Théâtre de rue
Théâtre de rue - Aurillac 2014 prend de la hauteur avant le grand décollage de 2015
L’affiche et la programmation artistique de la 29e édition du festival international du théâtre de rue d’Aurillac ont été dévoilées lundi.
Les fils des hommes (Cie Action d’Espace), ces “Harkis, Pieds noirs, Appelés ou Fellagas”, tous pris dans le conflit algérien ; la vie de Vsevolod Meyerhold (Doctor Daperttuto, Teatro del silencio), l’un des plus grands metteurs en scène russe du XXe siècle assassiné par le pouvoir stalinien... : comment croire encore, à l’évocation des spectacles qui seront proposés cet été dans le cadre de la 29e édition du festival aurillacois, que le théâtre de rue n’a pas toute sa place dans l’introspection des maux et tourments de nos sociétés ? Comment douter encore de son utilité tant il renvoie à travers ces conflits du passé à un présent tout aussi menaçant pour la paix et la liberté des peuples ?
Retour aux sources
Mais qu’on se rassure, à la veille de souffler dignement ses trois décennies, le festival n’a pas décidé de sombrer dans la seule noirceur de l’âme humaine. “Humour, poésie, drame et tragédie” seront encore de la partie, du 20 au 23 août a promis lundi 12 mai(1) Jean-Marie Songy, directeur d’un festival, qui, loin de s’assagir avec l’expérience des ans, entend bien encore activer sa liberté d’expression, “mettre la ville dans un cataclysme dramaturgique, la faire vibrer, (...) pendant ces quatre jours entrouvrir une fenêtre, montrer que ça pourrait aller un peu mieux, que ce qu’on vit ensemble pourrait s’organiser autour de pensées plus collectives, plus solidaires...” Et avant d’aborder ce cap de la trentaine, le festival et son personnage cravaté emblématique vont prendre de la hauteur, tout en opérant un retour aux sources, après avoir exploré les univers “de nos frangins, de nos cousins du théâtre vivant” en 2013, après avoir proposé des éditions ouvertes aux arts graphiques à la photographie, à la performance monumentale...
Une plate-forme expérimentale
“On s’est dit qu’on allait faire une petite respiration nécessaire cette année pour atteindre cette charnière symbolique de la trentaine, avec l’ambition de se recentrer sur le théâtre de rue et de voir où il en est, tant dans ses formes que dans la manière d’accéder aux spectacles”, a annoncé Jean-Marie Songy. En accueillant 21 compagnies officielles (dont neuf nouvelles et deux internationales), un cap jamais atteint depuis 20 ans, Aurillac 2014 ambitionne de marier les formes, en convoquant notamment de petites formations peu réarpentées lors des précédentes éditions : “J’avais un peu résisté à faire venir des petites formes, a convenu le directeur. Nous on voulait du “muscle”, des grandes formes mais la tendance change et il faut aussi s’y consacrer.” Les compagnies à un, deux artistes (Pierre di Sciullo, 1 Watt, Sébastien Barrier...) côtoieront ainsi les “grosses” machines : Carnage productions, Materia prima, Goupe F... Le festival peut aussi se prévaloir de rester une terre d’expérimentation, alors même qu’il se situe en fin de saison estivale. Ainsi quatre spectacles seront des premières dont Trust du Groupe Merci ou encore Cirquélix de La Passante.
(1) Dans le hall de l’aéroport d’Aurillac en présence du président de la Caba, du maire d’Aurillac, de la vice-présidente du festival et du directeur délégué de la Cie Hop !.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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