Résine de pin : la gemme qui ravive l'attrait d'un arbre mal-aimé
Depuis plusieurs mois, le Syndicat Mixte du Pays des Cévennes et le Pôle d'Équilibre Territorial Rural (PETR) Sud-Lozère mènent une expérimentation pour évaluer la qualité de la résine des pins maritimes. Une première étape qui pourrait laisser espérer, à terme, une nouvelle filière pour les forêts de ces territoires.
Mal aimé. Planté dans les années cinquante pour étayer les mines des vallées cévenoles, le pin maritime reste aujourd'hui encore un symbole de la déprise agricole du territoire - pin maritime qui occupe près de 7 000 hectares en basses Cévennes. Une image que les élus du territoire espèrent bientôt changer, en cherchant de nouveaux débouchés pour le résineux. Et justement, c'est la faculté de l'arbre à produire de la résine qui intéresse les établissements publics cévenol et sud lozériens. Ensemble, ils ont lancé un projet pour étudier la qualité de la résine des pins maritimes des Cévennes. La « gemme » de pin se compose de deux éléments. Une partie solide, la colophane, est utilisée dans l'élaboration de cire ou de films alimentaires. Quant à l'oléorésine, elle se transforme, une fois distillée, en huile de térébenthine, aux vertus médicinales et cosmétiques.
Si l'on retrouve dans l'Antiquité des traces du métier de résinier en Lozère, cette activité n'a jamais bénéficié ici du développement qu'elle a connu dans les Landes. Jusque dans les années soixante-dix, elle offrait sur la façade Atlantique un débouché prospère pour plus de 10 000 personnes avant de disparaître devant la concurrence internationale. Mais certains s'emploient aujourd'hui à faire revivre l'activité, comme l'entreprise Holiste. À première vue, l'activité qu'Holiste développe, « le bol d'air Jacquier » - un masque à usage médical améliorant l'oxygénation des cellules - peut sembler bien éloignée de la forêt. Pourtant, le principal consommable de cette technologie est précisément l'huile essentielle de térébenthine.
Pour assurer son approvisionnement, Holiste a donc lancé depuis cinq ans une activité de gemmage dans les Landes. « On perce un trou assez profond à travers l'écorce jusqu'aux couches intérieures du pin, on ajoute un activant naturel pour ralentir la cicatrisation » explique Luc Leneveu, responsable du programme « biogemme » pour Holiste. Il suffit ensuite d'accrocher à l'arbre une poche pour recueillir la résine qui va s'écouler pendant plusieurs semaines. La récolte s'étend du printemps à l'automne et complète bien la saison des travaux forestiers. « Nous embauchons quatre gemmeurs pour une récolte de 55 tonnes sur 18 000 pins » détaille Luc Leneveu.