« Sur la prise en compte du coût de production, on n'y est toujours pas »
Depuis de longs mois, les professionnels de la filière laitière alertent sur les coûts de production. Le point avec Sabine Tholoniat, éleveuse laitière et présidente de la FDSEA du Puy-de-Dôme.
Quel est aujourd'hui l'état de tension sur les marchés laitiers ?
Nous arrivons à un effet ciseaux : l'offre dépasse la demande et les prix deviennent dérisoires. C'est une situation incompréhensible : on observe une diminution de la production de lait dans le monde mais en France, les prix ne suivent pas. La situation est pratiquement pire en bio qu'en conventionnel. Chez Sodiaal, on en arrive par exemple à une équation de prix basée sur 90 % de volume livré payé en prix bio et 10 % de bio déclassé, un prix prétendu AOP. Pendant ce temps-là, les prix du lait spot et du beurre atteignent des sommets, on marche sur la tête !
Quelle est la situation en région Auvergne-Rhône-Alpes ?
Nous sommes une région d'élevage, donc cette situation nous impacte particulièrement. Le coût de production est plus élevé en montagne qu'en plaine, or on sait que notre région est particulièrement fournie en massifs montagneux, entre les Alpes et le Massif central. Cela fait donc beaucoup d'éleveurs qui doivent non seulement assumer cette contrainte géographique mais aussi la conjoncture défavorable sur les marchés. L'autre problématique est le réchauffement climatique. Nous ne sommes pas en Bretagne ou en Normandie, ici la sécheresse est réelle et il est difficile de faire pousser de l'herbe. Toutes ces données mises bout à bout créent un climat très défavorable pour les professionnels.