Des sujets en ligne de mire pour la filière viande de Nouvelle-Aquitaine
Au programme de l’assemblée générale d’Interbev Nouvelle-Aquitaine le 24 mars, trois sujets phares : l’engraissement, la planification écologique et la feuille de route décarbonation de la filière.
Au programme de l’assemblée générale d’Interbev Nouvelle-Aquitaine le 24 mars, trois sujets phares : l’engraissement, la planification écologique et la feuille de route décarbonation de la filière.

C’est au pôle de Lanaud, haut lieu de l’élevage régional, qu’Interbev Nouvelle-Aquitaine avait choisi de réunir ses membres pour son assemblée générale annuelle le 24 mars. En préambule, son président Jean-Bernard Sallat, a rappelé « la Nouvelle-Aquitaine a de nombreux atouts : c’est le premier bassin de production de viande bovine, elle dispose de matières premières pour l’engraissement. Elle connaît aussi des difficultés avec un cheptel décroissant et un fort impact des conditions sanitaires. Il faut nous interroger sur la manière de relever les défis de la souveraineté alimentaire et de la planification écologique ».
Première piste évoquée, l’engraissement, avec une photo des dynamiques d’engraissement sur la Région par l’IDELE. Et le constat est sans appel : depuis 2016 la décapitalisation croissante a conduit le cheptel allaitant français à son niveau du XIXe siècle. Si cette tendance est moins marquée en Nouvelle-Aquitaine, le cheptel bovin lait enregistre un recul de 65 % depuis 2001 et le cheptel allaitant de 16 % depuis 2016. Les crises sanitaires et notamment la MHE occasionnent une surmortalité et une baisse de la fertilité et aggravent la situation. Au final, la production à venir se trouve largement pénalisée. On estime à 52 000 le manque de naissances à attendre au niveau régional, un déficit de maigre qui entraîne une envolée des prix du maigre et du gras.
Face à ce constat l’engraissement peut-il être une réponse ? L’IDELE observe que la production de jeunes bovins allaitants, production dominante en Nouvelle-Aquitaine se maintient malgré la décapitalisation. L’engraissement des mâles progresse au niveau national et les échanges commerciaux de broutards s’effectuent de plus en plus entre régions au détriment de l’export. En Nouvelle-Aquitaine, l’engraissement repose principalement sur les naisseurs engraisseurs même si on constate une progression des engraisseurs spécialisés. La taille des ateliers progresse également. Toute la question est alors de savoir si ce rebond est durable dans un contexte ou il y a peu de visibilité sur les prix et les charges et ou le cheptel n’est pas stabilisé.
La filière, engagée dans la planification écologique
Cadre national, la planification écologique prévoit d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Après le diagnostic national, des appels à projets ont été ouverts en 2024 pour la décarbonation des filières. L’objectif est ambitieux : économiser 15 Mt eq. CO2 sans réduction du cheptel alors que l’agriculture néoaquitaine est en situation de fragilité. Des leviers de réduction des GES ont été identifiés en région : fertilisation azotée, ralentissement de la baisse du cheptel (élevage durable), diminution des surfaces de prairies retournées, augmentation du linéaire de haies, travail sur les bâtiments et les machines agricoles. La filière gros bovins d’Interbev a écrit une feuille de route pour répondre aux objectifs de la planification écologique de réduction de la fermentation entérique de 5 Mt eq. CO2 d’ici 2023. Pour la filière, un élevage durable passe par l’entretien des paysages et de la biodiversité, la fertilisation organique des sols, la lutte contre l’érosion, la préservation de la qualité de l’eau, la production d’énergie renouvelable entre autres. La préservation du potentiel de production étant essentielle, deux impératifs au préalable : le maintien des surfaces en herbe et des haies essentielles et du cheptel. Cinq leviers techniques vont être activés pour réduire les émissions de méthane. Il s’agira d’optimiser la conduite des troupeaux, de faire évoluer les rations alimentaires en favorisant la part d’herbe et de céréales autoconsommées, d’intégrer des compléments alimentaires destinés à diminuer la fermentation entérique et de développer la sélection génétique et la méthanisation en élevage. Le chiffrage des investissements nécessaires constitue la prochaine étape de la feuille de route.