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Alimentation
« Stop à la naïveté de nos autorités ! »

Le Sénat met en exergue un déficit de contrôle des denrées alimentaires importées sur le territoire européen et français. L'exemple des graines de Sésame d'origine indienne.

Laurent Duplomb dans le bureau de sa permanence.
Laurent Duplomb demande des contrôles plus importants sur les denrées alimentaires importées.
© HLP

Le 17 février, le sénateur de Haute-Loire, Laurent Duplomb rendait public au Sénat le rapport qu’il a conduit avec la commission des affaires économiques sur les failles du contrôle des denrées qui entrent sur le territoire européen et dans l’hexagone. Cette mission a été déclenchée suite à la détection de quantités importantes de résidus d'une substance cancérogène, mutagène et reprotoxique* (l'Oxyde d'éthylène) sur des graines de sésame importées d'Inde. Notons que cette substance est interdite pour les usages alimentaires dans l’Union européenne depuis 1991 comme pesticide et depuis 2011 comme biocide.


Très fortes teneurs en résidus
Une affaire d'une très vaste ampleur, puisqu'elle concerne plus de 100 pays à travers le monde et 20 pays en Europe. "Des contrôles effectués sur ces résidus font état de teneurs très largement supérieures à la limite maximale de résidus (LMR) de 0,05 mg/kg autorisée au niveau européen, allant jusqu’à 186 mg/kg, soit 3 700 fois plus que le plafond autorisé et 5 000 fois la LMR maximale pour les produits issus de l’agriculture biologique. Même si aucun cas d’intoxication n’est connu à ce jour, ce sont plus de 1400 références de produits grand public conventionnels ou bio qui ont été rappelés (biscuits, houmous, baguettes, salades, burgers, farines, huiles, sauces, biscuits apéritif, purée, biscottes ou encore chocolat)" explique le sénateur.


Compétitivité de l'agriculture européenne sapée
Or, le rapport pointe des contrôles insuffisants sur les denrées importées.  "Les contrôles officiels reposent trop peu sur des contrôles aléatoires faute de budget suffisant (ratio de 50 centimes d'euros de contrôles pour 1000 euros de denrées importées). Les contrôles s'effectuent à partir d'une liste publique de substances actives, ce qui favorise les risques de contournements ! Certaines substances ne sont plus contrôlées ; l'UE recense 1498 substances actives et en interdit 907. Sur ces 907 substances, le plan de contrôle européen en analyse seulement 176 ; la France va un peu plus loin en analysant 568. Au regard des 1498 substances, cela veut dire que plus de 900 substances actives ne sont quasi jamais contrôlées avant d'entrer chez nous !".
Pour Laurent Duplomb ce constat est évidemment consternant et démontre la naïveté totale dont font preuve nos autorités, qu'elles soient européennes ou françaises. Sans oublier toutes les conséquences désastreuses induites par ces contrôles dysfonctionnels : "augmenter la pression normative sur les exploitations européennes sans accroître la pression des contrôles sur les denrées alimentaires importées, c'est saper la compétitivité de l'agriculture européenne tout en promouvant un modèle de production étranger qui ne respecte pas les normes minimales requises en Europe".
Alors que l'Europe est engagée dans des accords commerciaux avec de nombreux pays tiers et que la France doit se positionner prochainement sur le Mercosur, Laurent Duplomb en profite pour réaffirmer que "sans contrôles, les garanties obtenues lors de la signature d'accords de libre-échange sont dès lors 'ineffectives' ".
 

*Catégorie de substances chimiques particulièrement dangereuses en tant que sources de risques à effets différés.

 

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