Environnement
Une collecte de pneus usagés s'organise dans le Brivadois
Un projet de collecte de pneus usagés communément utilisés comme lestage de bâches d'ensilage, se concrétise dans le nord-ouest du département.
Un projet de collecte de pneus usagés communément utilisés comme lestage de bâches d'ensilage, se concrétise dans le nord-ouest du département.
Depuis les années 70, période à laquelle la pratique de l'ensilage de fourrage s'est développée dans les exploitations agricoles, les agriculteurs utilisent les pneus usagés (de véhicules légers, de tracteurs et de poids lourds) pour lester les bâches de leurs silos. En récupérant leurs pneus auprès des garages, les agriculteurs sont devenus à la fois " valorisateurs " et " détenteurs " de stocks de pneus usagés.
Devenir des stocks de pneus usagés
Or, une évolution récente de la législation a changé la perception des pneus usagés. Avec le décret du 18 août 2015, l’utilisation de pneumatiques pour lester les bâches d’ensilage n’est plus considérée comme une " opération de valorisation ". Si les agriculteurs peuvent continuer à utiliser les pneus usagés qu’ils ont en stock, il leur est désormais interdit de se réapprovisionner en nouveaux pneus usagés. Les agriculteurs sont donc invités à opter pour d'autres alternatives. Se pose alors la question du devenir des stocks de pneus sur les exploitations et en particulier sur celles dont les agriculteurs ont arrêté l'ensilage ou ont pris leur retraite ; notons que ces stocks ne sont d'ailleurs pas sans effets indésirables, que ce soit sur l'environnement ou sur les animaux d'élevage (voir encadré).
En Haute-Loire, un collectif d'agriculteurs, créé en 2019, a réfléchi à cette problématique et est à l'initiative d'un projet de collecte en vue d'un recyclage sur les cantons de Brioude, Blesle et Auzon.
Gérard Chantel, agriculteur à Vieille Brioude et membre du collectif nous explique la genèse du projet : "Un incendie de forêt survenu à Vieille-Brioude qui se propagera ensuite à un stock de pneus en bordure de route, a généré une prise de concience chez une agricultrice, Marie-Pierre Cole et une enseignante du lycée de Bonnefont, Marie-Claire Gaudriault. Ces deux personnes ont alors décidé de créer un collectif d'agriculteurs. Quelques mois plus tard, ma fille Aurélie Nicolas, et moi-même avons rejoint le collectif. J'avais, pour ma part, déjà travaillé sur cette problématique au sein de Sodiaal dans le cadre de la démarche de La Route du Lait". À l'image de la collecte des plastiques agricoles, qui avait été au préalable initiée et portée par la commission féminine du GVA de Brioude, là encore, cette initiative se conjugue au féminin, tient à souligner Gérard Chantel.
Accompagné par la Chambre d'agriculture et le lycée agricole de Brioude-Bonnefont, le collectif a d'abord conduit une enquête auprès des agriculteurs du secteur du Val d'Allier. Sur les 296 exploitations d’élevage identifiées, 51 ont participé à l’enquête dont 40 d'entre elles possèdent un stock de pneus usagés dont le volume total atteint 450 tonnes.
Une collecte amenée à s'étendre sur l'ensemble du département
Une fois le volume à collecter identifié, le collectif et ses partenaires se sont penchés sur la question du recyclage, et sur le coût de l'opération pour les agriculteurs... "Nous nous sommes rapprochés de la structure nationale Ensivalor dont la mission est de coordonner les collectes. De notre côté, nous avons convenu que pour un agriculteur, le coût de la collecte ne doit pas excéder 50 à 80€/tonne de pneus" explique Gérard Chantel qui prévoit des variations du coût selon les financements obtenues, les quantités apportées le jour de la collecte et la propreté des pneus.
Si à ce jour le collectif a sollicité l'appui des communautés de communes du Brivadois et Auzon Communauté, du Sictom
d'Issoire Brioude, il est encore en attente d'une réponse de la part du Conseil départemental et de la Région Auvergne Rhône-Alpes. Le collectif a par ailleurs fait appel à du mécénat et à des dons. "Et si cette collecte donne satisfaction sur le Brivadois, elle sera étendue à l'ensemble du département" indique l'agriculteur.