#SauvezLesAgri : la FNSEA et JA annoncent une suspension de la mobilisation
Après 3 jours de blocage des raffineries du pays, la FNSEA et les JA annoncent une suspension de la mobilisation. Ayant obtenu des avancées, ils attendent toutefois d'autres engagements du Gouvernement pour défendre leur revenu.
Après 3 jours de mobilisation du réseau FNSEA/JA pour bloquer les raffineries en France, les 2 syndicats ont appelé leur réseau à suspendre leur action de manière progressive. Une rencontre a en effet eu lieu la nuit du 12 au 13 juin avec Stéphane Travert Ministre de l'Agriculture, et après de nombreuses heures de négociations, des avancées ont été obtenues même si l'ensemble n'est pas complètement satisfaisant. La FNSEA et les JA resteront vigilants sur la suite des évènements, et pourraient reprendre la mobilisation si nécessaire.
« Ce matin, nous appelons le réseau à suspendre le blocage de manière progressive et organisée comme nous savons le faire, car nous sommes des syndicats responsables », c’est avec ces mots, prononcés par Jérémy Decerle, président de Jeunes Agriculteurs (JA), le 13 juin au matin, que prend officiellement fin le feuilleton des négociations entre le ministre de l’Agriculture, la FNSEA et JA, qui avait débuté la veille dans l’après-midi.
Mardi 12 juin, à 15 heures, Stéphane Travert a reçu une première fois les responsables des deux organisations afin d’entendre leurs revendications et les raisons de la mobilisation syndicale, entamée dans la nuit de dimanche à lundi. Un second rendez-vous a été calé le soir même. A 23h30, après plusieurs heures de réunion stratégique, les responsables de la FNSEA et de JA sont arrivés, au ministère ; la réunion a duré plus de trois heures trente. Aux alentours de 3h15 du matin le rendez-vous prend fin.
La FNSEA et JA donnent rendez-vous aux journalistes le lendemain matin à 9h30 pour une conférence de presse qui se déroulera après le bureau de la FNSEA.
Un résultat partiellement satisfaisant
« Nous avons conduit une action syndicale méthodique et exemplaire, avec un seul mot d’ordre : lutter contre les distorsions dont sont victimes les agriculteurs », déclare Christiane Lambert en ouverture de la conférence avant que Jérémy Decerle annonce la suspension des blocages. Il a salué la mobilisation et l’organisation de chacun sur le terrain. Christiane Lambert a souligné que le résultat n’était pas complètement satisfaisant ; « il y a eu des points d'avancée, des points de déception et des engagements à travailler davantage ».
Elle a ensuite énoncé les points positifs et négatifs. Les deux organisations ont obtenu une orientation du volet agricole du GPI (Grand Plan d’Investissement) prioritairement sur l’accompagnement des investissements des agriculteurs, pour la mise en œuvre des plans de filière (toutes filières confondues). Des rendez-vous seront fixés fin juin avec l’ensemble des filières. Stéphane Travert s’est engagé à reprendre les travaux du Corena, (Comité de rénovation des normes agricoles). Une lettre de mission sera adressée par Edouard Philippe au président du Corena, impliquant les quatre ministères concernés (Santé, Travail, Environnement et Agriculture et Alimentation), prévoyant des études d’impact technico-économique, avant tout projet de nouvelles normes. « Une réunion du Comité est prévue le 13 juillet prochain », annonce Christiane Lambert. Autre point important, le ministre s’est engagé à ce que le gouvernement français soit porteur à Bruxelles d’une demande de réduction des plafonds d’importation d’huile de palme en Europe. Sébastien Lecornu, présent au premier rendez-vous s’y est engagé. Il s’agit pour Christiane Lambert d’une ambition forte. A ce sujet, elle attend que les ministres poussent Total à revoir à la hausse l’utilisation de colza payé au tarif EGA, avec la prise en compte des coûts de production. Elle précise que dans le courrier du ministre est inscrit que la France portera d’une voix forte, la limitation de l’ensemble des importations distorsives. Sur ce point, les agriculteurs ne sont pas complètement satisfaits, ils attendent un message fort du gouvernement, notamment du président de la République pour qu’il réaffirme que l’agriculture française est importante et qu’il est donc nécessaire de maitriser les importations.
Le gros point de déception pour les deux organisations, concerne les distorsions sociales. « Nous n’avons pas obtenu un allègement du coût du travail pour les employeurs de travailleurs saisonniers », précise la présidente de la FNSEA. Elle annonce tout de même l’ouverture de discussions techniques sur les conséquences de la suppression annoncée du CICE pour les employeurs de main d’œuvre saisonnière.
Une mobilisation suspendue mais pas stoppée
Les responsables syndicaux espèrent entendre une parole forte du président de la république pour qu’il donne sa vision de l’agriculture. Une vision que Samuel Vandaele, secrétaire général de JA, espère en faveur « de la diversité de l’agriculture française, le pays aux 1 000 fromages dont les agriculteurs sont si fiers ». Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, souligne que le mot « suspendre » est un mot important ; « nous sommes prêt à y retourner, nous devrons vérifier que les politiques tiennent leur parole. Nous avons acté un certain nombre de points, mais tout n’est pas satisfaisant », ajoute-t-il. « Nous sommes des gens de terrain et de parole, ce qui est écrit dans ce courrier nous y serons vigilants, nous voulons des actes », a aussi affirmé Samuel Vandaele, après avoir rappelé que le courrier mentionnant les engagements du ministre et du gouvernement n’avait toujours pas été signé au moment où il s’exprimait. Le feuilleton n’est donc pas encore complètement terminé la FNSEA et JA restent sur leur garde et semblent prêts à relancer un nouvel épisode si la parole politique et les engagements ne sont pas respectés.
Une centaine d'agriculteurs altiligériens
Les adhérents du réseau FNSEA-JA de Haute-Loire, du Puy-de-Dôme, du Cantal, de l’Allier, de Lozère, de Haute-Vienne, de Creuse et de Corrèze se sont relayés jour et nuit pour bloquer le dépôt Total de Cournon d'Auvergne dans le Puy-de-Dôme. Les agriculteurs altiligériens de l'est du département se sont joints à leurs collègues de Rhône-Alpes poiur bloquer le site de Feyzin.
C'est une centaine d'agriculteurs et agricuktrices de Haute-Loire qui se sont engagés dans cette mobilisation, aux côtés de leurs responsables départementaux et régionaux.