Un demi-siècle d'avancées pour préserver les espaces montagnards
La loi n° 72-12 du 3 janvier 1972 appelé aussi « loi pastorale » vient de fêter son 50e anniversaire.
Cinquante ans après la promulgation de la loi pastorale du 3 janvier 1972, le pastoralisme bénéficie d'outils juridiques forts qui, au fil des années, ont amené une nouvelle gestion des espaces montagnards.
Le contexte historique
« La loi de 1972 est un socle visionnaire, estime Laurent Garde, directeur adjoint du centre d'études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée (Cerpam). Son application est contemporaine à l'apparition des parcs régionaux et vient prendre le contre-pied d'un contexte historique où la production intensive post-guerre ne trouvait pas sa place dans les zones de montagne où cette logique était perçue comme un non-sens. Nous sortions tout juste des Trente Glorieuses et d'une forte régression de l'activité pastorale », présente-t-il. À cette époque, la modernisation de l'agriculture semble être totalement inapplicable en montagne ou dans d'autres espaces pastoraux sensibles : impossibilité d'agrandir les parcelles et les tailles des troupeaux, d'appliquer de nouvelles techniques d'intensification ou de mécanisation dans des milieux fragiles et peu accessibles... Conséquences : de nombreux exploitants quittent la montagne au profit de la plaine à la recherche de meilleurs rendements et d'un travail moins contraignant. « Le pastoralisme est peu à peu déconsidéré, perçu comme passéiste, peu rentable, et ses spécificités ne sont pas prises en compte. On privilégie alors en montagne d'autres secteurs comme le tourisme et le développement des stations de ski... », explique Quentin Charbonnier, auteur de l'ouvrage « 1972 : la loi pastorale française, résultat d'un travail de recherches » pour le compte de l'Association française du pastoralisme (AFP) très impliquée sur le sujet. Dans les années 1960, le pastoralisme avait donc toutes les chances de disparaître mais grâce à l'investissement de quelques « forestiers sociologues », appelés ainsi à l'époque, et à la création de la Fédération française d'économie montagnarde (FFEM) qui mène ces années-là une véritable « propagande pastorale » auprès du ministère de l'Agriculture, les trois outils clé de la future loi pastorale commencent à émerger. Il faudra malgré tout attendre une bonne dizaine d'années avant que l'État français décentralise ses politiques en matière de pastoralisme.