Point de vue
Sabine Tholoniat : " Et à la fin c’est encore le producteur qui trinque… "
Sabine Tholoniat produit du lait bio dans l’est du Puy-de-Dôme qu’elle livre pour partie à Sodiaal. Présidente de la FNSEA63 et engagée à la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, elle déplore la décision de la coopérative. D’abord sur la forme, " communiquer via un simple courrier alors que certains administrateurs n’étaient à priori même pas au courant cela démontre à quel point le relationnel entre Sodiaal et ses producteurs s’est détérioré ". Sur le fond, enfin, elle dénonce une attitude irresponsable : " On ne demande pas au producteur de s’engager à fond sur des volumes pour que deux ou trois ans plus tard, on se rende compte qu’il y en a trop. Nous avons bâti des contrats de plans, nous avons été accompagnés, nous avons fait des études y compris en matière d’autonomie alimentaire. Les volumes estimés étaient connus. Et aujourd’hui, on nous impose une baisse de rémunération car la stratégie de l’entreprise a été défaillante ". Cette décision arrive au moment où les charges y compris en bio flambent dangereusement. " C’est un très mauvais signal envoyé aux producteurs qui interroge sur la pérennité de la production laitière dans nos zones. Cela ne donne pas envie aux éleveurs de continuer dans la démarche, s’ils sont soumis à un cahier des charges extrêmement contraignant et que derrière leurs produits ne sont pas valorisés ". Plus profondément, c’est le modèle mutualiste qui est ébranlé selon Sabine Tholoniat : " l’agriculteur qui s’engage dans une coopérative croit encore aux valeurs du mutualisme où la somme de petites productions conduit à un grand projet. Aujourd’hui, il n’y a plus de grand projet ". Le bio se révèle donc un eldorado fragile que les pouvoirs publics ont pourtant largement alimenté. " Il y a une incohérence entre les objectifs affichés par les pouvoirs publics et la réalité de la consommation ".