Se mettre au chaud le plus vite possible
Le Stade aurillacois fait ses débuts la semaine prochaine à Jean-Alric, face à Rouen, pour un exercice qui s'annonce encore compliqué, notamment une fin de saison âpre sur le papier.
Ne demandez pas à Christian Millette de changer son discours. Il ne le fera pas, martelant encore une fois que le Stade aurillacois aura comme objectif d'aller chercher la sixième place, première porte d'entrée à la course à la qualification.
Pour ce faire, le club a enregistré les arrivées de Heath Backhouse (Albi, deuxième ligne), Yohann Gbizié (Massy, troisième ligne), Thomas Cretu (Stade français, pilier), la prolongation de prêt pour Robert Rodgers (Montpellier)... et Cameron Dodson qui, bien qu'arrivé comme joker médical l'an dernier, est resté au Stade. L'ancien des Wasps se posant sans conteste comme la plus grosse recrue de la saison à venir.
Ceci étant, le président Millette a également confirmé que la porte restait ouverte à la venue d'un trois-quart centre, mais également qu'il comptait beaucoup sur la génération des Espoirs championne de France en 2022. "On travaille et on investit depuis longtemps au niveau de la formation. Cela fait un moment qu'on en récolte les fruits, mais là, cela va s'accentuer", confirme le président, et même si les départs ou les arrêts ont été importants, cela reste "sans inquiétude particulière pour nous", assure-t-il, assez confiant.
Entre gestion en "bon père de famille"...
Pour autant, le président n'est pas dupe d'un environnement de plus en plus compliqué, tant sur le plan sportif que financier. Nul doute que la gorge a dû se nouer lorsque la Ligue nationale de rugby a présenté le calendrier début juillet. Si le Stade débutera, ce qui est rare, à domicile face à Rouen, que les matches aller seront plus nombreux qu'à l'accoutumée (8/15), il ne faudra pas perdre de vue que la fin sera, elle, terrible.
Sur les six derniers matches, quatre déplacements et pas des moindres (Biarritz, Grenoble, Brive, Valence-Romans) et deux réceptions tendues (Béziers et Montauban). Pas besoin d'être un grand expert pour se rendre compte que si le Stade n'a pas engrangé plus de 60 points avant la réception de Provence rugby le 29 mars 2024, le banc rouge et bleu risque de beaucoup transpirer.
Mais rien ne sert de tirer des plans sur la comète. La projection n'a d'ailleurs jamais été le maître-mot du club où l'on avance même pas bloc par bloc, mais plutôt match après match. Alors revenons sur cette saison avec cette fois le point de vue du président. Christian Millette avait mis les points sur les i lors du dernier match à domicile la saison dernière. Il vient cette fois de (re)mettre les barres sur les t en abordant le volet économique.
"La situation est difficile pour beaucoup de clubs. Mais pour rappel, et ça c'est ma fierté, le Stade aurillacois est le seul club français à avoir toujours eu une situation nette positive. Ce qui est toujours le cas, mais ce qui reste exceptionnel car chaque saison, il faut recapitaliser. Recapitaliser, je n'en ai pas les moyens. Il faut donc savoir gérer en bon père de famille en ne dépensant que l'argent que l'on a", citant en exemple l'investissement dans deux "machines à jetons" disponibles prochainement à Jean-Alric).
"Ce que je mets dans ces machines à jetons, je ne peux pas le mettre ailleurs", rappelant au passage que le Stade payait beaucoup de choses sur une année. Et d'insister : "Le Stade aurillacois fait une très mauvaise saison sur le plan économique la saison dernière. Après avoir renfloué, parce que j'avais mis quand même pas mal de provisions de côté, on va présenter au final une situation financière avec un déficit de l'ordre de 300 000 EUR sur la S.A. et entre 80 000 et 100 000 EUR sur l'association."
... et sonnette d'alarme
Alors, le président tire la sonnette d'alarme, "c'est fini, on ne peut plus continuer comme cela", appelant au passage partenaires publics et privés à mettre la main à la poche, "sinon il n'y a plus, demain, de club professionnel". Pour cela, le président s'appuie sur le constat "d'une association déficitaire chroniquement", mais dans le même temps, "je demande à ce qu'on développe la formation, les jeunes, d'ouvrir les sections féminines... tout cela nécessite des moyens".
Pour être tout à fait précis, Christian Millette a besoin d'aller chercher "250 000 euros de plus en partenariat, chez les institutionnels 100 000 à 120 000 EUR et d'attirer du public, pour (re)remplir le stade. Aujourd'hui, notre vrai souci, c'est le public, que ce soit au niveau des abonnés ou de la fréquentation."
Avant Covid, le budget public "pesait en gros 450 000 EUR, dont 250 000 EUR d'abonnements". L'an dernier, "on était à 230 000 EUR, dont 130 000 EUR d'abonnements". Pas besoin de faire un dessin si la tendance ne s'inverse pas, d'autant plus quand la masse salariale a, elle aussi, pris un gros coup de rape. Mais dans l'esprit du président, les choses sont claires : "Réduire la masse salariale, cela ne veut pas dire réduire ni les ambitions, ni les objectifs. Je pense qu'on a des joueurs et jeunes de qualité et qui vont surprendre."
Alors, la mobilisation générale est demandée pour que le Stade aurillacois reste encore très longtemps un bastion de Pro D2.