Chambres consulaires
Une assemblée générale sur fond de polémique
L’assemblée générale de la CMA s’est tenue vendredi à Saint-Flour sur fond de polémique concernant les crédits régionaux destinés à la formation.
Après une matinée réservée à la visite d’entreprises sanfloraines, Christian Vabret rappelait lors de l’assemblée générale de la compagnie consulaire qu’il préside, “la préoccupation quotidienne de la Chambre des métiers à rendre un service de proximité adapté aux entreprises artisanales avec une réforme de notre réseau qui va dans ce sens. Une organisation régionale du réseau des métiers en Auvergne, aujourd’hui opérationnelle”. Mais, pour le président, loin d’être tendre avec la Chambre de commerce et d’industrie sur la question de la formation (lire par ailleurs), “le gros sujet, c’est l’apprentissage. Quatre-vingts pourcents des jeunes issus de l’apprentissage par la Chambre des métiers trouvent un emploi. Le Président de la République veut un million d’apprentis et ça va dans notre sens. Mais contrairement au reste de l’Auvergne, nous avons des soucis de recrutement dans le Cantal où il n’y a pas beaucoup de jeunes. Il y a aussi la crise économique et moins d’entreprises engagées”.
Dix pourcents des artisans maîtres d’apprentissage
Il faut en effet savoir que “seulement 10 % d’artisans forment les jeunes par apprentissage ; que le Centre de formation des apprentis (CFA) de Massiac est également tiraillé car, malgré son audience régionale, d’autres départements ont tendance à “garder” leurs jeunes”. D’où le souhait de la Chambre des métiers d’être plus présente dans les CFA avec un “Guide de l’apprenti” qui sera remis à l’entrée en CFA. Une opération qui se doublera le 27 octobre au Centre des congrès d’Aurillac d’une cérémonie vraisemblablement en présence du ministre de l’Artisanat : “Nous voulons réunir les CFA d’Aurillac et de Massiac avec remise des diplômes de fin de formation et du “Passeport métiers 15”, une initiative purement cantalienne. Ce document sera une sorte de CV récapitulant les formations et les emplois occupés par les jeunes et dans lequel les partenaires auront la possibilité de faire figurer leurs offres promotionnelles pour la promotion ou la reprise d’entreprises. Il a pour objectif de faire revenir nos jeunes au pays. Car, si nous sommes de bons formateurs, nous perdons ce capital humain. Ce passeport est donc une invitation au retour. C’est aussi de l’aide pour ce retour avec une convention passée entre les différents partenaires de la Chambre de métiers.” Enfin, le président Vabret confiait au préfet Bayle son inquiétude quant au statut d’auto-entrepreneur en termes de concurrence au statut d’artisan et se prononçait pour “une révision concrète et réaliste de cette disposition”.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
Droits de reproduction et de diffusion réservés.
Petite musique de Chambres
“Le Conseil de la formation(1) n’est plus en mesure depuis janvier 2011 d’assurer les financements en formation des artisans et ce, pour toute l’année…” La caisse est à sec et, selon le président Vabret, la faute en revient à “l’agressivité de la Chambre de commerce qui a mis quatre commerciaux sur le terrain, à la recherche d’artisans pour les former et rentabiliser le centre de formation de la CCI”.
Les trois autres “départements”, privés de ce fonds consacré aux formations, “sont furieux. En plus, ça a déstabilisé des entreprises qui s’adressent à nous pour financer leur formation”.
Et rien n’empêche, pour lui, que cela se reproduise en 2012 : “Nous attendons que la Chambre de commerce s’occupe de ses commerçants et non des artisans et une vraie régulation de ces fonds. Ce n’est pas seulement du commerce que nous défendons mais du savoir-faire en tant qu’artisan.”
Bernard Bouniol, questionné par nos soins sur une attitude prétendument “dispendieuse”, n’a pas caché son incompréhension et sa mauvaise humeur : “Je suis en colère contre cette attaque publique. Oui, nous avons fait des demandes de formation… Or, c’était de la responsabilité de la Chambre des métiers, gestionnaire de ce fonds, de refuser si l’argent manquait... Pour moi, c’est elle qui a mal géré le fonds… Je n’ai pas fait un hold up ! J’ajoute que les deux tiers des entreprises de l’artisanat sont inscrites à la CCI. Nous sommes donc parfaitement fondés à proposer ces formations à des artisans qui sont nos ressortissants. Quant à notre centre de formation, il est payé et géré par des fonds propres CCI.”
Bernard Bouniol a fait appel à un arbitrage de l’État, tout comme Christian Vabret. Quant au préfet du Cantal, il s’est prononcé pour le dialogue et la régulation : “Dans le cas contraire, l’État jouera son rôle…”
(1) Géré par la Chambre régionale des métiers.