Après la visite de Gabriel Attal : les agriculteurs du Pas-de-Calais « attendent de voir les grues arriver »
La venue du nouveau Premier ministre dans le nord de la France a laissé les agriculteurs sinistrés par les inondations sur leur faim. Ils attendent du concret pour entamer rapidement le curage des fossés et permettre à l'eau de s'évacuer.
La venue du nouveau Premier ministre dans le nord de la France a laissé les agriculteurs sinistrés par les inondations sur leur faim. Ils attendent du concret pour entamer rapidement le curage des fossés et permettre à l'eau de s'évacuer.
A peine nommé à Matignon, Gabriel Attal a effectué sa première visite en tant que Premier ministre le 9 janvier dans le Pas-de-Calais au chevet des sinistrés de l’inondation. Lucie Delbarre, présidente de la FDSEA du Pas-de-Calais, comptait parmi les personnes qu’il a rencontrées à Clairmarais près de Saint-Omer. « Gabriel Attal nous a écoutés mais on reste inquiets, on n’a rien de concret, on attend de voir les grues arriver », témoigne l’élue du syndicat majoritaire agricole.
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Nous ne laisserons personne sur le bord du chemin.
Pour mon tout premier déplacement, j'ai voulu exprimer la solidarité de la Nation à nos concitoyens du Pas-de-Calais.
Une solution sera proposée à tous les Français sinistrés par les crues. Je m’y engage. pic.twitter.com/efrqLucdR8— Gabriel Attal (@GabrielAttal) January 9, 2024
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Dans les hangars agricoles, le béton saute sous la pression
Quelque 300 agriculteurs du département ont été touchés par les inondations. Un nombre qui pourrait augmenter : « on en découvre tous les jours, avec des agriculteurs situés plus en hauteur et désormais touchés par les remontées de nappes », souligne Lucie Delbarre. Le gel survenu cette semaine aggrave la situation.
« Dans les hangars, le béton saute sous la pression », témoigne-t-elle. « Les éleveurs ovins en pleine période d’agnelage se retrouvent avec des agneaux soumis à l’humidité et au froid », poursuit-elle. Certains maraîchers de Saint-Omer ont tout perdu avec des dégâts estimés entre 60 et 100 000 euros. L’eau peine à s’écouler dans certains élevages, les bêtes ont les pieds dans l’eau.
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Un plan de curage des fossés et cours d'eau attendu de pied ferme
La veille de la venue de Gabriel Attal, à l’appel de la FDSEA du Pas-de-Calais et des Jeunes agriculteurs, des agriculteurs s’étaient retrouvés à Outreau pour procéder à leur propre curage de la Liane. « Les fossés, les cours d’eau ne sont plus entretenus depuis des dizaines d’année, à cause d’un empilement réglementaire et la vase qui s’est accumulée empêche l’eau de se retirer », explique Lucie Delbarre. « On a retiré 6 bennes de vase dans la Liane, mais il en faudrait encore bien plus », poursuit-elle.
Les fossés, les cours d’eau ne sont plus entretenus depuis des dizaines d’année, à cause d’un empilement réglementaire
Soutenus par les élus, les agriculteurs demandent un allègement de la réglementation et un véritable plan de curage accompagné par l’Etat. « Il y’a une remise à niveau à faire en partant de la mer puis un entretien des fossés à organiser », réclame la présidente de la FNSEA. A l’instar de ce qui se fait aux Pays-Bas, les agriculteurs proposent d’accueillir les boues de curage en bordure de parcelles.
« Avant de partir Gabriel Attal nous a glissé que sa première action avait été de signer un décret envoyé en Conseil d’Etat en ce sens. Mais on prend cette annonce avec précaution, le timing pour le curage est très serré, il faut que le curage commence au plus vite », pointe l’élue syndicale. Une commission dirigée par le préfet a également été annoncée pour discuter sur le sujet.
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Une enveloppe rehaussée pour les agriculteurs sinistrés
Après leur manifestation de lundi, les syndicats agricoles du Pas-de-Calais ont obtenu que le fonds d’urgence doté de 10 millions d’euros mis en place fin 2023 pour accompagner les éleveurs des Hauts-de-France soit abondé de 5 millions d’euros pour soutenir également les exploitations spécialisées dans le maraîchage.
Cette aide d’urgence pour les éleveurs et maraîchers sera limitée au plafond de minimis de 20 000 euros (et non 5 000 euros comme annoncé préalablement).
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Il faut faire sauter ce verrou des minimis
Une annonce qui ne satisfait pas pleinement la FDSEA du Pas-de-Calais. « Il faut faire sauter ce verrou des minimis qui risque aussi de gêner des exploitations qui pourraient bénéficier d’aides régionales et devront ensuite les rembourser. On ne veut pas de cette épée de Damoclès. Et ce n’est pas suffisant pour des maraîchers qui n’auront pas de rentrée d’argent avant juin-juillet 2024 », déplore Lucie Delbarre qui a prévenu le nouveau Premier ministre : « S’il n’y a plus de maraîchage dans le bassin de St Omer tout va passer en friches ».
La FDSEA du Pas-de-Calais tient de nouveau une réunion ce jeudi 11 janvier au soir pour définir les suites à donner à son mouvement de contestation entamé lundi. « On veut du concret sinon on repassera à l’action », prévient sa présidente.
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