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Un accompagnement économique et humain pour les éleveurs impactés

L'épizootie continue de sévir avec toujours autant d'intensité en Haute-Loire. Pour soutenir les éleveurs impactés, 
la profession agricole a organisé, le 6 septembre, une conférence de presse chez Jérôme Ambert à St Jean de Nay.

La conférence de presse s'est déroulée à Saint-Jean de Nay, dans l'élevage de Jérôme Ambert.
La conférence de presse s'est déroulée à Saint-Jean de Nay, dans l'élevage de Jérôme Ambert.
© © HLP

À St Jean de Nay, quelques minutes avant la conférence de presse qui se tient sur sa ferme, Jerôme Ambert, éleveur de 300 brebis, soigne comme il le peut une brebis malade devant sa bergerie. Depuis la mi-août, le tableau est le même sur cette exploitation : les animaux frappés par le virus FCO-8 sont amaigris, leur tête est enfle, le nez coulant et le museau enflammé. Ils ne mangent plus à cause des aphtes buccaux et leur fièvre peut monter jusqu'à 42°C. Et une fois dans cet état-là, leur chance de survie est malheureusement très faible malgré les soins apportés par l'éleveur. Un nouveau coup dur pour Jérôme dont le troupeau avait été attaqué par le loup il y a deux ans... Une situation bien difficile à gérer pour celui qui découvre tous les matins de nouvelles brebis mortes. D'autres éleveurs sont venus ce jour-là témoigner de leur malheureuse expérience avec ce virus, qui semble-t-il aurait muté pour devenir plus agressif.
 

80% des cheptels ovins touchés


La FCO-8 gagnant du terrain en Haute-Loire, avec 80% des cheptels ovins touchés par cette épizootie (au 6 septembre), la profession agricole (la FDSEA, les JA et la Chambre d'agriculture) a rassemblé éleveurs du secteur de St Jean de Nay, représentants des deux OP ovines (APIV Auvergne et Copagno), de la MSA Auvergne et la presse locale le 6 septembre dernier, pour évoquer cette problématique sanitaire qui ne semble pas encore montrer de signes de faiblesse.
"J'ai perdu 26 brebis sur 300, ce qui fait un taux de mortalité de 10%. Et ça va très vite, hier j'ai retrouvé 8 brebis mortes le matin... Cette année, j'ai décidé de sortir un lot d'agnelles pleines" une décision qu'il regrette car elles ont été exposées aux moucherons piqueurs... Et désormais c'est l'incertitude qui s'installe quant aux agnelages futurs du cheptel. Sur quelle fertilité pourra-t-il compter, alors qu'il obtient habituellement des taux de 80% ? Jérôme redoute à présent l'apparition de malformations voire même d'avortements ; des pertes économiques en perspectives pour cette exploitation. Dans ce contexte et pour tenter de limiter l'impact du virus, l'éleveur a décidé de rentrer ses animaux en bâtiment.
 

Dans l'épicentre de la FCO-8


À St Privat d'Allier, pour Stéphane Roche, associé du Gaec de la Clairière, c'est le même constat "Nous avons 540 mères et nous avons perdu 72 animaux. Il nous reste encore une vingtaine de malades " explique-t-il avec inquiétude. Il y a une semaine, il a procédé à la vaccination de tout le troupeau et il a rentré en bergerie un lot de brebis qui ont agnelé. "Suite à la vaccination (en mono dose obtenue via son OP), j'ai perçu une amélioration sensible dans l'apparition des symptômes et les pertes d'animaux. La vaccination est la seule parade dont on dispose. Mon élevage, c'est ma vie, et l'objectif c'est d'en sauver un maximum".
Pour aider les éleveurs ovins comme bovins touchés à passer au mieux cet épisode de crise sanitaire (même si les conséquences sont moins désastreuses sur cheptels bovins), la profession agricole est mobilisée depuis mi-août. "Nous avons peu de recul sur cette épizootie. La FCO-8 est présente en France depuis 5 ans et la Haute-Loire n'avait été que très peu impactée. Cette fois-ci, elle touche notre territoire et les taux de perte vont de 5% à 40% selon les élevages. Nous sommes dans l'épicentre de la FCO-8 " indique le président de la Chambre d'agriculture Yannick Fialip. "Et à présent, il faut trouver des solutions pour accompagner les éleveurs !" ajoute Nicolas Merle, président de la FDSEA. 
La profession s'est tournée vers l'État et le Fonds national agricole de mutualisation sanitaire et environnemental (FMSE) afin de compenser les pertes subies dans les cheptels.
Alors que les traitements à base d'antibiotique et d'anti-inflammatoire ne semblent pas montrer une efficacité redoutable, la profession se tourne vers la vaccination. "Pour le sérotype 3 (virus qui vient du Nord), la vaccination est totalement prise en charge par l'État. La vaccination (mono dose ou double dose) contre le sérotype 8 est en revanche à la charge des éleveurs. Les vaccins contre la FCO-3 et FCO-8 ont été commandés par l'État et nous demandons une prise en charge pour le vaccin FCO-8" indique Yannick Fialip. La FCO étant une maladie à cycles, Anthony Fayolle, secrétaire général de la FDSEA, invite les éleveurs ovins et bovins "à réfléchir à un programme vaccinal cet hiver afin d'anticiper la sortie des animaux. La FCO-3 arrive, il faut donc vacciner rapidement les troupeaux". 
Rentrer les animaux en bâtiment semble aussi présenter une certaine efficacité comme en témoigne Véronique Roux, présidente de la FDO et éleveuse à Séneujols  : "J'ai rentré tous les ovins qui étaient en extérieur il y a une semaine et l'épidémie semble s'être calmée. Toutefois cela implique de taper dans nos stocks de fourrages d'hiver".


Accompagner l'humain


Dans ce genre de crise avec perte de cheptels, l'impact psychologique sur les éleveurs est généralement très important, signale Nicolas Merle. C'est pourquoi la profession entend aussi "accompagner l'humain" à travers l'écoute et le soutien de la MSA Auvergne, de la Chambre d'agriculture et de l'ensemble des OPA.
Christian Gouy, Président du Comité Départemental MSA de la Haute-Loire, a annoncé la mise en place d'un accompagnement économique des élevages en difficulté (prise en charge partielle de cotisations, échéancier de paiement) et d'un accompagnement social avec de l'aide au répit, des secours d'urgence financière.
Un appel à la solidarité entre éleveurs a été lancé par Antony Fayolle : "La FCO concerne tout le monde, nous devons être solidaires. Aussi, appelons nos voisins et nos collègues pour prendre des nouvelles".

 

A l'export

Le commerce des animaux vers l'Espagne et l'Italie se trouve directement impacté par la progession des virus FCO. "Sur le marché des petits veaux, c'est la confusion ; une PCR positive empêchant l'exportation". Concernant les broutards, «le vaccin contre la FCO-3 étant en attente de reconnaissance, une prise de sang préalable est nécessaire. Le vaccin FCO-8 est quant à lui reconnu" a expliqué Anthony Fayolle.
 

Besoin d'aide ?
Pour solliciter un accompagnement social de la MSA, vous pouvez contacter le 04 71 64 46 64.
La plateforme Agri'écoute est à disposition (24h/24h et 7j/7j) de toute personne du monde agricole et rural en situation de mal-être ou détresse : 09 69 39 29 19.
Enfin le service exploitations fragilisées de la Chambre d’agriculture est pleinement mobilisé ; en cas de besoin,  n'hésitez pas à contacter le numéro vert : 0800 00 50 73.

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