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Sécheresse
Sécheresse et inflation, une addition qui plombe l'élevage

Ils sont frère et sœur, installés depuis moins d'un an, ils sont jeunes et enthousiastes… mais aujourd'hui, ils doivent faire face à une sécheresse qui impacte durement leur élevage laitier.

Émeline et Maxime Deberle du gaec des Prés Ronds à St Privat du dragon
Émeline et Maxime Deberle vont devoir trouver des solutions pour nourrir leur troupeau cet hiver.
© HLP

Derrière leur sourire, Émeline et Maxime Deberle, associés du Gaec du Pré Rond, cachent leurs inquiétudes. Installés depuis avril 2022 seulement, ils subissent de plein fouet une sécheresse qualifiée d'historique, doublée d'une inflation sévère, qui mettent à mal leur élevage. Frère et sœur ont repris la suite de leur père Michel à Sauvanirgues sur la commune de St Privat du Dragon. Ils élèvent 60 vaches laitières et 45 génisses de renouvellement qui produisent, ou devrait produire, environ 320 000 litres de lait/an commercialisé auprès de Sodiaal à un prix de base de 403 €/1000 l en juillet.

Sur 110 ha, les jeunes produisent 35 ha de céréales dont une quinzaine destinée à la vente de grain, 15 ha de maïs, 20 de prairies temporaires et le reste en prairies naturelles.

En année normale, l'exploitation est autosuffisante avec même un peu de vente de foin. Mais cette année, c'est la catastrophe. Maxime fait le bilan : "les céréales ont donné 25 qx/ha soit la moitié moins qu'espéré. En foin et ensilage, on a fait 1/4 d'une récolte normale : 1 tonne de foin/ha et 2TMS/ha (Tonnes de matière sèche) en ensilage. Heureusement il nous restait un peu de stock de l'an dernier, mais les vaches sont en train de le manger… Notre stock est en train de partir maintenant". 

0 pâture depuis juin

Car oui, les vaches ne peuvent pas pâturer tellement les prés sont secs. Depuis juin, elles sont nourries à l'auge avec les fourrages d'ordinaire destinés à la ration hivernale. Partout, dans les pâtures, si les animaux sont dehors, ils sont complémentés au râtelier.

Les chiffres sont sans appel. Émeline a fait son calcul : "il manque 15 tonnes de foin, et l'équivalent d'un silo d'herbe, soit 150 tonnes. Quant au maïs, il n'est pas encore récolté, mais on attend un faible rendement et une qualité médiocre. Bref, il nous manque de tout, pour passer l'hiver".

Conséquence directe de cette sécheresse, la production laitière baisse de jour en jour et la qualité aussi. 

Quelles sont alors les solutions qui s'offrent aux deux jeunes ? Émeline et Maxime ont quelques pistes mais non sans risques. "On va devoir vendre quelques bêtes parmi les moins productives" lance Maxime résigné. "On commence à faire un tri pour les finir avant de les vendre". Il vont aussi acheter un peu de foin et d'enrubannage mais à des prix très élevés. Ce mercredi, ils allaient chercher 20 bottes de 600kg à 60 € la botte. "L'an dernier, le prix était de 35 € la botte" souligne le jeune homme. Ils devront également acheter de l'aliment Vaches laitières pour compléter et équilibrer la ration.

Mais ces achats vont peser lourd sur la trésorerie déjà mise à mal par l'inflation sur les intrants. Exemple, "le tourteaux rentre aujourd'hui à 525 € contre 380 l'an dernier" note Émeline. De même, les prix des phytos, des engrais, des carburants… atteignent des sommets.

Les associés du Gaec du Pré Rond avaient anticiper en semant des dérobées sur orge mi juin, juste avant une période d'orage. Si elles sont bien sorties, depuis elles végètent, et la récolte semble bien peu prometteuse. "Au final, ça va nous coûter aussi cher voire plus que si on avait acheté", conclut Maxime dépité. "On a brûlé du gasoil à 1,50 € pour ne rien ramasser…".

Dans l'attente…

Pour une première année, autant dire que Maxime et Émeline commencent fort.

Ils sont aujourd'hui dans l'attente des aides spécifiques liées aux calamités agricoles, sans quoi la pérennité de leur exploitation pourrait être compromise. Ils en appellent aussi à une forme de solidarité, notamment envers leur entreprise de collecte laitière qui "doit augmenter le prix du lait pour tenir compte de cette situation de sécheresse, mais aussi de la flambée des coûts des intrants…" lance Maxime qui ne comprend pas que le prix du lait soit aussi bas.

La situation de Émeline et Maxime, n'est pas un cas isolé. De très nombreuses exploitations sont en difficulté aujourd'hui ; le deal pour tous, c'est de trouver des fourrages pour alimenter les troupeaux en quantité suffisante, en qualité, et à des prix raisonnables… sans quoi, c'est l'avenir de l'élevage qui pourrait être hypothéqué.

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