Election Chambre
Une page se tourne dans le paysage agricole du Puy-de-Dôme
Le candidat de la liste d’union Confédération rurale-Coordination rurale prend les rênes de la Chambre d’agriculture. L’union UDSEA -JA entend tenir son nouveau rôle d’opposition.
Vendredi dernier, Sébastien Gardette, candidat de la liste commune Confédération paysanne-Coordination rurale a emporté la présidence de la Chambre d’agriculture du Puy de Dôme, face à Annie Marret, candidate de la liste UDSEA-JA. Sébastien Gardette a obtenu 24 voix contre 20 voix pour Annie Marret. 45 votants sur 46 élus ont participé à ce vote 2013, placé sous l’autorité du préfet de région et du Puy-de-Dôme, Eric Delzant.
Non cumul des mandats
Agé de 34 ans, Sébastien Gardette est le plus jeune président de Chambre d’agriculture. Il succède à Gérard Renard qui a assuré la présidence départementale sur trois mandats successifs et clôturé près de trente années de responsabilité aux mains de l’UDSEA et des JA.
La Confédération paysanne et la Coordination rurale ont désormais les commandes du développement. « Notre priorité est de travailler sur l’installation, le revenu agricole et d’établir la cohérence entre les productions » indique Sébastien Gardette. La nouvelle équipe veut aussi « créer des synergies entre toutes les formes d’agriculture de ce département », «favoriser la conduite de projets avec les collectivités locales et territoriales», « développer la communication sur le métier d’agriculteur » et « impliquer plus fortement les salariés dans le développement de l’agriculture ».
Promesse de campagne : Sébastien Gardette abandonne la présidence du syndicat Confédération paysanne pour se consacrer à ses nouvelles responsabilités. Ce principe de « non cumul des mandats » revendiqué par l’ex leader de la Confédération paysanne, devrait, à terme, être également appliqué par les vice-présidents Philippe Boyer et Daniel Condat, présidents respectifs de la Coordination rurale du Puy-de-Dôme et de la Coordination rurale Auvergne.
L’opposition jouera son rôle
A l’issue du scrutin à huis clos, Annie Marret s’est déclarée « déçue » par cette élection mais « déterminée à poursuivre l’action ». « L’UDSEA et les JA se retrouvent désormais dans l’opposition. Nous assumerons ce nouveau statut avec détermination et dans l’objectif unique de servir au mieux le développement de l’agriculture de notre département. Le tournant dans lequel se trouve notre métier nous enjoint à être doublement vigilants sur tous les fronts et à tous les niveaux de décisions. Même dans l’opposition départementale, nous poursuivrons le travail entamé avec notre réseau syndical régional et national pour défendre les intérêts de l’agriculture ». A son tour, l’ensemble des élus Chambre UDSEA-JA se dit déterminé à endosser ce rôle d’opposition pour mieux défendre l’agriculture départementale. «La cohabitation entre la Confédération paysanne et la Coordination rurale à la tête de la Chambre d’agriculture aura vite ses limites, les deux syndicats ayant des approches totalement différentes sur certains dossiers sensibles» explique Claude Raynaud. Une réalité que ne dément pas Claude Voisin, nouveau vice-président de la Chambre d’agriculture, qui reconnaît que « parfois, les décisions seront difficiles à trancher » entre les deux représentations syndicales, « notamment sur les questions qui touchent au foncier »...
Editorial Pascal Servier, Secrétaire général de l’UDSEA 63
«De la scission à la trahison»
Si le politiquement correct nous oblige à modérer nos propos, il faut tout de même appeler un chat un chat. Les résultats du vote pour la présidence de la Chambre d'agriculture et l'attitude de certains sur les votes à main levée qui ont suivi, ne laissent aucune ambiguïté. Nous sommes passés de la scission à la trahison.
A chacun d’interpréter les propos et les actes des prochains jours et d’en tirer les conséquences. De mon point de vue, la candidature de Bruno Chaput n’a servi ni une cause commune, ni une vision de politique agricole, mais un intérêt personnel quitte à tromper au passage nombre d’agriculteurs.
Néanmoins, nous avons notre part de responsabilité dans cette situation. Nous avons payé cher d’étaler nos querelles internes sur la place publique. Sachons désormais rebondir.
Aujourd'hui les dégâts sont profonds et nous en mesurerons les conséquences, pas pour les hommes mais pour la politique agricole que nous défendions et pour laquelle nous avions le devoir de continuer.
Désormais dans l’opposition, nous sommes le groupe le plus cohérent des élus de la Chambre d'agriculture. Face à une majorité qui l'est moins, nous devrons continuer à être aussi actifs que nous l’étions aux affaires. L’UDSEA doit se préparer, dès à présent, pour que les équipes futures puissent défendre l'agriculture que nous voulons. L’UDSEA doit retrouver ses valeurs.
En attendant nous devons nos excuses à ceux qui avaient conquis la Chambre de haute lutte il y a 30 ans.