Solidarité internationale : trois fleuves et 20 visages africains
Sénégal, Niger et Congo étaient les trois grands fleuves de l’ex-empire colonial français où Philippe Guionie s’est rendu.
Jusqu'à samedi, la salle des Écuries d'Aurillac abrite une exposition photographique qui a fait - et fait toujours - le tour du monde. C'est à la Cimade que l'on doit "Les tirailleurs et les trois fleuves". L'exposition du Toulousain Philippe Guionie a été retenue dans le cadre de la semaine de la solidarité internationale.
Douze années de quête
Le photographe a une formation d'historien. C'est dire si les questions liées à la mémoire l'intéressent. Philippe Guionie s'est surtout spécialisé dans la photo documentaire et sociale. Sa signature figure sur de nombreux journaux et magazines français ou étrangers. L'histoire de cette exposition remonte à 1998. Année où il rencontre Abdoulaye N'Diaye (104 ans), le dernier tirailleur africain de la Première guerre mondiale. Le dernier "poilu noir", comme personne ne l'a jamais nommé, est mort la veille de la remise d'une trop tardive Légion d'honneur. "Ultime pied de nez", en conclut le photographe. Mais l'idée d'une grande fresque était née. Philippe Guionie réalisera une centaine de portraits dans 14 anciennes colonies de l'Afrique francophone. Ce sont 20 d'entre eux qui sont exposés à Aurillac avant de partir pour Brazzaville. Une autre partie de cette forêt de visages est actuellement au Tchad... après avoir être passé par les plus grandes capitales africaines. Et pour mieux s'imprégner du contexte, de l'ambiance captée sur place, l'exposition photographique s'accompagne d'une bande-son.
Une histoire contemporaine
C'est l'histoire humaine de celles et ceux qui ont côtoyé l'Armée française à un moment de leur histoire qui témoignent. Anciens combattants de la Seconde guerre mondiale, d'Indochine ou d'Algérie. Des fils ou petits-fils de tirailleurs. Des veuves, aussi. "Et comme c'est une aventure humaine, on ne pose pas avec des médailles. C'est l'homme plus que le soldat qui nous intéresse", formule Philippe Guionie. Ces tirailleurs africains sont, pour une dizaine d'années encore, nos contemporains. Le travail du photographe, outre le devoir de mémoire, sert aussi la douloureuse question des pensions. "C'est une manière de parler autrement d'une histoire qu'on considère trop vite comme terminée".
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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