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Sécheresse
Trouver coûte que coûte du fourrage à des prix corrects

Les syndicats FDSEA et JA multiplient depuis plus d’un mois les contacts en France et en Espagne pour dénicher des dizaines de milliers de tonnes de paille.

En 2003, les Cantaliens avaient pu bénéficier de la solidarité des Mayennais.
En 2003, les Cantaliens avaient pu bénéficier de la solidarité des Mayennais.
© DR

Fauchés comme les blés : l’expression populaire n’a sans doute jamais pris autant de sens en terre d’élevage cantalienne. Et la hantise jamais été aussi forte d’avoir à se séparer d’une partie de son cheptel faute de pouvoir le nourrir en ce printemps le plus chaud depuis plus d’un siècle et le plus sec de ces 50 dernières années. Les orages du pont de l’Ascension n’y changeront rien d’ailleurs, partout dans le département les premières coupes ont été amputées ; un déficit fourrager impossible à reconstituer sauf à acheter de la paille.

C’est bien là que le bât blesse pour une majorité d’exploitants cantaliens qui, contrairement à 2003, ne disposent pas de stocks d’avance ni de trésorerie. “Les trésoreries sont à sec, comme les sources”, image Jean-Marie Fabre de Saint-Chamant. Pire, la sécheresse quasi généralisée dans l’Hexagone et une partie de l’Europe fait gonfler la facture de ces hypothétiques achats sur un marché de l’aliment animal déjà marqué par une hausse du prix des céréales de 40 % par rapport à 2010. Ce qui fait dire à Nicolas Cussac, président des Jeunes agriculteurs du Cantal, que le report des annuités en fin de tableau que JA et FDSEA revendiquent depuis un an déjà est devenu “une obligation”.

 

Course contre la montre

 

Tout comme l’interdiction de broyer la paille. “Pour nourrir tout le cheptel français, 100 % de la paille de céréales doit être récoltée”, précise Patrick Escure. Et à une semaine du début des moissons forcément plus précoces cette année, la mobilisation des réseaux FNSEA et JA n’a pas suffi à sensibiliser et convaincre l’ensemble des céréaliers. Aussi, pour Patrick Bénézit, il est grand temps “que le ministre se positionne en ce sens”.

Les deux syndicats n’ont eux pas attendu pour prendre les devants et se sont lancés depuis un mois et demi à la recherche de fourrage “en dehors des zones habituelles d’approvisionnement des marchands de paille cantaliens”, insistent les responsables, attentifs à ne créer aucune concurrence avec ces derniers qu’ils ont rencontrés lundi soir. La tâche est d’autant plus ardue qu’il faut prospecter plus loin, donc avec des coûts de transport rendus plus élevés compte tenu des difficultés d’approche dans le Cantal.

À ce stade, des contacts ont été réactivés en Espagne mais aussi avec les céréaliers de la Marne et de l’Aube pour de la paille. Des volumes conséquents de luzerne, ray grass déshydraté ont également été pré-réservés. Objectif : parvenir à atteindre à des prix corrects au moins 55 000 tonnes, l’équivalent de ce qui avait été ramené en 2003. Sachant qu’à l’époque, 200 000 t de fourrages étaient rentrées dans le Cantal qui avait pu bénéficier d’un jumelage exceptionnel avec la Mayenne aujourd’hui elle aussi touchée. “On ne sait pas encore quels seront les besoins, concèdent les syndicalistes. Les volumes pourraient être bien supérieurs.” C’est pourquoi, s’ils viennent de constituer, comme il y a sept ans, une association Cantal sécheresse dans cet objectif, ils incitent à la multiplication de ce genre d’initiatives “qui ne seront pas de trop”, appelant chaque réseau à s’organiser en ce sens et les marchands de paille à augmenter leurs volumes.

C’est donc une nouvelle course contre la montre et un chantier logistique de titan qui sont engagés : “En 2003, on espérait ne jamais avoir à refaire ça”, glissent ceux qui y avaient alors consacré pas loin de huit mois d’engagement quotidien. FDSEA et JA ont par ailleurs indiqué avoir sollicité hier l’ensemble des fournisseurs d’aliment de bétail pour relancer un aliment sécheresse de mêmes valeur alimentaire et prix dans tout le département.

“Ce que le ministre pourrait annoncer très vite, c’est de permettre aux agriculteurs d’utiliser leurs terrains de la façon la plus judicieuse possible, de pouvoir faire des semis, des cultures en dérobé, du resemis derrière une coupe d’herbe. ça ne coûte rien. C’est un comble qu’on ne soit pas capable de réagir aussi vite à ce type d’événement exceptionnel”, s’agace Louis-François Fontant, président de la Chambre d’agriculture, relevant l’aberration des règlements communautaires.

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

Droits de reproduction et de diffusion réservés.

 

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