Un Gaec au féminin avec Pauline et Eliane
Pauline Brugeyroux s’est installée sur un Gaec en production laitière en avril 2018 avec Eliane à Couteuges. Bientôt, elles produiront du lait bio et réaliseront elles-mêmes l’insémination de leur vaches. Rencontre.
À 21 ans, Pauline Brugeyroux vient de s’associer à Eliane Besson, 57 ans, au sein du Gaec Befira à Bannat, commune de Couteuges. Très complices et sur la même longueur d’onde sur le plan professionnel, toutes deux sont fières de constituer un Gaec au féminin !
Pauline est une fille d’agriculteurs (installés en Gaec à Aubazat) qui a attrapé la passion de l’élevage dès sa plus tendre enfance. “Elle se souvient : “J’ai toujours dit qu’en étant grande, je voulais faire le même métier que mon père” ; un père qu’elle suivait à la trace sur son exploitation...
Une fois son bac professionnel “Production Animale” en poche, la jeune femme travaille en intérim dans l’agro-alimentaire sans jamais perdre de vue son objectif : s’installer. Ne pouvant pas rejoindre le Gaec familial (à cause d’un manque de foncier notamment), Pauline s’est mise à rechercher une ferme à proximité. Et c’est finalement par l’intermédiaire d’un technicien d’une coopérative agricole qu’elle apprend qu’un Gaec laitier était sur le point de perdre l’un de ses associés (parti en retraite) à Couteuges. “Au départ, je pensais reprendre cette exploitation en individuel, mais les études du dispositif à l’installation ont révélé que c’était bien trop coûteux ! Et puis Eliane, l’épouse dont le mari partait en retraite, a souhaité continuer son métier. La solution était donc de m’installer sur le Gaec au côté d’Eliane.” explique Pauline.
Coup de jeune !
Avec l’arrivée de Pauline, le Gaec a pris un certain coup de jeune et ce n’est pas pour déplaire à Eliane qui la suit sans sourciller dans ses projets ! Depuis mai 2018, le Gaec s’est engagé dans une phase de conversion à l’agriculture biologique. Un système de production auquel est attachée Pauline qui tient “à travailler avec la matière première dont on dispose et à rentabiliser le coût de la ration par rapport au prix du lait”. Férue de génétique, la jeune agricultrice souhaite inséminer elle-même ses vaches. Pour ce faire, elle est actuellement en apprentissage auprès d’un inséminateur.
Sur le Gaec Befira, chacune a ses propres tâches, chacune se libère un week-end sur deux et prend quelques jours de vacances au besoin. Son installation en société convient parfaitement à Pauline qui tient à se libérer un peu de temps pour ses loisirs. Pauline est engagée dans le réseau associatif local (Association SIMCA de Langeac, JA de Paulhaguet) et depuis cette année, elle chasse...
Un sport qu’elle connaissait par l’intermédiaire de quelques collègues mais qu’elle n’avait jamais pratiqué. C’est Alain Besson, l’associé qu’elle remplace, qui l’a initiée...
Cette activité qu’elle pratique notamment l’hiver, lui permet de passer un moment convivial “avec les copains” mais c’est aussi un moyen d’agir dans un domaine délicat pour l’agriculture. “Nous les paysans, nous sommes les premiers à râler contre les dégâts et les chasseurs, aussi on devrait être les premiers à prendre notre permis !” lance-t-elle avec un sourire taquin.
Gaec entre tiers
Pauline et Eliane sont satisfaites de leur Gaec entre tiers, une forme d’exploitation qui est selon elles, est plus favorable à la communication qu’un Gaec familial : “On est deux à discuter et à décider tandis qu’en famille ce n’est pas toujours le cas !”. “J’apprécie également beaucoup de travailler en société car je suis épaulée dans mon travail au quotidien. Car à 21 ans, on ne connaît pas tout !” dit elle avec réalisme.
Pauline regarde l’avenir avec confiance mais elle sait que dans 5 ans, elle devra pallier au départ en retraite d’Eliane. “Je serai alors face à un choix, soit trouver un nouvel associé, soit changer mon système de production. Mais on compte s’en préoccuper au moins 2 ans avant son départ”.
Toute deux sont fières de représenter un type d’exploitations somme toute assez rare dans nos contrées, un gaec “féminin”. Alors même si elles avouent être un peu “des garçons manqués”, avis à la gente masculine : “on fait voir aux garçons que l’on y arrive très bien. Et bien sûr que les femmes sont capables d’assurer tous les aspects du métier d’éleveur, à part peut-être la mécanique pour ma part !” indique Pauline.