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Les Jeunes Agriculteurs de Haute-Loire brisent le tabou du foncier

Le 7 mars, les JA ont dressé le bilan d'une année 2024 chargée. Très investies sur leur territoire et dans la défense de leur métier, les jeunes générations d'agriculteurs proposent des solutions concrètes pour remédier au morcellement et à la forte pression foncière.

Les JA 43 ont fait salle comble pour leur assemblée générale le 7 mars dernier à Blavozy.
Les JA 43 ont fait salle comble pour leur assemblée générale le 7 mars dernier à Blavozy.
© JA43

Vendredi 7 mars, les Jeunes Agriculteurs de Haute-Loire proposaient à leurs pairs et à leurs invités d'assister à une assemblée générale nocturne au centre socioculturel de Blavozy. Et comme chaque année, l'audience était au rendez-vous. C'est devant une salle comble que les membres du bureau et les présidents de CCJA ont déroulé un rapport d'activité qui témoigne du dynamisme de  ce syndicat agricole.

Générateur d'événements

En Haute-Loire, les Jeunes Agriculteurs rassemblent 380 adhérents sur 17 cantons actifs. Un réseau qui déborde d'énergie et générateur d'événements dans nos campagnes. En 2024, la vie du réseau a été intense avec «la Ferme s'invite en ville» début avril, une manifestation incontournable sur le bassin du Puy et attendue par les citadins. Cette année, les JA 43 vous donnent rendez-vous les 19 et 20 avril 2025, sur la place du Breuil pour ce même événement qui, cette fois-ci, sera couplé à un comice agricole de vaches laitières ainsi qu'à un événement sportif «H2O Trail - De ville en fermes». L'été, les pauses fermières sont aussi l'œuvre des JA ; ces menus fermiers 100% altiligériens sont un régal pour les touristes de passage comme pour les locaux. Dimanche 25 août, la finale départementale de labour a mobilisé le canton de Cayres qui a accueilli avec brio 2500 personnes venues partager l'un des grands temps forts de la vie agricole du département. Le traditionnel concours de jugement de bétail s'est déroulé le 4 décembre sur le canton de St Paulien, en collaboration avec les 3 lycées agricoles, en présence de 80 jeunes élèves et JA. L'année s'est terminée entre adhérents et administratifs dans le cadre d'une soirée convivialité (repas du terroir et soirée dansante) organisée conjointement avec la FDSEA ; un instant très apprécié qui sera reconduit chaque année.

Outre ces événements qui contribuent, à leur échelle, à communiquer sur le métier d'agriculteur, les JA vont encore plus loin dans la promotion du métier en intervenant dans des classes de collèges, en prenant place dans «Le camion de l'aventure du vivant» et en intervenant lors de la nuit de l'orientation. En tant qu'organisme de formation, ce syndicat a organisé plusieurs formations techniques (parage des bovins, soigner par l'homéopathie), pour l'obtention de permis (remorque, poids lourds, super-lourd) ainsi que « J'Agis Demain ».

Les victoires syndicales 2024

2024 était aussi une année de mobilisation syndicale pour les agriculteurs. De nombreuses actions stratégiques sur le terrain qui ont assurément porté leurs fruits et dont les victoires ont été mises en avant lors de cette assemblée générale ; GNR, simplification de la PAC, maintien de l'aide à l'agriculture bio, renforcement des contrôles EGA, mise en place du contrôle unique, contrôle OFB administratif, ICHN, vaccination gratuite contre la FCO3, indemnisation pertes FCO8, gestion des retards de paiement PAC, intempéries, LOA adoptée, détaxation plus-value du cédant qui cède à un jeune, loi entraves à l'agriculture... une longue liste d'acquis syndicaux obtenus grâce à l'investissement du réseau JA-FDSEA-FNSEA. 

« 2024 a été une année charnière pour la vision de l'agriculture. Grâce à notre mobilisation, nous avons réussi à retrouver un peu de liberté d'entreprendre. La conjoncture économique s'est améliorée mais nous devons rester attentifs aux comportements des GMS et des industriels dans l'application des EGA » indique le président Julien Duplomb avant de souligner son inquiétude à l'égard du budget annoncé à la baisse de la future réforme de la PAC et de l'arrêt du plan bâtiment par la Région depuis novembre 2024, ce qui nuit aux installations.

Cette vie syndicale intense s'est poursuivie avec 6 réunions organisées conjointement avec la FDSEA dans la perspective des élections Chambre d'agriculture. « Des rendez-vous syndicaux qui seront renouvelés chaque année afin de garder une proximité avec les adhérents » ont indiqué le président Duplomb, et la secrétaire générale Virginie Crespy.

Désamorcer le sujet du foncier

Le rapport d'orientation fut consacré au foncier, « un thème devenu tabou dans nos campagnes », « un sujet sensible, mot banni du vocabulaire... » lancera Virginie Crespy. Oui, les JA ont osé en parler car ils considèrent qu'il est de leur devoir « de désamorcer le sujet du foncier et de proposer des solutions d'avenir ».

La pression foncière et la dure réalité quotidienne des petites parcelles agricoles, les agriculteurs du département y sont tous plus ou moins confrontés. Pour pallier ces difficultés récurrentes, les JA ont décidé de « réouvrir la boîte de pandore du foncier » dans l'unique but « d'explorer des solutions pour optimiser l'utilisation des surfaces agricoles disponibles ». Ils ont en premier lieu dressé la liste des solutions techniques existantes (échanges en jouissance ; échanges entre fermiers ; échanges de propriétés ; le remembrement…) ainsi que le rôle de chacun des acteurs sur le département (Safer ; OPA ; DDT ; OFB) avant de livrer leurs axes de travail. (voir dans cette page).

Zoom sur...

Foncier : les axes de travail proposés par les JA

Pour avancer sur cet épineux dossier qu'est le foncier, le rapport d'orientation des JA43 cible 3 axes de restructuration qu'ils considèrent les plus adaptés à leur territoire et à leur génération : le remembrement, la procédure d'échange simplifiée et une proposition de restructuration axée sur les nouvelles installations.

Concernant le remembrement, Virginie Crespy insiste sur « ses 9 étapes rigoureuses et participatives essentielles à la réussite du projet, et qui visent à concilier les intérêts des différents acteurs et à garantir une restructuration foncière équitable et durable ».

La procédure simplifiée d'échange nécessiterait selon eux quelques évolutions. C'est pourquoi, ils imaginent 3 types d'échanges possibles : entre 2 propriétaires ; entre propriétaire et fermiers ; entre deux fermiers. "On pourrait envisager de le rendre tacitement reconductible, au même titre que le bail. Cette procédure pourrait être cessible en cas de reprise" ajoute-t-elle. 

Enfin, pour une meilleure efficacité en matière de restructuration foncière, ils préconisent un engagement sur les 5 premières années d'installation à l'aide de 2 modalités possibles, qu'il serait, selon eux, préférable de fusionner :

- le jeune engage une restructuration dynamique avec plusieurs propriétaires/fermiers voisins suivant la configuration ; les échanges doivent être conduits avec toutes les parties.

- les fermiers et/ou propriétaires voisins ne sont pas réceptifs aux échanges ou à une restructuration foncière locale : dans ce cas, le jeune qui souhaite faire une restructuration intra parcellaire serait accompagné dans la démarche.

Cette présentation a été suivie d'une table ronde à laquelle participaient 4 représentants d'OPA. Aymeric Soleilhac, président section des fermiers de la FDSEA, a salué les bonnes idées qui se dégagent de ce rapport d'orientation, en particulier sur le remembrement. Paul Petit, représentant de la section des bailleurs à la FDSEA, a insisté sur l'importance du dialogue entre le propriétaire et les fermiers « car les dossiers qui coincent sont ceux où il manque de dialogue entre les deux parties ». Ce dernier préconise "une formation" pour les cédants pour qu'ils transmettent au mieux leurs exploitations, ainsi qu'un suivi des jeunes par la suite.

Coline Brat, animatrice territoriale à la Ch. d'agriculture, signale : « pour que des échanges de parcelles aboutissent, chacune des deux parties doit avoir conscience de ce qu'elle peut gagner ».

Gilbert Guignand, président départemental du comité technique Safer, préconise une redistribution du foncier en amont, au moment des installations, plutôt que de procéder à des échanges entre agriculteurs. « La Safer régionale peut apporter son aide pour un projet d'échanges à l'échelle d'une commune ou demi-commune, dans le cadre du projet Tétris. Je suis par ailleurs d'accord pour travailler sur un point accueil transmission (à l'image du point accueil installation) où le foncier serait prioritaire ».

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