Une demie à trois quarts de vendange en moins
Les vendanges se terminent et déjà viticulteurs et vignerons affirment qu'il s'agit de la pire année de l'histoire viticole du département.
Les vendanges se terminent dans le Puy-de-Dôme et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles ne rempliront pas les caves. Quel que soit le territoire, les premiers résultats font état de pertes allant de 50% à 75%. Viticulteurs et vignerons, tous secteurs confondus, ont donc réalisé une demie voire un quart de la récolte habituelle. En cause, le froid printanier, la sécheresse, les épisodes caniculaires et la grêle qui n’ont épargné aucun cep. Cet intraitable enchaînement climatique a des conséquences tant sur la quantité que la qualité des raisins. Plus petits qu’à l’habituel, ils sont aussi plus costauds puisque leurs teneurs en sucre font craindre des degrés d’alcool potentiels de 14 à 15°. « La vinification va être compliquée » promet Camille Buissière de la Fédération Viticole.
Petits mais costauds
A Boudes, David Pélissier déclarait en juillet dans nos pages : « si nous n’avons pas d’eau avant le 31 juillet, je pense qu’on perdra 50% de la récolte ». Son jugement d’alors était bien optimiste puisqu’aujourd’hui, après les vendanges, le vigneron a enregistré une perte d’environ 75% de son rendement. « Une vendange pire que 2017 (des gelées tardives avaient touché tout le vignoble NDLR). » Des petites grappes composées de petits grains, lourds de sucre mais pauvres en jus, voilà ce qu’a récolté le vigneron.
Un peu plus loin, aux Martres-de-Veyre, Marc Pradier a également réalisé environ 25% de sa récolte habituelle. Là aussi, la taille des grappes et la teneur en jus des raisins ont pêché.
À la cave coopérative Desprat-Saint-Verny, Pierre Desprat dresse un bilan malheureusement similaire. « C’est un rendement historiquement catastrophique avec environ 50% en moins. » Et preuve incontestable que le département s’avance vers un climat presque méditerranéen, la réussite du Syrah « seul cépage à être conforme cette année ».
Un millésime hors du commun
Désormais, tous se concentrent sur la vinification plus complexe qu’à l’accoutumé. « Les taux de sucre dans les grains sont importants, il faut être vigilant parce qu’au-delà d’un certain seuil d’alcool, les levures assurant la fermentation peuvent mourir » explique Marc Pradier.
David Pélissier s’inquiète également de ces teneurs et craint « des déviances aromatiques ne correspondant pas aux attentes […] ce sont des millésimes très spéciaux qui ont une année complète de sécheresse derrière eux ».
À la Fédération Viticole, Camille Buissière redoute également ces teneurs puisque le cahier des charges de l’AOC Côtes d’Auvergne l’encadre. « Il autorise jusqu’à 3g de sucre par litre. Historiquement, les Côtes d’Auvergne ne sont pas des vins moelleux c’est pourquoi cette teneur est aussi basse. Les vignerons vont devoir user de tout leur savoir au moment de la vinification pour ne pas dépasser ce seuil, au risque sinon d’être déclassés. »
Avec deux mauvaises années (2017 et 2019) sur trois, les caves sont quasiment à sec. Les vignerons indépendants et la cave vont donc devoir redoubler d’efforts pour honorer leurs clients.
Quant à savoir si 2020 permettra de faire le plein, une chose est certaine « on aura déjà 20% de moins parce que certains dégâts de cette année sont irréversibles » estime David Pélissier.