Continuons à croire en la forêt !
Plus de 200 acteurs qui interviennent dans le domaine de la forêt en Haute-Loire étaient réunis le 7 février pour échanger sur l'avenir de ce poumon vert qui couvre 40 % de notre territoire.
Plus de 200 acteurs qui interviennent dans le domaine de la forêt en Haute-Loire étaient réunis le 7 février pour échanger sur l'avenir de ce poumon vert qui couvre 40 % de notre territoire.

La Haute-Loire se classe au premier rang français pour la ressource résineuse qui compose 62 % de son peuplement forestier. Avec plus de 1 000 entreprises actives dans la filière bois, générant 2 650 emplois directs et indirects, le secteur forestier est un pilier économique indéniable de notre département. Ce secteur méritait bien d'avoir ses propres Assises départementales ; une journée spécifique organisée vendredi 7 février par le Département, la Chambre d'agriculture et le Préfet et à laquelle participaient de nombreux acteurs de la filière.
41 % du territoire recouvert par la forêt
Avec plus de 200 000 hectares de forêt, soit 41 % du territoire, largement au-dessus de la moyenne nationale (31 %), 48 millions de m³ de bois sur pied, nul ne peut nier l'importance de ce secteur d'activité, confronté à plusieurs défis : l'adaptation des forêts au changement climatique, le recrutement et la formation aux métiers du bois, le morcellement de la propriété et le développement du bois énergie et du bois de construction. Dans le cadre de 4 ateliers de concertation, ces enjeux et problématiques ont été abordés. "Des travaux qui devaient mettre en lumière des réflexions partagées ainsi que des témoignages de pratiques innovantes et inspirantes qui constituent sans doute une partie des réponses possibles à déployer" a indiqué la présidente du Département, Marie-Agnès Petit, qui a annoncé le renforcement de l'engagement du Département dans ce domaine, avec un investissement de 450 000 euros sur le mandat, une politique forestière structurée et un travail approfondi sur la gestion foncière et la filière bois.
Forêt et agriculture : deux piliers essentiels de notre économie rurale
Pour Yannick Fialip, président de la Chambre d'agriculture, la forêt et l'agriculture sont les deux piliers essentiels de notre économie rurale.
"En 2024, nous avons fêté les 100 ans des chambres d'agriculture ; or, le patrimoine forestier a triplé en 100 ans. Nous devons garder une force économique pour cette forêt. La Chambre d'agriculture est pleinement engagée dans cette dynamique notamment dans le cadre du programme régional sur la valorisation du bois et territoire".
Quant au Préfet Yvan Cordier, il a assuré que la forêt était une priorité de l'État et du Gouvernement ; elle fait également partie des 6 priorités identifiées lors de la deuxième Conférence des parties régionale qui s’est réunie le 31 janvier sous l’autorité de la préfète de région à Lyon.
"Le changement climatique va 10 fois plus vite que la migration naturelle des arbres"
Cette journée a permis de parfaire les connaissances de tous sur la forêt de notre département et surtout de découvrir tous les changements qui sont à l'œuvre dans les bois. Depuis, une dizaine d'années, le dépérissement affecte certaines forêts et essences. Peu rassurante, Catherine Lenne, maître de conférences à l'université de Clermont-Auvergne et chercheuse au laboratoire PIAF (Physique et physiologie Intégratives de l'Arbre en environnement Fluctuant), atteste que la crise sanitaire se dégrade en France avec des taux de mortalité des arbres en hausse. Toutes les forêts sont impactées et le phénomène est mondial. Le stress de l'arbre (qui peut provoquer une rupture hydraulique dans sa colonne d'eau), causé par des sécheresses ou canicules, constituant le point de bascule vers un dépérissement.
Quant à l'avenir de la forêt, tout dépend de la politique climatique qui sera conduite.
"Étant donné que le changement climatique va 10 fois plus vite que la migration naturelle des arbres, il faut agir vite ! Quant à la variabilité génétique, il apparaît difficile d'identifier les arbres résistants aujourd'hui".
Dans ces conditions, Catherine Lenne conseille de s'orienter vers un renouvellement des espèces et des pratiques forestières.
L'adaptation passera par la sylviculture
Olivier Baubet, chef du pôle santé des forêts à la DRAAF, qui a signalé l'existence d'un dispositif de surveillance des forêts depuis 35 ans, identifie 3 menaces qui imposent de développer des actions de prévention et de surveillance : les aléas climatiques extrêmes, les changements brutaux de pratiques sylvicoles, les parasites exotiques et invasifs.
"Les forêts de notre région sont malmenées et l'adaptation passera par la sylviculture. Continuez à croire en la forêt. Ne paniquez pas, réfléchissez avant d'agir" a signalé Olivier Baubet en direction des forestiers présents.