Sociologie
Qui sont les éleveurs et éleveuses d'aujourd'hui ?
Les données récoltées par le projet Entr’ACTES (Idèle), permettent de définir quatre profils dominants chez les éleveurs, qui serviront de base pour la création d'outils adaptés afin de les former et les accompagner dans le changement de leurs pratiques.
Les données récoltées par le projet Entr’ACTES (Idèle), permettent de définir quatre profils dominants chez les éleveurs, qui serviront de base pour la création d'outils adaptés afin de les former et les accompagner dans le changement de leurs pratiques.
Lancé en 2022 pour une durée de cinq ans, le projet multi-partenarial "Entr’ACTES", piloté par l'Idèle, a pour objectif d'apporter aux professionnels des filières d'élevage les connaissances et outils nécessaires pour accompagner au mieux les exploitants dans l’évolution de leur système d'exploitation et leur communication, dans un contexte de fortes attentes sociétales.
Le projet a débuté par 80 entretiens semi-directifs menés auprès d'éleveurs volontaires et d’accompagnants du Grand Ouest (Bretagne, Pays de la Loire et Centre-Val de Loire), toutes filières et tous systèmes confondus, pour comprendre leur vision des choses et leurs besoins. Quelles sont leurs sources d'épanouissement ? Leurs difficultés ? Leur lien avec la société ? Leur attitude vis-à-vis du changement des pratiques ?
Quatre profils d'éleveurs
Dans l’ensemble, les participants se disent tous agacés vis-à-vis des attentes sociétales, auxquelles ils estiment répondre. Inquiets pour l'avenir de leurs métiers (rémunération, renouvellement, importations…), tous expriment des besoins différents, en termes d'accompagnement.
Après une analyse détaillée de chaque témoignage, quatre profils dominants ressortent (lire ci-dessous). « C’est une première typologie qui peut encore évoluer » précise Manon Fuselier, ingénieure à l’Idèle et doctorante en sociologie.
Les animaliers communicants
Souvent, l’« animalier communicant » est une femme, installée depuis plus de 10 ans dans la ferme familiale, en système conventionnel et collectif. Passionnée par le travail avec les animaux, elle adopte naturellement des pratiques améliorant le bien-être animal, et revient facilement en arrière si quelque chose ne fonctionne pas. Souvent, l'aspect financier est un frein à la mise en place de projets à l'échelle du fonctionnement global de l'exploitation.
Agacée par les critiques sociétales, elle souffre d'un manque de reconnaissance, ce qui ne l’empêche pas de communiquer sur son métier par le biais du bénévolat, des réseaux sociaux ou durant des portes ouvertes.
Les commerçants contraints
Installé de longue date sur la ferme familiale, le « commerçant contraint » travaille souvent en système extensif et est passionné par la production de produits de qualité et leur commercialisation. Débordé par la charge de travail, il réfléchit souvent à la façon d'en améliorer les conditions en vue de transmettre son exploitation, sans gros investissement. Il est également ouvert à l'adoption ponctuelle de pratiques peu contraignantes pour réduire son impact environnemental. Peu impliqué dans les collectifs (agricoles ou autres), il trouve la reconnaissance qu'il cherche auprès de ses clients et considère que c'est aux consommateurs de payer plus pour financer les pratiques qu'ils exigent.
Les entrepreneurs flexibles
Dans cette catégorie, on commence à trouver quelques installés hors-cadre familial. L'entrepreneur flexible est passionné par la technique et cherche sans cesse à optimiser son système. Il commercialise ses produits majoritairement en circuit long et n'hésite pas à communiquer et capter les tendances du marché (changement de label, de filière, etc). Il est constamment dans la recherche de nouvelles pratiques, notamment culturales, pour s'adapter au changement climatique et protéger l'environnement et la santé. Pour lui, la méconnaissance des métiers agricole est due au manque de communication de la part des professionnels et agriculteurs.
Les paysans-citoyens
Le "paysan-citoyen" est souvent un jeune hors-cadre installé depuis moins de cinq ans. Passionné par la nature et les animaux, il est adepte de systèmes alternatifs ou proche (AB, plein air, extensif, etc). Il privilégie sa qualité de vie en cherchant le bon équilibre entre vie pro et perso. Très impliqué à l'échelle locale et agricole, il est avant tout porté par ses convictions et cherche continuellement à innover pour le futur, sans retour en arrière, et sans attente d’un retour économique certain. Il croit à l’approche « One Welfare », qui considère que bien-être animal et humain sont intimement liés. Dans l'ensemble, il estime les attentes sociétales légitimes, et communique beaucoup lors de portes ouvertes, marchés, etc…
Et vous, quel éleveur êtes-vous ?