Transmission
Transmettre son exploitation ne s'improvise pas
Céder son exploitation est un sujet délicat sur lequel les viticulteurs doivent se pencher dans les dix années qui
précèdent leur retraite. Cette anticipation est le gage d'une transmission réussie et sereine.
Céder son exploitation est un sujet délicat sur lequel les viticulteurs doivent se pencher dans les dix années qui
précèdent leur retraite. Cette anticipation est le gage d'une transmission réussie et sereine.
Dans le cadre du mois de la transmission porté par la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme, viticulteurs et porteurs de projets étaient réunis le 16 décembre, au domaine des Trouillères aux Martres de Veyre, sur l'exploitation de Mikael Hyvert. Objectif : les sensibiliser aux enjeux de la transmission et du renouvellement des générations agricoles.
Anticiper la transmission
Avec plus de 30 % des chefs d'exploitation qui atteindront l'âge de la retraite en 2026 et plus de 250 départs à la retraite dans le Puy-de-Dôme, la question du renouvellement des générations est devenue cruciale dans toutes les productions, y compris dans la filière viticole. "Installer des jeunes est un de nos axes prioritaires au sein de la fédération viticole du Puy-de-Dôme, explique son président Pierre Deshors. Si nous voulons demain que notre filière reste dynamique et pérenne il faut installer des jeunes et convaincre les producteurs d' anticiper et préparer la transmission de leurs exploitations". Chaque situation étant particulière, il n'existe pas de modèle unique pour céder son entreprise agricole mais différentes phases qu'il est important d'avoir en tête et de suivre. "Céder et transmettre une carrière de travail n'est pas une étape naturelle de la vie de l'exploitation; c'est un projet très personnel qu'il faut préparer à son rythme en se posant les bonnes questions le plus tôt possible " précise Eric Vindiollet, vigneron coopérateur à la cave Saint-Verny et élu Chambre d'agriculture. "Rester dans le déni c'est prendre le risque de subir plutôt que de construire votre projet de transmission" poursuit-il.
Les facteurs de réussite
Pour réussir la transmission de son exploitation, le futur cédant doit anticiper son projet en se posant certaines questions clefs, bien en amont de sa décision : A qui vais-je transmettre ? Dans un cadre familial ou pas ? Comment transmettre : maintien ou démantèlement de la ferme ? Que vais-je céder précisément (foncier, bâtiments, équipements...) ? Dois-je vendre ou plutôt louer ? A quel moment ? Quel est le niveau de mes engagements financiers ? Dois-je transmettre aussi mon savoir-faire ? Vais-je quitter ou rester dans ma maison ?... Lionel Genestier, conseiller transmission-installation à la chambre d'agriculture, explique que la première chose à faire est "de fixer un calendrier avec des échéances et déterminer une date d'arrêt d'activité."
Il met également l'accent sur l'importance d'associer son entourage à la réflexion, de maintenir l'exploitation avec un potentiel de transmissibilité, de définir un prix juste et surtout, choisir un accompagnement adapté à ses besoins.
Une construction pas à pas
Cinq étapes se dessinent jusqu'à la cessation de l'exploitation : entre 52 et 54 ans, le futur retraité débute sa réflexion sur son devenir et celui de l'exploitation : ai-je un repreneur ? Dois-je continuer à investir ? Quels sont mes projets ? etc... Vers 57 ans, il est temps pour lui de s'informer sur ses droits à la retraite, de rechercher des informations juridiques, fiscales, patrimoniales, de se préparer à l'après exploitation et d'évaluer ses besoins financiers. 2 à 3 ans avant l'arrêt d'activité, le futur cédant construit son projet de transmission dans le cadre d'un audit réalisé avec la Chambre d'agriculture. "C'est alors le moment d'évaluer l'exploitation et son prix, de définir les modalités de cession/transmission et de rechercher un repreneur via le RDI (Répertoire Départemental à l'Installation ) ou tout autre réseau", détaille Lionel Genestier.
Un et demi environ avant la cessation : démarrage du stage de parrainage avec le futur repreneur, d'une durée de 12 à 15 mois, puis concrétisation de la transmission près de 6 mois avant le départ de l'exploitant. "Le stage de parrainage est indispensable. Il permet au repreneur de prendre ses marques en douceur, en étant accompagné et conseillé, et au cédant d'avoir la satisfaction de laisser son patrimoine entre de bonnes mains" précise Eric Vindiollet.