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Revenus agricoles : l’arbre 2011 qui cache la forêt

Si le revenu moyen des agriculteurs de la ferme France s’est légèrement amélioré en 2011, ce redressement masque une grande diversité entre régions et productions.

© Agra presse
C’est une agriculture plus diverse que jamais qui a été présentée par la Commission des comptes de l’agriculture le 4 juillet. Une diversité de revenus surtout. La commission en a montré l’ampleur. Autour d’une moyenne de 32 500 € l’an pour le revenu courant avant impôts des exploitants (par actif non salarié), les écarts sont énormes. Par spécialités tout d’abord : tandis que les viticulteurs atteignent, en moyenne, 58 000 €, les arboriculteurs plafonnent à 10 900 € et pour les producteurs de légumes, c’est une vraie année noire avec un résultat courant affiché de 8 100 €. Les producteurs de bovins à viande sont à peine mieux lotis à 15 400 € mais leurs collègues laitiers s’en tirent bien avec près de 30 000 €. En 2011, la situation était encore correcte, selon les statistiques du ministère de l’Agriculture, pour les producteurs de porcs ou de volailles, avec un résultat courant aux alentours de 32 000 €.

Un revenu local inférieur de 30%à la moyenne nationale

Cette diversité se retrouve aux niveaux régional et départemental. Si la Basse-Normandie et la Bretagne ne s’en tirent pas trop mal avec des résultats dans la moyenne française, les revenus en Pays de Loire dégringolent à 25 900 €, sans doute en raison de la part des fruits et légumes. C’est bien modeste, évidemment, comparé à la région Cham-pagne-Ardenne (95 700 €) avec des revenus qui explosent pour les viticulteurs champenois. À l’autre extrême, la Dordogne, le Lot-et- Garonne, les Pyrénées Atlantiques, le Tarn-et-Garonne culminent aux alentours de 15 000 € par an. Encore l’effet fruits et légumes. Et en Auvergne ? Avec 23700€ de revenu moyen courant par actif non salarié, les producteurs auvergnats voient leur situation se redresser très légèrement mais avec un revenu qui dépasse à peine le niveau de 1990... Le Cantal suit cette tendance avec un revenu moyen à 23500€ (quasi identique à celui de 1990), soit près de 30%inférieur à la moyenne nationale. Et si l’année 2011se finit mieux que 2010pour les agriculteurs cantaliens (+2200 €), il faut y voir sans doute l’effet conjugué du bilan de santé de la Pac, des aides sécheresse qui ont permis de tamponner en partie l’impact de la sécheresse et d’une production laitière qui a bénéficié d’une conjoncture favorable tant en matière d’attributions laitières que de prix. Sans pour autant, pour les producteurs de lait du département, profiter à plein de cette embellie. En effet, même pour des domaines qui s’en sortent plutôt bien, le phénomène régional est manifeste. Ainsi, si le secteur laitier a profité de la bonne forme des prix du lait pour enregistrer une hausse conséquente des revenus des éleveurs en 2011 (29 900 € en moyenne), ceux-ci sont une nouvelle fois très disparates selon les régions de production. Ils ont certes augmenté dans l’ensemble de la France, mais pas pour les mêmes raisons. Les zones de plaines, par exemple, ont profité d’accès à des volumes supplémentaires plus importants que les zones de montagne depuis 2009. Les plus grandes exploitations profitent par ailleurs d’une bonne dilution de leurs charges (restées élevées en 2011).

Les prix du lait profitent avant tout aux zones de plaine

La situation est toute différente en zone de montagne. Les exploitations sont moins préparées à la hausse des volumes mais elles profitent d’aides Pac plus avantageuses depuis 2010 (article 68, aide à la production laitière en montagne, etc). Ces aides composaient d’ailleurs la moitié de la hausse des revenus des éleveurs en zone de montagne entre 2009 et 2010. En comparaison, en plaine, seuls 8 % du gain de revenu provenaient de la variation des aides directes. Ce qui fait dire à Patrick Bénézit, président de la FDSEA du Cantal, qu’il faut continuer de pousser une politique agricole commune très favorable en direction de l’élevage laitier des zones de montagne. Outre le résultat 2011, ces différences de revenu entre les France laitières pourraient préfigurer de leurs résistances face à la dépréciation du prix du lait des derniers mois. Les grandes exploitations ont en effet investi plus lourdement pour assurer une hausse de leurs productions, par conséquent, elles seraient les plus touchées par cette crise. Néanmoins, ces exploitations ont en grande partie pu épargner durant l’année 2011, elles sont donc plus préparées qu’en 2009. Leur santé dépendra avant tout de la durée des phases basses des prix du lait.

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

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