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Théâtre de rue : Il n’y avait pas que des anges à Aurillac

L’association organisatrice, la Ville, la Caba et le préfet ont tiré un premier bilan d’une édition particulière à bien des égards, marquée par l’état d’urgence et la violence de casseurs.

Une trentaine de casseurs ont terni la fin du festival, en s’opposant violemment aux forces de l’ordre, le vendredi soir.
Une trentaine de casseurs ont terni la fin du festival, en s’opposant violemment aux forces de l’ordre, le vendredi soir.
© P.O.

“Vous allez encore y laisser des plumes !” Jean-Marie Songy ne croyait pas si bien dire - ou plutôt écrire - dans son propos éditorial de la programmation du “In” de cette 30e bis. Une exclamation aux accents prémonitoires tant organisateurs, collectivités partenaires et tous les amoureux du festival et de son état d’esprit - tolérant mais respectueux de l’autre - ont été assommés, choqués, révoltés aussi, par la violence qui s’est déchaînée vendredi 19 août en fin de journée en haut de la rue des Carmes en direction du dispositif de sécurité et contre les forces de l’ordre. “On avait annoncé qu’on allait y laisser des plumes. On en a laissées au figuré comme dans la réalité”, a ainsi admis le directeur de l’association Éclat encore groggy par les évènements mais aussi ému de la fidélité des artistes et du public, de la beauté et la poésie des spectacles proposés - au premier rang desquels ces anges qui sont passés sur la ville, déversant samedi soir une tonne de plumes apaisantes...

Le fil ne s’est pas cassé...

Alors que la sphère médiatique nationale n’aura souvent retenu que “des scènes de guérilla urbaine” , lui a préféré rendre hommage aux 1 969 artistes, 386 techniciens, 392 administratifs, qui ont proposé quatre jours durant 704 spectacles avec un taux de remplissage pour les représentations payantes de 95 %.  “Nous n’avons pas perdu de vitesse par rapport à la 30e de l’an dernier dans une situation qui était alors plus tranquille (...), a assuré Jean-Marie Songy. Cette manifestation a bien résisté à notre état d’esprit, la liberté d’expression, la démocratisation, l’accessibilité des arts de la rue... Le public ne s’y est pas trompé. On marche sur un fil qu’on n’a pas cassé. Bravo à tout le monde, au public de ne pas avoir eu peur, aux partenaires d’avoir relevé le défi de mettre en place une manifestation rassurante. Combattre la peur, sera le défi d’avenir.” Un défi que le maire d’Aurillac se dit prêt à relever, après cette édition 2016 particulière de par les contraintes lourdes et inédites imposées par l’état d’urgence. Des mesures qu’il a fallu établir et déployer en à peine plus de trois semaines et dont les enjeux ont été “parfaitement compris par les artistes et les festivaliers”, estime Pierre Mathonier. Lui aussi reste marqué par les “agissements insupportables de 30 casseurs qui n’étaient ni des festivaliers ni des artistes de théâtre de rue, qui étaient là pour casser, pour détruire notre festival et la création artistique”, mais aussi avec “la volonté de faire du mal : quand on lance des pavés de trois kilos sur les forces de l’ordre, ou on est inconscient, ou on a d’autres intentions. C’est autre chose que la liberté dont il est question, il y a maldonne sur ce qu’est la société : le vivre ensemble, c’est vivre ensemble, pas tuer ensemble !”

Plainte déposée par la mairie

Et l’édile de pointer du doigt par ailleurs l’implication dans ces évènements d’une compagnie (NDLR : Jolie môme) “qui pose problème depuis de nombreuses années et qui considère qu’Éclat est une association totalitaire...” “Une troupe qui n’honore pas le monde culturel”, a rebondi Jacques Mézard. Mardi matin, le maire a annoncé qu’il allait porter plainte au nom de la municipalité, sachant que six personnes ont été interpellées, - dont deux mineurs - qui seront déférées devant le tribunal correctionnel(1), a indiqué le préfet qui est, à son tour, revenu sur la gravité des actes commis par un noyau d’ultras violents, “rejoint par de très nombreux voyous”. “En s’attaquant au dispositif de protection Vigipirate alors que l’état d’urgence est décrété, on touche à quelque chose d’extrêmement grave. Il n’y a pas de meilleur allié de Daech”, a affiché Richard Vignon, soulignant que si le Cantal était enclavé, il ne l’était pas pour les terroristes. Un préfet par ailleurs soulagé que “seuls” douze blessés soient à déplorer à l’issue de ces affrontements dans le camp des policiers et gendarmes (dont deux interruptions de travail de 14 jours). “On aurait pu avoir des blessés graves et même des morts”, a-t-il lancé, saluant le professionnalisme et le sang froid des forces de l’ordre qui, “en cristallisant sur eux la violence, ont évité que cela ne déferle ailleurs”. Une situation qui a néanmoins nécessité l’appel à des renforts vendredi soir, une compagnie républicaine de sécurité est ainsi venue suppléer les effectifs déjà conséquents mobilisés(2) auxquels le président de la Caba a rendu un hommage appuyé. Dans l’esprit de tous, il y a aura un avant et un après 2016 avec des éditions futures qui, état d’urgence ou pas, devront être réfléchies en tenant compte de cette nouvelle double menace.

 

(1) La remise en liberté sous contrôle judiciaire d’auteurs reconnus des faits a été très mal vécue des syndicats de Police et militaires. (2) 90 % des effectifs de la circonscription de police d’Aurillac, 14 Bac, 6 officiers de police judiciaire, une compagnie zonale d’intervention, 16 militaires de la gendarmerie nationale, un escadron de gendarmerie mobile.

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

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