«Toaster mes féveroles pour rééquilibrer le rapport PDIE/PDIN»
Michel Dumont, éleveur laitier à Saint-Rémy-sur-Orne dans le Calvados a, pour la première fois, fait chauffer ses graines de protéagineux pour améliorer leur assimilation par ses vaches laitières.
À la demande d’agriculteurs, les chambres d’agriculture du Calvados et de l’Orne ont organisé fin 2015 un déplacement en Vendée où des éleveurs se sont équipés, d’une unité mobile de toastage, en Cuma départementale. Cette pratique les a séduits et certains se sont lancés cet automne. À l’image de Michel Dumont, éleveur laitier dans le Calvados, en conversion bio et qui a accueilli sur sa ferme une démonstration de toastage. « Les protéagineux utilisés crus sont mal valorisés car les protéines sont en grande partie dégradées par les bactéries du rumen. Le fait d’en cuire les graines protège les protéines et augmente la part d’azote dans le rumen, d’où l’intérêt du toastage qui consiste à réaliser un fort traitement thermique des graines (air insufflé à 280°C) », note David Delbecque, conseiller à la chambre d’agriculture du Calvados. Ce processus représente une alternative sans chimie au tannage. En découle uniquement une modification moléculaire. « Elle est moins énergivore que l’extrusion mais n’enlève pas l’huile de la graine, il faudra donc en tenir compte pour équilibrer la ration », ajoute le conseiller. La graine pourrait se conserver six mois pour un protéagineux non gras.
Économie de matières premières
« L’autonomie alimentaire, je travaille dessus depuis vingt ans. Aujourd’hui, je suis autonome pour mon troupeau laitier à 9 000 litres par vache. Le toastage toutefois répond plus à un problème de rééquilibrage de mes rations en PDIE* par rapport au PDIN**. La ration est composée de maïs, d’enrubannage de luzerne, d’ensilage d’herbe, de féveroles et de lupin. L’azote soluble sur l’exploitation est en effet digéré trop rapidement. Le toastage devrait améliorer les PDIE de la ration et ainsi répondre à mon besoin. Sur le papier, ce processus devrait me faire économiser la quantité de féveroles distribuée. Je pense ainsi passer de 3 kilos à 2,3 kilos tout en conservant les mêmes performances », souligne Michel Dumont.
La suite dans le Réveil Lozère, page 10, édition du 9 février, numéro 1396.