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«S’engager aujourd’hui… pour avoir encore un voisin agriculteur demain»

Raymond Gagne est éleveur de bovins et ovins à Moudeyres sur le plateau du Mézenc, et maire de sa commune depuis près de 20 ans.

Raymond Gagne tire la sonnette d’alarme…
Raymond Gagne tire la sonnette d’alarme…
© HLP

«Alors que l’agriculture est, avec le tourisme, un des piliers économiques de nos territoires ruraux, elle ne trouve pas sa place dans les collectivités territoriales», Raymond Gagne éleveur en bovins lait et ovins viande à Moudeyres au pied du Mont Mézenc et maire de son village, tire la sonnette d’alarme.Élu au conseil municipal depuis 1989 et maire depuis 2001, il est également engagé syndical à la FDSEA depuis 1979. Deux casquettes qu’il porte au quotidien, persuadé qu’on ne peut pas traiter des affaires communales ou communautaires en laissant l’agriculture de côté, de même que le développement agricole s’inscrit dans une politique territoriale. Voilà pourquoi aujourd’hui, après des années d’expériences, il dénonce l’oubli de l’agriculture dans les compétences des collectivités. Et de souligner pour exemple la suppression de la commission agricole au sein de la Communauté de Communes Mézenc-Loire-Meygal depuis les élections de 2014, alors qu’elle compte un tiers de maires agriculteurs(trices) avec 7 sur 22. «Manque de moyens» serait l’argument exprimé par la Com com, mais «on a les moyens que l’on veut bien y mettre» rétorque le maire de Moudeyres. Alors certes, l’agriculture n’entre pas directement dans les compétences affectées aux établissement public de coopération intercommunale (EPCI) ni même aux communes, si ce n’est sous les termes “aménagement du territoire, équipement rural, aménagement foncier, remembrement…“, des termes génériques derrière lesquels on peut mettre tout et n’importe quoi. Et c’est là le reproche de Raymond Gagne qui estime qu’un pan entier de l’économie altiligérienne ne trouve pas d’écho au sein des instances territoriales.Dire que rien n’est fait pour l’agriculture serait mentir puisqu’à l’occasion, communes ou communautés de communes subventionnent ou soutiennent des évènements agricoles comme la Finale départementale de labour en 2018 à St Martin de Fugères, la Fête du Fin Gras, les foires et concours d’animaux… énumère-t-il.Et d’ajouter que la CC Mézenc-Loire-Meygal et les communes de la zone adhèrent à l’Association Fin Gras du Mézenc, une façon d’aider cette production AOP, fleuron du secteur.Il faut faire un premier pasMais Raymond Gagne voudrait voir plus loin. En regardant le plateau du Mézenc qui se désertifie et ce depuis plusieurs années «il ne faut pas tomber en panne l’hiver sur la route du Gerbier-Lachamp. Plus aucune ferme n’est habitée…» lance-t-il avec amertume craignant une même situation côté altiligérien.Il est un peu découragé : «On se tire une balle dans les 2 pieds… On se bouffe entre nous. Quand y’a 2 agriculteurs, y’en a un de trop. Mais quand il sera seul, le dernier partira, parce que socialement ce ne sera plus viable…». Tel est son constat. Mais il refuse de baisser les bras et se dit qu’il est encore possible d’inverser la tendance, si l’on se préoccupe de l’avenir de l’agriculture, d’installer, de conforter des exploitations existantes… Et pour cela, le syndicaliste se tourne vers la profession et la Chambre d’Agriculture, et l’élu vers les instances communales ou intercommunales, pour allier leurs moyens et leurs compétences. Dans un premier temps, il faudrait faire une audit et lancer des pistes de travail. D’ailleurs, sur ce secteur, il existe une étude conduite avec l’INRA, qui date de quelques années, et qui faisait un état des lieux de l’activité agricole avec les perspectives de développement. «Mais elle est dans un tiroir…» regrette Raymond Gagne.  Réserves foncières pour permettre des installations, anticipation des départs en retraite et des reprises d’exploitations, diversification de productions… des solutions existent, d’autres sont à créer. Mais il est urgent de faire un premier pas.Inquiet pour l’avenir, Raymond Gagne refuse de rester passif et invite donc les agriculteurs à «s’engager dans les instances professionnelles pour défendre leur métier mais aussi dans les collectivités pour travailler avec les élus». Sa seule motivation, c’est «d’avoir encore un voisin agriculteur demain…».

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