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FDSEA - JA
Les conditions pour continuer d'installer en zone montagne

Le 20 novembre 2024, les Jeunes agriculteurs du Cantal et la FDSEA ont invité Aude Geiger membre du bureau national des JA à visiter l’installation récente à plus de 1000m de Florian Lemmet : un troupeau mixte en pleine zone montagne. 

Un groupe d'agriculteurs pose devant des ballots de paille dans un grange de montagne.
Pour garantir le renouvellement des générations en zone de montagne, JA et FDSEA veillent à un maintien des aides spécifiques. 
© Renaud Saint-André

Après la venue dans le Cantal de Yoann Barbe de la FNPL pour parler lait, les JA et leurs aînés de la FDSEA, qui font liste commune, avaient invité Aude Geiger du CNJA, originaire de l’Hérault, à visiter une exploitation en zone de montagne. Elle s’est rendue mardi 19 novembre chez Florian Lemmet, délégué des JA du canton de Riom-ès-Montagnes(1), installé sur la ferme familiale du Patural à Saint-Hippolyte. 

Des troupeaux mixtes en zone montagne 

“Ici, les troupeaux mixtes ne sont pas rares”, a-t-il été précisé à l’administratrice nationale, d’où le choix du Gaec du Patural. “Il est souvent plus simple d’avoir 40 vaches laitières et 60 vaches allaitantes que 100 à 150 bovins lait,” a expliqué à Aude Geiger, Pierre Taguet (Menet), secrétaire général des JA15. Cette diversification permet, en outre, de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Lait et viande Quelles que soient les productions, Valentin Delbos (Chaussenac), président des JA du Cantal, a d’emblée insisté sur l’importance de conserver L’Indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN). 

Les productions de montagne ont une belle image, mais elles ont aussi un coût” Patrick Escure (Arnac), président de la Chambre d’agriculture

portrait de jeune femme souriante
Aude Geiger en charge de la montagne au niveau national des JA.

Venu en qualité de syndicaliste, Patrick Escure a ajouté que, bien que cette aide ne semble pas menacée actuellement, “rien n’est jamais acquis”. Raison pour laquelle il faut sans cesse démontrer un coût de production plus élevé en zone de montagne et le faire savoir. Pierre Taguet en a donc rappelé les particularités : terrains pierreux, hivers longs, et “produire du lait ou de la viande devient plus compliqué à 1100m que quand on est à 400m”. 

Jérémy Chancel (Valuéjols), co-responsable installation, a ajouté que “des bâtiments adaptés, souvent fermés sur les quatre côtés, avec une charpente solide et parfois nécessitant de l’isolation, notamment pour les troupeaux laitiers, peuvent voir leur prix de construction doubler, voire tripler”. 

Les "présidents" de la montagne

Patrick Escure a rappelé l’historique de la prime de handicap naturel, créée en 1972 sous l’impulsion de personnalités politiques locales : “Une époque où le président était le Cantalien Pompidou, le ministre de l’Économie Giscard d’Estaing issu du Puy-de-Dôme et celui de l’Agriculture, Jacques Chirac, corrézien. L’origine de ces trois responsables politiques, dans un rayon de 50km, faisait qu’ils savaient de quoi il retournait.” 

La Copamac-Sidam a également joué un rôle déterminant en unissant les départements de montagne du Massif central, aboutissant à une première indemnité spéciale montagne, un plan de modernisation, ou encore une DJA bonifiée, toujours d’actualité, grâce à la volonté de la Région Aura. Tous les intervenants ont souligné l’importance de la mobilisation pour maintenir ces soutiens :  “Notre boulot, c’est de veiller au maintien de ces aides, continuer à expliquer les besoins et entraîner les troupes avec nous ; car seul, un responsable syndical ne peut rien.” 

Appel à voter

À ce titre, Patrick Escure appelle à une participation massive aux élections professionnelles pour peser auprès de l’État, des coopératives, et des entreprises.  S’il est favorable au pluralisme des idées, il sait aussi par expérience qu’il faut un syndicat majoritaire fort pour pouvoir peser et “capter les enveloppes”, selon la formule de Valentin Delbos. La situation politique à l’Assemblée nationale démontre une forme d’instabilité et une difficulté à trouver des orientations quand une majorité absolue ne se détache pas. 

Aude Geiger a assuré que les combats des agriculteurs de montagne sont partagés par les JA au niveau national. “Sans élevage, les paysages se referment,” a-t-elle souligné, appelant à une mobilisation continue pour défendre une agriculture “viable et vivable, en faveur des territoires ruraux”. Jérémy Chancel a souligné aussi l’importance de l’élection pour bâtir un système de conseils de proximité et de confiance avec les techniciens de la Chambre d’agriculture. 

Valentin Delbos démontre l’efficacité de ce dispositif, précisant que “95% des jeunes agriculteurs sont encore actifs sur leur ferme, dix ans après leur installation dans ce département, parmi ceux qui installent le plus”.  Et puis, il y a une fierté à ce que la production de montagne soit reconnue, y compris par de puissants opérateurs comme Bigard. Delphine Freyssinier (Trizac), secrétaire générale de la FDSEA le rappelle : “Pour les Perles du massif, c’est lui qui est venu vers nous avec un contrat conforme à Egalim pour qu’on lui produise ce qu’il appelle le caviar de la viande”. Et cette opération, qui capte de la valeur ajoutée sur ces territoires montagnards, n’a été rendue possible que grâce au syndicat majoritaire. 

(1) Florian Lemmet est adhérent JA de longue date : il était syndiqué avant même son installation, alors qu’il était encore salarié.  

Le Gaec du Patural 
Florian Lemmet s’est installé en mars 2021 aux côtés de ses parents, David et Isabelle sur la ferme du Patural à Saint-Hippolyte. L’exploitation compte 163 ha, tout à l’herbe, à 1000 m d’altitude. Les trois associés sont à la tête d’un troupeau mixte de 40 vaches laitières montbéliardes et 66 vaches allaitantes salers. Le lait AOP cantal et bleu est livré à Lactalis ; des broutards de 410 kg en race pure, 430 kg en croisé et des broutardes de 375 kg sont destinés à l’export et quelques génisses salers sont vendues pour la reproduction.

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