Rencontre avec le conseiller agricole du Premier ministre
Le Premier ministre Édouard Philippe était à Felletin au lycée des métiers du bâtiment, le 5 avril dernier, en compagnie de la ministre de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales Jacqueline Gourault, pour signer, avec les parlementaires et les présidents du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, du Conseil départemental de la Creuse, des EPCI et des maires, le plan de revitalisation du bassin d’emploi de la Creuse.
Initié par le président de la République Emmanuel Macron en octobre 2017, ce plan est la concrétisation d’un travail de co-construction autour de 96 engagements de l’État et 118 projets concrets pour le territoire creusois dans les domaines de l’agriculture, de l’économie, de la transition écologique, du numérique ou de la santé.
Alors que le Premier ministre était « attelé » au Plan Particulier pour la Creuse (PPC), les responsables agricoles étaient pour leur part occupés avec son conseiller technique en charge des questions agricoles, Julien Turenne.
Une occasion de lui rappeler combien l’agriculture creusoise a souffert des difficultés économiques et climatiques au cours de l’année 2018 et s’apprête, peut-être, à revivre le même phénomène pour 2019.
La délégation de responsables, composée des représentants de la FDSEA avec Thierry Jamot et Christian Arvis, des JA avec Michael Magnier et de la Chambre d’agriculture avec Jean-Marie Colon et Joël Bialoux, a très vite abordé les sujets d’actualité et notamment les États Généraux de l’Alimentation. Un dossier qui tient particulièrement à cœur les responsables pour qu’enfin on puisse parler du revenu des agriculteurs en prenant en compte le coût de production.
« Nous devons aller très vite dans la mise en place du calcul de ces coûts de production, mais nous devons aussi le faire redescendre aux agriculteurs. Il ne faut plus laisser aux grands distributeurs le soin de s’accaparer notre marge » a dénoncé le secrétaire général Christian Arvis.
Au sujet de la sécheresse, les éleveurs craignent que le même scénario se reproduise pour 2019 en raison du manque de pluviométrie de cet hiver. Pour pallier toute éventualité, les responsables réclament depuis longtemps des assouplissements réglementaires pour permettre aux éleveurs d’aménager des points d’abreuvement et créer des retenues collinaires a souligné Thierry Jamot. Même si le dossier reste ouvert selon le ministre de l’Agriculture, « nous devons aller plus vite et plus loin a martelé Joël Bialoux, tout en rappelant que « de nombreux freins restent encore à lever et notamment avec les agences de l’eau et les associations environnementales ». Sur le volet installation, le président des JA précisait : « nous attendons des réponses et en particulier sur le renouvellement des générations, alors que pour l’installation, il y a 3 départs, nous devons inverser les tendances », dénonçait Michael Magnier. Puis au sujet de l’agribashing, il a dénoncé ouvertement l’attitude inacceptable et inexcusable d’un animateur TV – le gourou des végans – qui ne cesse de critiquer l’élevage français. « Je ne paye pas une redevance TV pour que l’on critique mon métier » dénonçait le président des JA.
Une avalanche de questions pour le conseiller Julien Turenne qui a pris le temps de répondre sur de nombreux sujets évoqués. Tout d’abord en rappelant que « des décisions sont en train d’être prises contre ceux qui dénigrent l’élevage, mais nous devons communiquer autrement sur notre agriculture ». Quant aux EGA, « les ordonnances ont déjà été signées pour certaines d’entre elles, mais il reste encore à faire. Mais ce n’est pas à l’État de fixer les coûts de production mais bien aux interprofessions. Mais nous serons là pour veiller aux équilibres » a-t-il précisé.
Pour le secrétaire général Christian Arvis, « la seule démarche qui tient ses promesses, c’est celle des éleveurs engagés initiés par la FNB, mais alors lorsque le marché de la viande bovine s’ouvre sur la Chine, pourquoi les entreprises françaises ne sont-elles pas ou peu présentes ? La France ne serait-elle pas capable d’aller sur l’exportation ? » Réponse embarrassée du conseiller, « nous incitons les entreprises françaises à s’engager, mais elles restent parfois un peu frileuses. » À qui la faute !