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Xavier Beulin : « Arrêtons de gâcher notre potentiel »

De passage en Auvergne, à l’occasion du congrès de l’UDSEA du Puy-de-Dôme, le président de la FNSEA est revenu en détail sur les préoccupations agricoles du moment. Entretien.

© SG

Quel sera le thème du prochain congrès de la FNSEA organisé fin mars à Saint-Étienne ?
Xavier Beulin : Nous allons poursuivre nos travaux sur le thème de l’agriculture en mouvement. L’idée c’est d’abord de faire un point sur l’année syndicale qui a été très riche. Nous sommes face à une situation conjoncturelle qui n’est pas fameuse. En dehors de la viticulture, toutes les productions sont en grande difficulté. Nous avons, par ailleurs, un énorme chantier sur la simplification, les normes et la réglementation. Notre pays doit se remettre dans la norme européenne, que ce soit en termes de directives sur l’environnement ou sur le social. Dans beaucoup de domaines, la France a beaucoup sur-transposé les directives et normes européennes. Il faut en finir avec cette surenchère.

Récemment vous déclariez au « Nouvel économiste », « l’agriculture française est en train de décrocher et c’est aberrant ». Quels sont les signes de ce décrochage, quelles en sont les raisons, comment et peut-on envisager un rebond ?
X.B. : Quand on regarde le poids de l’élevage sur quinze vingt ans, on s’aperçoit qu’il a perdu du terrain un peu partout. Pendant ce temps, d’autres pays continuaient et continuent d’avancer. Le décrochage, il est évident par rapport à nos voisins européens. En porc ou en volailles, nos voisins sont beaucoup plus performants que nous. Ils le sont car chez eux, les coûts de main d’œuvre sont moins importants, les charges sur les salaires aussi, les normes et la réglementation facilitent davantage le développement et l’agrandissement. Au-delà du travail réalisé sur les exploitations, il y a à mon sens, un besoin de restructuration des outils de transformation et de valorisation. Des investissements lourds sont nécessaires notamment dans les filières d’abattage. Sur le volet export, nous devons être plus performants. Quand on enlève les vins et spiritueux, les céréales et un peu de produits laitiers, sur les autres productions, nous ne sommes pas assez présents sur ce marché. Sur la Méditerranée, l’Afrique de l’Ouest, il y a d’énormes marchés à conquérir. On a du potentiel mais ce qui me navre c’est que ce potentiel on le gâche. Nous sommes insuffisamment pugnaces pour aller en capter les fruits.
Sivens est un exemple criant du sabordage de notre potentiel. Au départ, le projet c’est 90 agriculteurs, plutôt installés sur des fermes de 50 hectares en moyenne, qui veulent développer du légume, des semences de maïs, de tournesol et des semences potagères. Il y a un potentiel de valeur ajoutée important à condition qu’il y ait un accès à l’eau. Ce qui s’est passé est un exemple typique de développement raté.

Sur ce dossier de Sivens qu’attendez-vous aujourd’hui de la puissance publique ?
X.B. : Nous voulons le respect de la loi, l’évacuation des zadistes¹ et le début des travaux sans délai. Le Conseil général du Tarn s’est prononcé vendredi en faveur d’un projet redimensionné, qui tient compte des besoins en eau pour l’agriculture, le tourisme et l’étiage des cours d’eau, c’est tant mieux. Mais sur ce dossier, trop de temps a d’ores et déjà été perdu. Il faut agir. Je suis un peu irrité par cette façon de faire désormais en France. Si on veut restaurer la confiance dans ce pays, une République et une démocratie qui fonctionnent, ça commence par faire respecter la décision publique.

Vous sentez-vous soutenu par le ministre de l’agriculture ?
X.B. : Ça a été un peu long à venir mais je crois que maintenant oui. Par tous les contacts que j’ai eu ces jours-ci, il y a une solidarité gouvernementale pour dire maintenant ça suffit.

 

Retrouvez l'interview en vidéo : ici

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