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Un programme de travail en 4 axes pour la Section régionale laitière

Yannick Fialip président de la Section régionale laitière de la FRSEA trace les grandes lignes de l’ambitieux chantier dans lequel s’est engagé le syndicalisme. Mesures d'urgence, volumes et aides, valorisation et identification du lait de la région, et contractualisation sont les 4 axes sur lesquels la filière laitière toute entière se penche. Denis Ramspacher responsable alsacien et vice-président de la FNPL témoigne : "la grève du lait de mai 2008 a conduit à la division des producteurs allemands".

Suite aux actions menées ce printemps, par les producteurs laitiers à l’appel de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) et de la FNPL (Fédération nationale des producteurs laitiers) ponctuées par d’âpres négociations au sein de l’interprofession pour aboutir à un accord à 280 €/1000 litres, la Fédération régionale laitière n’a pas cessé de travailler pour trouver des remèdes à cette crise laitière.
Yannick Fialip président nous explique les axes de travail sur lesquels la section régionale se penche. «Au sein de la Fédération régionale, nous avons mis en place des groupes de travail avec la filière sous la responsabilité du Préfet de Région, pour réfléchir et faire des propositions sur 4 axes. Ces groupes ont déjà planché en août et poursuivent leur mission sur les mois à venir».
Un groupe s’intéresse au court terme avec les mesures d’urgence du Plan laitier Barnier : les aides FAC (fonds d’allégement des charges), la prise en charge des cotisations MSA… Il va aussi s’attacher à définir un prix du lait pour l’année 2009. Yannick précise : «Début septembre, un CRIEL (Comité interprofessionnel) va se réunir avec pour objectif du côté des producteurs de faire respecter l’accord à 280 €». Notons que cette réunion est convoquée par le Préfet de région ; ce sera donc lui l’arbitre.
Un deuxième groupe de travail va s’intéresser aux volumes et aux aides. Les producteurs demandent 5 % en plus de prêts de fin de campagne, ceci afin de ne pas couper leur élan aux exploitations les plus dynamiques. Ils souhaitent également le maintien des mesures petits producteurs. Le syndicalisme demande aussi une avance des 20 €/1000 litres dans le cadre du bilan de santé de la PAC. «Nous demandons que cette aide prévue en 2010, soit avancée en 2009 pour les régions de montagne» précise Yannick Fialip qui ajoute «cette demande va être déposée au Ministère cette semaine.» Enfin, les producteurs font appel au Conseil régional pour une aide en faveur des producteurs de lait.
Le troisième axe de travail porte sur la valorisation et l’identification du lait de notre région. Yannick explique : «Des réunions sont prévues dès cet automne, pour réfléchir sur une AOC «lait de montagne», sur le lait bio… ou toute autre idée pour démarquer notre produit». Par ailleurs, les producteurs vont aussi travailler sur l’analyse des charges sur la production et sur la transformation pour la zone Massif Central, et proposer des pistes pour réduire ces charges.
Enfin le dernier volet concerne la contractualisation avec une étude de sa mise en place. «L’objectif étant, pour Yannick Fialip, de fédérer les producteurs d’un territoire face aux entreprises, et ce pour éviter leur intégration».

Le Ministre attendu au Sommet

Le chantier est aussi ardu qu’ambitieux pour la section régionale laitière. Les groupes de travail ont déjà commencé à réfléchir et à faire des propositions. Des réponses concrètes sont d’ores et déjà attendues de la part du Ministre de l’Agriculture qui devrait se rendre en Auvergne au Sommet de l’Élevage début octobre à Cournon…
Quant au contexte actuel laitier, Yannick Fialip reste très prudent : «On note un  léger redressement des cours du beurre/poudre sur le marché international et si les cours sur les produits de grande consommation se maintiennent, on peut espérer un prix 2010 meilleur que 2009 pour les producteurs. Il nous reste un cap très difficile à passer… Et dans ce contexte, c’est la solidarité entre producteurs qui doit primer. Les solutions extrêmes, comme la grève du lait, ne vont pas permettre de résoudre le problème de la filière, mais ils vont accroître la concurrence entre producteurs et provoquer des pertes financières très importantes qu’il sera ensuite très difficile de combler même avec un meilleur prix du lait…».

La grève de mai 2008 a conduit à la division des producteurs allemands

Denis Ramspacher est producteur de lait en Alsace. Il préside la FDSEA du Bas-Rhin et est vice-président de la FNPL. Proche de l’Allemagne, il nous fait part des enseignements à tirer de la grève du lait organisée par des producteurs allemands en mai 2008.

Quel regard avez-vous porté sur la grève du lait en Allemagne en mai 2008 ?
Lorsque cette grève du lait a été lancée au printemps 2008, le prix du lait était supérieur à celui d’aujourd’hui. Les organisateurs ont essayé d’inciter les producteurs alsaciens et ceux de l’Est de la France à y participer. Leur objectif était de vider les rayons. Ils n’y sont pas parvenus… Par contre, ils ont su développer une très forte communication autour de l’événement, ce qui leur a permis de rallier les médias et une partie de l’opinion allemande. Ils ont été très forts sur cet aspect de communication mais, au final, c’est Gerd Sonnleitner, le président du syndicat majoritaire, le DBV, l’équivalent de notre FNSEA, qui a négocié un minimum pour sortir de cette crise.

Des adhérents du DBV ont-ils participé à cette grève ?
Oui, des adhérents du DBV ont participé à cette grève du lait par solidarité. Ce qui a posé pas mal de problème dans les villages et même au sein des familles. Certains étaient partisans de jeter du lait sur une longue durée, d’autres estimaient que c’était un véritable gâchis. Sans parler du problème des entreprises : cette grève pouvait fragiliser certaines d’entre elles, d’autres moins, selon les produits fabriqués. Cela a créé un certain fanatisme, posant pas mal de problèmes de relation entre les producteurs eux-mêmes et entre les producteurs et les entreprises. Nous avons assisté à une division des producteurs laitiers allemands que je ne voudrais pas vivre ni dans ma région, ni en France. En période de crise, il faut l’unité de l’ensemble des producteurs et surtout ne pas tomber dans la démagogie.

Cette grève du lait a-t-elle maintenant des chances de réussir ?
L’organisation qui avait initié la grève en Allemagne en mai 2008, le BDM, avait convié d’autres pays à y participer. Une partie de l’Autriche était présente… Aujourd’hui, quand on fait le tour de l’Europe, on observe que beaucoup de producteurs allemands, hollandais, autrichiens ne sont nullement décidés à repartir pour une nouvelle grève.
En Allemagne, certains producteurs souhaitent continuer l’action pour sauvegarder les quotas laitiers. Nous aussi, au niveau de la FNPL, nous aimerions bien les conserver. Mais n’oublions pas que les 27 États membres, à l’unanimité ont acté la fin des quotas pour 2015 une première fois en 2004 et l’ont confirmé lors du bilan de santé de la PAC en 2008. La position est donc sans équivoque. D’autre part, regardons la position, non seulement des gouvernements, mais aussi celle des producteurs de lait de certains pays comme l’Allemagne ou la Hollande : ils ne veulent plus des quotas laitiers. On parle de 400 euros les 1 000 litres : c’est du rêve. On n’a pas le droit de faire rêver les producteurs avec des objectifs impossibles à atteindre. À la FNPL, nous l’avons toujours dit, un système de maîtrise de la production doit aller de pair avec un soutien des prix. Nous nous battrons pour maintenir et améliorer la performance des outils restant tels que l’intervention. Mais on ne peut pas leurrer les producteurs, l’Europe ne reviendra pas sur sa logique, ni sur la fin des quotas. Bien entendu, nous restons très attentifs aux positions de la Commission de Bruxelles mais, aujourd’hui, aucun signe nous autorise à croire à un maintien des quotas au- delà de 2015. C’est pourquoi, nous devons nous prendre en main. Nous avons un immense chantier à construire pour organiser la production et la filière laitière. Personne le fera à notre place. Une grève du lait, comme celle qui semble vouloir être organisée, n’aboutira pas à grand chose, mis à part à faire perdre encore plus d’argent aux producteurs.
Propos recueillis par H. Garnier

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