Une journée laitière pour redonner du souffle à la filière
Jeudi 6 avril, la filière laitière lozérienne s'est réunie pour discuter des perspectives de la filière dans le département. Si des questions importantes demeurent, notamment sur le renouvellement des générations, l'optimisme reste de mise.
Réunis sur la ferme de Rémi Bessière, au lieu-dit le Gibertès (commune du Buisson), la filière laitière, via le CIL (comité interprofessionnel laitier) a renoué avec sa journée laitière, qu'elle n'avait plus pu organiser depuis le passage du Covid-19. Réunissant les producteurs et plus largement, tous les acteurs de la filière et des élèves des lycées agricoles du département, elle a permis de faire un point sur le lait en Lozère, et des questions à travailler, avec un objectif affiché : « redonner le goût de la production laitière aux agriculteurs ». Parmi les intervenants venus discuter de la production laitière, se sont retrouvés Sébastien Durand, président du CIL, Benoît Granssagne, président de l'interprofession Cilaisud, Claude Falip, vice-président de la FRPL, Géraud Valadier, président de la coopérative Jeune montagne, Christophe Gachon, chargé de l'animation filières agricoles, DPB à la DDT, Didier Cayroche du Cerfrance et Patricia Loubat, technicienne lait à la chambre d'agriculture.
Premier constat de la journée : la filière laitière souffre dans le département. Depuis 2007, près de la moitié des points de collecte ont été perdus, passant de 596 à 281 en avril 2022 ; quant au nombre de producteurs, il est passé de 523 à 308 sur la même période, soit une baisse constatée de 41 % ; le nombre d'UGB ayant lui baissé de 17 %. Une baisse relative qui s'explique par l'agrandissement des exploitations. Enfin, la production laitière a elle aussi diminué dans le département, passant de 72 millions de litres en 2007 (alors que les producteurs laitiers étaient soumis à des quotas) à 56 millions de litres en 2022 (bien que les quotas aient été abolis depuis). Si lors de la campagne 2021-2022 les résultats économiques des exploitations ont été en hausse, tirés par des prix du lait très haut, après des années de stagnation, ils sont aujourd'hui plombés par la crise et l'inflation galopante qui touche fortement les prix des matières premières.
Rémi Bessière, de la viande... au lait
Rémi Bessière est un jeune installé, depuis le 1er janvier 2023, sur la ferme familiale. Ferme familiale qu'il a fait passer d'une production allaitante Aubrac à une production laitière en Simmental et est entré dès son installation à la coopérative Jeune montagne, suivant ainsi la trajectoire inverse des tendances actuelles. « Un exemple rare et intéressant », a souligné Sébastien Durand, président du CIL. « Quand j'ai annoncé à mon grand-père qu'on allait faire du lait, il m'a regardé bizarrement », s'amuse aujourd'hui le jeune exploitant, sûr, pour sa part, d'avoir fait le bon choix. Et si le grand-père, au début, ne voulait pas s'en approcher, « maintenant qu'il voit que la structure roule, il y est tous les jours ou presque ». La structure imaginée par Rémi Bessière est à taille humaine, avec un cheptel de 50 vaches (moitié allaitantes, moitié laitières pour le moment, avec l'ambition de remplacer progressivement tout le troupeau allaitant). Le projet du jeune agriculteur a été réfléchi avec son jeune frère qui devrait s'installer d'ici 2025-2026 : « déjà petits, on parlait toujours de lait, quand on jouait, et en grandissant, on s'est aperçu qu'une vache allaitante n'est pas rentable ». Et le duo souhaitait aussi être impliqué sur son territoire, « devenir des acteurs économiques à part entière qui développent notre région ». Et quand le projet a pris forme, les valeurs développées par la coopérative Jeune montagne ont plu aux deux jeunes éleveurs, qui ont aussitôt décidé d'adhérer. Et la suite leur a donné raison puisqu'ils ont été acceptés au sein de la coopérative, et livrent du lait depuis janvier 2023. « C'est une production qui convient au territoire, qui permet de valoriser un produit de tradition, et qui dynamise l'économie locale », résume Rémi Bessière de son envie de travailler en production laitière et avec la coopérative Jeune montagne.