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Accueil à la ferme
Réglementation trop restrictive pour l'accueil d'enfants à la ferme 

La présidente de l'ADAF a invité la députée altiligérienne Isabelle Valentin sur l'exploitation de Lise Russier
au Mazet-St-Voy, pour aborder une faille dans le réglementation sur les gîtes d'enfants.

C'est un simple point de réglementation de l’article 227-1 du Code des Actions Sociales et des Familles, encadrant l’accueil d’enfants à la ferme, qui compromet cette activité pourtant indispensable tant pour les enfants, que pour leurs familles d'accueil ou foyers, ou pour les agricultrices et agriculteurs engagés dans cette formule de gîtes d'enfants.

Pour -une fois de plus- dénoncer ces mesures trop restrictives, voire le vide juridique autour de ce type d'accueil, et essayer de débloquer une situation gelée depuis 2 ans, la présidente de l'ADAF (Association départementale d'Accueil à la Ferme) Denise Souvignet accompagnée de Lise Russier agricultrice au Gaec Salers et Bol d'Air au Mazet-St-Voy, ont rencontré Isabelle Valentin députée de Haute-Loire.

Tous les accueils de week-end stoppés

Les deux agricultrices ont rappelé que ce type d'accueil existe depuis l'après-guerre. En Haute-Loire, on comptait dernièrement 6 exploitations avec une activité de gîte à la ferme spécifiquement orientée vers l'accueil d'enfants. "Tout se passait bien, demandes grandissantes, retours très positifs, enfants envieux de revenir régulièrement… jusqu'au jour où l'Aide Sociale à l'Enfance du Puy en Velay s'aperçoit qu'il n'existe pas d'agrément, pas de texte qui encadre ces types d'accueils sur des week-ends. L'agrément Jeunesse et Sports (DDCSPP) n'est valable que pour des séjours de vacances de 4 nuits consécutives" expliquent-elles. "L’ASE décide donc en novembre 2019 de stopper tous les accueils de week-ends, mettant en difficulté les familles d’accueil qui ont besoin de se ressourcer à cause de leur profession difficile 24h/24, mais aussi les enfants car ils trouvaient à travers ces séjours, une soupape régulière et rassurante", et bien évidement les exploitant(e)s qui ont investi dans des structures d'accueil agréées.

Alors que depuis des années, ces familles d'agriculteurs accueillaient des enfants durant toutes les vacances et les week-ends, du jour au lendemain, ils sont confrontés à l'application stricte des textes qui stipulent le nombre d'enfants, de “2 à 6 mineurs“, et la durée de l'hébergement de "4 nuits consécutives ou plus" pendant les vacances. Les agricultrices précisent que rien n'explique ce cadre réglementaire.

Réglementation inadéquate

Cette nouvelle donne est mal vécue car en inadéquation totale avec les besoins des enfants et de leurs structures habituelles d'accueil. 

C'est l'incompréhension totale. "J'ai beau être éducatrice spécialisée avec expérience de 20 ans en Maison d'Enfants, je ne rentre pas dans les cases administratives car je ne suis pas Famille d'accueil ni Lieu de vie", s'agace Lise Russier, qui, comme ses collègues a dû se résoudre à n'accueillir des enfants que pendant les vacances scolaires. Denise Souvignet regrette que ces mesures restrictives aient conduit 4 gîtes sur 6 à arrêter. "Elles ne sont plus que 2 en Haute-Loire, adhérentes à l'ADAF, à poursuivre cette activité : La Ferme de Babeth à Bains et le Gaec Salers et Bol d'Air ici au Mazet".

Isabelle Valentin, qui avait déjà tenté de faire remonter le problème au niveau national après sollicitation de l'ADAF dès 2019, a bien pris conscience de cette situation qui nuit à tous et ne repose que sur quelques lignes d'un texte de loi. "Cet accueil à la ferme répond à un vrai besoin pour des enfants qui sont déjà en difficultés…" note-t-elle.

Elle s'engage donc à réitérer les demandes faites en 2019 et à porter le message auprès des instances concernées pour faire bouger ces lignes, mais elle ne cache pas qu'il est difficile de faire changer une loi et que le parcours sera long pour obtenir un décret. Denise Souvignet et Lise Russier le savent mais continuent à se battre pour faire aboutir leur demande, "d’autant, que toutes les parties sont gagnantes : ce système de garde à la ferme est moins coûteux, l’enfant découvre un nouveau cadre familial, les séjours lui apprennent les vraies valeurs de la vie (efforts, patience, respect, valorisation de soi…), un partenariat se crée avec les équipes éducatives qui n’ont pas toujours le temps de faire un suivi régulier.." autant d'arguments qu'elles mettent dans la balance.

 

Elle a dit…

Denise Souvignet, présidente de l'ADAF 43 :

"Aujourd'hui, en Haute-Loire on ne compte que 2 gites d'enfants, adhérents à l'ADAF, soit une capacité d'accueil très restreinte. Pourtant les demandes sont importantes et cette activité annexe à l'exploitation est intéressante économiquement. Des places sont à prendre.

Accueillir des enfants sur son exploitation et leur faire découvrir la vie d'une ferme, c'est un vrai engagement, mais c'est aussi des moments de partage et d'échanges".

Si vous voulez en savoir plus sur cette activité d'accueil, contactez l'ADAF au 04 71 07 21 00, ou sur bienvenue-a-la-ferme. com 

 

Témoignage…

Lise et Nicolas Russier : "On est là pour eux…"

Lise et Nicolas Russier sont installés en Gaec à Mazalibrand sur la commune du Mazet-St-Voy. "Salers et Bol d'Air", le nom de leur société, résume les deux activités du Gaec à savoir un élevage de 80 vaches allaitantes salers et leur suite avec vente directe de viande et quelques équins, et une activité d'accueil d'enfants à la ferme. Si Lise, auparavant éducatrice spécialisée, est plus particulièrement en charge de l'activité accueil et vente directe, et Nicolas du suivi du troupeau, pour recevoir et encadrer les enfants, toute la famille est mise à contribution. Pour les seconder sur l'exploitation, les Russier embauchent un apprenti et des stagiaires.
Sur cette exploitation entre Mézenc et Lizieux, les enfants peuvent pleinement profiter des bienfaits de la nature et de nombre d'activités de plein-air, de la présence rassurante des animaux et surtout d'un encadrement où disponibilité, écoute, bienveillance, partage sont les maîtres-mots. Lise parle de ces enfants avec une émotion non dissimulée : "On est là pour eux, pour les aider à surmonter leurs peurs, pour leur offrir un lieu et un temps de répit". À la ferme, l'enfant peut "découvrir, expérimenter, apprendre et ainsi reprendre confiance en lui après un vécu personnel chaotique, parfois traumatique". Et d'illustrer à l'aide d'exemples : "certains ont appris ici à faire du vélo ; une petite fille vient depuis 4 ans, elle a “adopté“ un veau devenu vache, et demande régulièrement de ses nouvelles…". Nicolas n'est pas en reste, lui qui les encadre souvent et les fait participer aux tâches agricoles : "ils apprennent autre chose, la patience. Une ferme, c'est un peu une école de la vie".
Pour offrir aux enfants un lieu d'accueil dédié, chaleureux, pratique et sécurisé, le couple Russier a investi dans un chalet aux abords de la ferme. Sous l'œil vigilant de Lise, les enfants peuvent ainsi se retrouver dans cet espace pour se reposer ou partager des jeux, même si la plupart du temps c'est à l'extérieur qu'ils jouent et s'adonnent à des activités diverses : soins aux animaux, jardinage, marches dans la forêt…
Si le gîte d'enfants est une activité annexe à l'exploitation agricole, c'est avant tout pour Lise et Nicolas Russier, un engagement auprès de ces enfants qui ont besoin de se déconnecter de leur quotidien souvent compliqué, et de leurs structures d'accueil (famille ou foyer) qui ont aussi besoin de temps de répit.

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