Betteraves à sucre
Alternatives aux néonicotinoïdes prometteuses et instauration d’un dispositif de compensation de perte de revenus
Après la saison 2023, toute utilisation de produits phytosanitaires composés de néonicotinoïdes sera définitivement interdite en France, notamment pour la filière betteraves sucrières. Le développement d’alternatives progresse, selon le ministère de l'Agriculture.
Après la saison 2023, toute utilisation de produits phytosanitaires composés de néonicotinoïdes sera définitivement interdite en France, notamment pour la filière betteraves sucrières. Le développement d’alternatives progresse, selon le ministère de l'Agriculture.
Le Gouvernement a lancé, en décembre 2020, un plan national de recherche et d’innovation (PNRI) visant à préparer la sortie définitive des néonicotinoïdes à partir de la saison 2024 grâce à l’identification et au déploiement d’alternatives aux semences enrobées pour les planteurs de betterave à sucre. L’Etat consacre à ce programme de recherche 7 M€, qui financent 21 projets et mobilisent de nombreux acteurs.
Un an après le lancement de ce programme, tous les projets sélectionnés ont été lancés et ont progressé, a indiqué ce matin le ministère de l'Agriculture. Les essais au champ nécessaires pour tester en conditions réelles les alternatives ont été lancés dès 2021. Plusieurs solutions émergent pour permettre aux betteraviers de se passer au plus tard en 2024 des néonicotinoïdes face au risque de jaunisse, qui est la principale menace pesant sur les cultures de betteraves : utilisation de cultures auxiliaires qui repoussent les pucerons, mise en place d’infrastructures agro-écologiques à proximité des champs de betteraves, sélection variétale, biocontrôle avec l’utilisation de médiateurs chimiques ou encore recours à des prédateurs naturels des pucerons… Le Gouvernement a décidé de compléter les crédits déjà alloués pour financer de nouveaux projets identifiés comme prometteurs.
Toujours plus d’expérimentations
Des projets sont en cours d’expérimentation dans les 500 hectares de fermes-pilotes prévues par le programme de recherche auxquelles s’ajoutent, dès 2022, 250 hectares de fermes de démonstration gérées par l’interprofession pour tester des solutions en condition réelle au champ. Ces fermes sont réparties dans l’ensemble des zones de production. Les surfaces de fermes de démonstration augmenteront à nouveau d’au moins 250 hectares l’an prochain, afin d’amplifier le transfert des résultats de recherches auprès des agriculteurs.
Au terme de cette première année de travaux, et sur la base des premiers résultats encourageants, l’Inrae estime que le PNRI fournira des solutions efficaces réduisant significativement le risque de jaunisse de betteraves. Si certaines des expérimentations qui sont menées cette année montrent qu’un déploiement à grande échelle d’alternatives est possible, dès 2023, avec un surcoût maîtrisé et sans recourir aux néonicotinoïdes, le Gouvernement accéléra leur déploiement en lien avec la filière, afin de réduire au plus vite l’utilisation des néonicotinoïdes. Les ministres ont par ailleurs décidé d’accélérer en 2022 les travaux sur la faisabilité et l’efficacité de semis avec une moindre densité de semences enrobées, permettant de réduire l’impact des néonicotinoïdes tout en protégeant les cultures betteravières contre le virus avant le déploiement des alternatives.
Instrument de stabilisation des revenus
Dans le même temps, les professionnels se sont engagés, avec le soutien de certaines régions et du Gouvernement, y compris via le PNRI, à l’élaboration d’un dispositif de gestion des risques, appelé « instrument de stabilisation des revenus ». Ce dispositif permettra, en cas de pertes de rendement dues au virus de la jaunisse, et si les alternatives aux néonicotinoïdes n’offrent pas une protection équivalente, de compenser une partie des pertes de revenus des producteurs. Ce dispositif sera d’ores et déjà expérimenté en 2022 avec un groupe pilote, en vue de le généraliser en 2024.
Dérogation pour 2022
Pour l’année 2022, un arrêté permettant de poursuivre l’usage des néonicotinoïdes uniquement pour les semences de betterave sucrières a été publié ce 1er février au Journal Officiel. En l’absence de solution alternative efficace mobilisable à grande échelle dès 2022, cette dérogation est fondée sur des critères scientifiques et a fait l’objet d’un avis favorable du Conseil de surveillance institué par la loi, souligne le ministère de l'Agriculture. Elle est temporaire et strictement encadrée. En particulier, conformément aux avis de l’Anses, l’arrêté encadre strictement les cultures implantées à la suite d’une culture de betteraves traitées aux néonicotinoïdes, afin de préserver les pollinisateurs. Toute autre utilisation de néonicotinoïdes est et restera interdite en France, insiste le ministère alors que les critiques se multiplient en provenance notamment des écologistes. L'Institut technique de la betterave a pour sa part salué la décision.
La dérogation néonicotinoïdes 2022 est acceptée https://t.co/AYgjbgXN44 pic.twitter.com/TakvtpMNiT
— ITB - Institut Technique de la Betterave (@ITBetterave) February 1, 2022
La filière betteravière s’est par ailleurs engagée à accélérer encore en 2022 la mise en place de bandes mellifères à destination des pollinisateurs pour atteindre, dès fin 2022, le chiffre de 4 000 hectares. A l’instar des fermes de démonstration, cette résolution fait partie d’un ensemble d’engagements pris par la filière dans le cadre d’un plan de prévention et qui sont, à ce jour, tous tenus.