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Installer une cuisine à la ferme, un investissement à réfléchir

Alexandre Mirman, éleveur de brebis laitières au Massegros, en a installé une en 2016. Presque dix ans plus tard, le bilan est doux-amer.

Alexandre Mirman dans sa bergerie
Alexandre Mirman dans sa bergerie
© Marion Ghibaudo

Après huit campagnes avec sa cuisine, Alexandre Mirman s’en est séparé au début de l’été. Une décision mûrement réfléchie, tout comme l’investissement qu’il avait fait à l’époque.
« L’idée, quand j’ai installé une cuisine, était d’automatiser la distribution pour gagner du temps », explique Alexandre Mirman, qui s’occupe seul de 500 Lacaunes. Si l’EARL de Longuevue était auparavant un Gaec familial, puisque Alexandre Mirman travaillait avec ses parents, André et Maryse, il a désormais repris les rênes de l’exploitation, transmise depuis quatre générations au lieu-dit les Monziols (commune du Massegros-causses-gorges). « Au final, comme les cuisines n’existaient pas en brebis à l’époque, j’ai dû bricoler et adapter une machine prévue pour les bovins ». Machine qui s’est donc rapidement révélée trop petite pour la distribution du troupeau, et « qui se mettait souvent en carafe ».
Si l’idée d’une cuisine était donc séduisante sur le papier, dans les faits, elle s’est révélée gourmande en réglages et en pannes. « J’étais constamment en train de surveiller, au final, ça ne me faisait pas gagner de temps », note l’éleveur, qui cependant considère que la cuisine peut rester un bon investissement, lorsqu’elle est adaptée à l’exploitation qui l’achète.
 

Une cuisine pour l’alimentation animale

L’automatisation de l’alimentation des élevages de ruminants permet de faciliter et de limiter le travail d’astreinte journalier. 
Ces équipements sont coûteux en investissement par rapport aux solutions plus répandues, mais permettent de réduire le temps et la pénibilité de travail, de mieux adapter la ration à des lots spécifiques, et d’augmenter la fréquence des apports. L’installation de ces équipements a cependant des incidences sur les bâtiments en termes de conception, de dimensionnement et d’implantation, d’organisation des circuits, de surveillance. 
La « cuisine » est le terme générique employé pour désigner les stockages intermédiaires. Sa dimension dépend de la taille du troupeau, des rations distribuées et de la périodicité de réapprovisionnement des fourrages grossiers.
« La cuisine que j’avais installée comprenait deux stockages et une mélangeuse », détaille Alexandre Mirman, et un convoyeur alimentant les quatre tapis d’alimentation. « Le problème, c’est que l’ancien système avait trop de capteurs. De plus, comme le système était trop petit, je devais faire trois mélanges par jour ». Enfin, dernière critique sur la machine choisie par Alexandre Mirman : « l’enrubannage ne passait pas parce que tout s’enroulait dans la machine. L’ensilage, pour sa part, n’avait aucun mal à passer correctement ».
La cuisine est l’un des éléments importants dans la chaîne de l’automatisation de l’alimentation. C’est un investissement qui vient s’ajouter à celui de l’automate de distribution. Son implantation et sa conception (dimensionnement, matériaux…) doivent être bien réfléchies pour optimiser les déplacements tout en limitant l’impact sur le logement des animaux, en particulier leur ventilation. Ce bâtiment devra donc être placé non loin des silos et hangars fourrage et à proximité des bâtiments d’élevage concernés par l’automatisation. Elle devra également être accessible par les camions de livraison de concentrés et de minéraux. Pour un vrai gain de temps pour l’éleveur, il faudrait privilégier un positionnement de la cuisine près des silos et des stockages de paille et de foin.
 

Un autre choix d’automatisation

Pour sa part, Alexandre Mirman a décicé, au printemps 2024, de se séparer de sa cuisine pour installer une mélangeuse. « En vingt minutes de travail, aujourd’hui, j’ai donné les rations à toutes les brebis, et j’ai besoin de ne faire qu’un mélange », note l’éleveur, qui se dit convaincu d’avoir fait le bon choix avec cette machine qui a été conçue, dès le départ, pour les ovins. Pas besoin de bricolage pour tenter de l’adapter à sa propre filière, donc. « Le système est très intuitif, même mon père l’utilise sans problème, s’amuse Alexandre Mirman, alors qu’il ne s’approchait pas de la cuisine ». « Ça va vite, c’est simple, c’est exactement ce que j’avais en tête. Quand ça donne, c’est régulier, et pour régler les rations, tout se fait au même tableau ».
Cette mélangeuse attire la curiosité. « J’ai de nombreuses visites d’autres exploitants intéressés par ce modèle, qui a été conçu en Aveyron ».

 

L’accompagnement de la chambre d’agriculture, un soutien essentiel


L’automatisation de l’alimentation en élevage ruminants arrive mais ne peut s’appliquer à toutes les situations et systèmes d’élevage. Sa rentabilité est liée à un temps de présence important en bâtiment, donc peu adaptée à des élevages privilégiant le pâturage. La robotisation fait gagner du temps et de la pénibilité de travail et apporte de la souplesse dans l’organisation. Mais comme tous les projets, il faut vérifier la faisabilité technique de mise en œuvre sur des bâtiments existants ou en construction neuve et économique.

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