Une récolte très hétérogène mais qui augure un bon millésime
VITICULTURE Exceptionnellement précoces, les vendanges dans le saint-pourçinois se sont achevées sur un
bilan mitigé. Sécheresse généralisée et gel au nord du vignoble ont généré des rendements hétérogènes. Seule
certitude, avec des baies très concentrées, la qualité est au rendez-vous.
Si d’un point de vue climatique, force est de constater que 2020 a eu un parfum de 2019, avec une nouvelle sécheresse particulièrement marquée sur le vignoble saint-pourçinois, au final la récolte, certes en-deçà des résultats escomptés, oscille en moyenne entre 35 et 40 hectolitres par hectare, contre 27 hl/ha en 2019. Cette moyenne, qui reste à affiner, cache de grandes disparités, comme le confirme Jean- Michel Ferrier, président du syndicat des viticulteurs de l’AOC saint pourçain : « On va être très facilement entre 10 et 55 hl/ha, selon les parcelles et les exploitations ». Excepté au nord du vignoble, l’appellation est passée au travers des gelées tardives d’avril. « Les vignes ont souffert d’un déficit hydrique. La sécheresse a induit des phénomènes d’échaudage qui ont impacté le rendement. Nous sommes encore dans une année atypique où les raisins ont mûri très vite. Maturité et acidité sont donc un peu élevées », confirme Fabien Malavaud, technicien du syndicat. Dans ce contexte, certaines grappes ont littéralement grillé sur pied. Les baies globalement restées petites ont toutefois bénéficié d’une concentration très intéressante.
Les trois piliers du nouveau cahier des charges
« On est dans la série des beaux millésimes », estime Sylvain Mignot, oenologue de la cave coopérative. Une analyse partagée par Fabien Malavaud, actuellement en pleine phase d’analyse pour le compte de la cave et des indépendants. Mais jusqu’à quel point la vigne est-elle capable de résister quand les journées à plus de 40° degrés se multiplient sans précipitation significative ? Une question de fond qui préoccupe l’ensemble du monde viticole, d’autant plus que douceur et sécheresse sont vecteurs de maladies, comme l’oïdium ou encore l’esca. Sur une parcelle de la famille Laurent, installée à Saulcet, des plants issus du programme Resdur, cépages résistants ont été mis en place cette année. Les premiers résultats de cet essai qui ne rentre pas dans le cadre du cahier des charges de l’AOC, sont attendus d’ici trois ans. Un cahier des charges qui vient d’être toiletté avec l’aval de l’INAO. Trois évolutions majeures ont été actées : d’abord l’autorisation d’irriguer dans le respect des arrêtés préfectoraux, et à condition d’avoir les équipements requis (goutte à goutte) et évidemment un accès à l’eau. « En l’état actuel, seulement deux exploitations sur les cinquante-huit que compte le vignoble disposent d’un accès à l’eau », relève Fabien Malavaud. Ensuite, dans le cadre de la restructuration exigée par l’Inao, le syndicat a eu gain de cause puisque les règles ont été assouplies pour les viticulteurs qui détenaient des parcelles comportant moins de 4 000 pieds par hectares. « L’Inao a pris en compte la notion d’économie de notre vignoble. Nous allons pouvoir le consolider et redonner du souffle aux exploitations. Nous allons pouvoir conserver des vignes qu’il aurait été très dommageable d’arracher », se félicite Jean-Michel Ferrier. Enfin, la nouvelle mouture du cahier des charges, qui entrera en vigueur l’an prochain, prévoit une augmentation du pourcentage du cépage tressalier dans les vins blancs jusqu’à 60 % contre 40 % actuellement.
Ficelle et Blanc Premier seront aurendez-vous
Résolument en mouvement, l’AOC saint-pourçain l’est aussi du point de vue de la commercialisation. La crise du Covid-19 a rebattu les cartes et ce n’est pas fini… « Les ventes auprès de la grande distribution nous ont permis de limiter la casse au coeur de la crise. La restauration qui a pourtant redémarré, n’a pas renoué avec ses volumes habituels. Il y a quelque chose qui s’est brisé », explique Frédéric Germain, directeur de la cave coopérative. Produit de partage et de convivialité, le vin pâtit en effet de la distance induite par la Covid. Si la période estivale a redonné du baume au coeur aux coopérateurs et aux indépendants avec une fréquentation touristique très supérieure aux années précédentes, les perspectives de fin d’année sont plus qu’incertaines. La fermeture des restaurants dans les grandes villes inquiète. Du côté de la cave, les cuvées de La Ficelle et du Blanc Premier sont en cours d’assemblage. « Les vins se feront. La fête prévue le samedi 5 décembre s’adaptera aux consignes sanitaires du moment », résume Frédéric Germain.
La vendange française estimée à 45 millions d’hectolitres
La vendange française est estimée à 45 millions d’hectolitres (Mhl), contre 42,3 Mhl en 2019, a indiqué le 23 septembre Jérôme Despey, président du conseil spécialisé viticole et cidricole de FranceAgriMer, qui rassemble les professionnels. Ce niveau est «conforme aux prévisions des services du ministère de l’Agriculture, qui situe la vendange à 6 % au-dessus de celle de 2019, qui était l’une des plus faibles». La caractéristique de ce millésime est sa précocité peu courante, notamment en Bourgogne, où la vendange a commencé avec un mois d’avance par rapport aux autres années. Si la vigne a été épargnée par le mildiou cette année, le gel a sévi, mais uniquement dans le Sud-Est, seule région où la production a fléchi.