient se faire par lots, plusieurs fois réparties sur l'année. Le schéma d'intervention est à définir pour chaque élevage en fonction des problèmes de boiteries, du système d'élevage, de l'éleveur. L'intérêt est d'intervenir au plus près des besoins des vaches. L'intervention du pareur n'est ainsi plus une corvée à faire exécuter en un minimum de temps mais un travail suivi au fil de l'année. Une des conséquences est de diminuer les excès de parage par excès de vitesse...

Le pareur est habilité aux soins des boiteuses à condition qu'il limite son intervention à la corne.

Le relevé systématique des lésions par le pareur sur tablette et logiciel va devenir la norme. Cela permet de, garder la mémoire précise des cas, objectiver ce qui se passe sur le troupeau pour agir en conséquence, évaluer les actions mises en place, et à l'échelle des territoires, permettre un travail de recherche appliquée. Le pareur est donc un maillon important dans un audit boiteries et fait partie des conseils à mettre autour de la table en cas de problème boiteries. Les pareurs ne doivent pas oublier d'assurer leur formation continue.

3- Vétérinaire : un rôle majeur en particulier pour les lésions difficiles

Force est de constater que le vétérinaire est trop souvent absent en ce domaine. Mais la tendance est en train de s'inverser. Les soins aux boiteuses sont théoriquement le coeur de son métier. L'évolution des lésions, l'apparition depuis quelques années de lésions difficiles à soigner (les « non-healing lesions ») nécessitant des interventions au-delà de la corne, la complexité du problème, font que le vétérinaire a une place complémentaire à celle des deux acteurs précédents.

Si les systèmes de levage de pieds dans l'exploitation sont adéquats, le vétérinaire peut les utiliser facilement. Dans notre propre expérience, pour les soins aux boiteuses, nous utilisons en routine les installations des exploitations que nous avons mises en place avec l'éleveur. Le rôle du vétérinaire en cas d'audit boiteries est évident et majeur. Pour encore beaucoup d'entre eux, une mise à niveau et une formation sont nécessaires.

4- Autres intervenants : à mettre autour de la table en cas de problèmes

Compte tenu du caractère multifactoriel des boiteries, les conseillers d'élevage ont un rôle important à jouer en particulier pour le bâtiment et l'alimentation, en concertation avec les autres acteurs. La mise en commun des observations lors d'un tour de table des différents acteurs aide grandement à trouver des solutions pertinentes. L'éleveur doit savoir organiser un tel tour de table.

 

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