Un prix du lait à moins de 400 euros la tonne chez Lactalis début 2024 ?
Eleveur laitier dans la Loire, Stéphane Joandel préside la section régionale laitière de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. Dans un édito, paru dans les journaux agricoles, il dénonce la politique tarifaire du géant laitier Lactalis qui envisagerait de payer le lait aux producteurs moins de 400 euros les 1 000 litres début 2024.
Eleveur laitier dans la Loire, Stéphane Joandel préside la section régionale laitière de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. Dans un édito, paru dans les journaux agricoles, il dénonce la politique tarifaire du géant laitier Lactalis qui envisagerait de payer le lait aux producteurs moins de 400 euros les 1 000 litres début 2024.
"Décidément, les habitudes ont la vie dure. Chez certains industriels du lait en particulier, qui n’ont toujours pas compris que le temps où ils pouvaient en toute impunité donner ce qui reste du prix aux producteurs est révolue. La loi Egalim a rebattu les cartes d’un système foncièrement inéquitable, qui faisait des éleveurs la seule variable de justement. Combien de vocations brisées faute de rentabilité économique, combien de projets qui n’ont pas vu le jour, combien d’arrêts d’activité…La production laitière est à un carrefour, et que chacun ne se trompe pas de chemin. Nous sommes encore souverains en lait en France, mais pour combien de temps ?
Les miettes, c’est pour les oiseaux…
Dans le nouveau monde, Messieurs les industriels, le prix se construit en marche avant en respectant les coûts de production du premier maillon de la chaîne : celui des éleveurs. Dans ce contexte, comment analysez, le bruit qui monte, selon lequel Lactalis envisagerait de payer le lait en dessous de 400 euros la tonne début 2024, si ce n’est comme un ultime affront à celles et ceux qui font le lait, qui font tourner les usines du géant arborant fièrement la marque présidentielle. En ne réclamant pas à la grande distribution des hausses du coût matière à hauteur de la réalité, Lactalis hypothèque dangereusement l’avenir de la production laitière française, qui a déjà perdu 2,5% de ces volumes en 2023. D’autres acteurs du secteur, comme Sodiaal ont fait passer des hausses, il n’y a donc pas de fatalité. En s’enferrant dans cette politique, Lactalis ne pourra pas s’approvisionner longtemps auprès des producteurs français car ils auront disparu.
Mais est-ce là peut-être une stratégie de délocalisation massive ?
La section régionale laitière de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes a travaillé sans relâche à la déclinaison de la loi Egalim pour l’ensemble de la filière. Pas question de s’arrêter au milieu du gué. Dans les prochains jours, nous reprendrons le chemin des GMS, pour exfiltrer des rayons les emblèmes du groupe. Un groupe qui, excusez du peu, est entré en 2022 dans le Top 10 mondial de l'agroalimentaire, avec un chiffre d’affaires de 28,3 milliards d'euros, mais qui n’est pas capable de payer ses producteurs au juste prix. En ne prenant pas soin de ses racines, il y a fort à parier qu’un de ces jours, le Géant aussi imposant soit-il, vacille. Et il sera trop tard, pour communiquer sur la France éternelle, ses vertes prairies, et ses éleveurs soucieux du bien-être de leurs animaux, de la qualité de leurs produits !"