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FCO-MHE : Des impacts lourds sur les élevages en attendant les assises du sanitaire animal

Alors que l'on mesure tout juste l'impact sanitaire des épizooties de FCO et MHE, des assises du sanitaire animal sont prévues pour fin janvier. 

homme avec une seringue.
La vaccination demeure la meilleure parade pour enrayer les épizooties.
© Réussir

Maladie hémorragique épizootique (MHE), fièvre catarrhale ovine (FCO), grippe aviaire… depuis plusieurs années, maintenant, les éleveurs font face à la multiplication des épizooties qui entraînent des conséquences non négligeables. Preuve en est avec une première évaluation* publiée le 7 janvier par la plateforme Épidémiosurveillance en santé animale (ESA) mesurant les impacts sanitaires de la FCO (sérotypes 3 et 8). L’enquête de terrain relève une « forte variabilité » tant en filière ovine que bovine. Chez les ovins, la mortalité peut aller de 0 à 35 % des animaux malades pour la FCO‑3, et de 0 à 33 % pour la FCO‑8. « La mortalité chez les brebis est présente dans au moins la moitié des élevages enquêtés », indique la plateforme ESA, et elle « peut être très importante dans certains cheptels ». Chez les bovins, « la mortalité chez les [animaux] adultes semble limitée à l’échelle collective », malgré des pertes importantes dans certains élevages. Elle peut atteindre 0 à 50 % pour la FCO‑3 et 0 à 29 % pour la FCO‑8. L’étude a aussi montré que les éleveurs ont observé des avortements, sans pouvoir les relier directement à la maladie (en bovins, au moins 44 % pour la FCO‑3 et 20 % pour la FCO‑8 ; en ovins, 7 % pour la FCO‑3 et 15 % pour la FCO‑8). Autant d’impacts qui interpellent dans le monde de l’élevage et au-delà et qui demandent certainement davantage d’anticipation pour prévenir les épizooties et protéger les troupeaux. C’est en ce sens qu’en novembre dernier, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard a annoncé la tenue d’assises nationale du sanitaire animal le 30 janvier 2025.

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Baisse des effectifs bovins 

Un rendez-vous d’autant plus primordial que les premiers effets des maladies vectorielles sont observés sur les effectifs nationaux de bovins selon l’Institut de l’élevage (Idele). Alors qu’il ralentissait depuis le début de l’année, le rythme de décapitalisation est, en effet, reparti à la hausse à l’automne 2024, notamment en raison des maladies vectorielles, indique son bulletin Tendances paru le 20 décembre 2024. L’effectif de vaches allaitantes est ainsi en recul de 1,7 % sur un an au 1er octobre 2024, puis de 2 % un mois plus tard. L’accélération de la décapitalisation est « lié[e] au très faible nombre de génisses entrées dans les troupeaux », explique l’Idele. En raison des épizooties de maladies vectorielles, « la fertilité a été affectée et des avortements se sont produits, en partie chez des génisses», qui ne sont donc pas entrées dans le troupeau des mères, relève l’institut technique. En prévision des assises, rendez-vous attendu par la profession, le ministère de l’Agriculture a publié en décembre 2024 un rapport sur l’organisation du système sanitaire français. Ce document de plus de 100 pages dresse un état des lieux complet de la situation sanitaire dans les filières animales et propose des pistes d'évolution.

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Les enjeux du sanitaire en élevage

Ainsi, le rapport souligne la nécessité d’avoir une gouvernance sanitaire efficace, tant au niveau national que régional. Il met en lumière la baisse préoccupante du nombre de vétérinaires ruraux. En effet, « selon l’atlas démographique de la profession vétérinaire la population des vétérinaires qui exercent exclusivement ou de façon prédominante dans le secteur des animaux de rente continue de baisser régulièrement depuis 2016 (diminution de 1,2 % entre 2022 et 2023). La part des vétérinaires exerçant auprès des animaux de rente ne représente plus, en 2023, que 15,2 % de l’ensemble des vétérinaires praticiens », souligne le rapport. Autre point crucial dans la lutte sanitaire : la surveillance via la plateforme ESA, qui coordonne 21 dispositifs de surveillance dans neuf filières et assure une veille internationale. En effet, le rapport rappelle que « la surveillance épidémiologique est essentielle pour documenter une situation sanitaire et permettre la décision d’actions par les acteurs et décideurs de la santé animale ». Le document aborde également l’épineuse question du financement des actions sanitaires, soulignant l’importance de la prévention. Il rappelle aussi que l’intervention des dispositifs de mutualisation existants pour certaines maladies (caisses de secours et FMSE) permet que le reste à charge des opérateurs demeure à un niveau supportable. Ce rapport constitue donc une réelle base de travail pour les futures assises du sanitaire animal. Les participants devront se pencher sur plusieurs thématiques : le renforcement du maillage vétérinaire en zone rurale, l’amélioration des systèmes de surveillance et de prévention, l’adaptation de la réglementation aux enjeux actuels des filières animales et l’optimisation du financement des actions sanitaires. Autant de réflexions qui permettront d’inscrire les assises comme un tournant.

* Les données ont été récoltées en octobre et novembre 2024 par les GDS (groupements de défense sanitaire), par téléphone, auprès de quelque 314 élevages foyers dans 15 départements. Cette première étude porte sur les résultats observés « un à deux mois après le début de la suspicion ». D’autres données sur l’impact à plus long terme (jusqu’à six mois) « seront analysées ultérieurement ».

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