Qu'est ce qui continue à faire le succès des Cuma ?
C’est sans doute le réseau agricole et rural qui a conservé le maillage départemental le plus serré dans le Cantal, répondant à un besoin économique et social.
C’est sans doute le réseau agricole et rural qui a conservé le maillage départemental le plus serré dans le Cantal, répondant à un besoin économique et social.
On en recense plus que le nombre d’écoles dans le Cantal, plus que de commerces aussi, plus également que de clubs de foot... Au dernier recensement de 2023, le département comptait ainsi 193 Cuma(1), qui, dans une société présentée comme de plus en plus individualiste, font figure d’exception. Rôle social, atout économique, vecteur d’innovations.. tant pour leurs adhérents que pour le territoire : les Cuma sont un modèle unique et moderne, qu’aucun autre secteur d’activités n’a développé et que les agriculteurs des pays européens nous envient. Une “French touch” trop peu promue d’ailleurs des pouvoirs publics et qui a démontré vendredi 18 octobre à Vézac qu’elle n’a perdu ni en pertinence ni en vigueur dans le Cantal. Pour preuve d’abord, ces près de 200 responsables et membres de Cuma réunis dans la stabulation du Gaec Laverrière Sagette qui recevait l’assemblée générale de la FDCuma, et plus du double le soir à la Halle de Lescudilliers pour célébrer le cinquantenaire de la fédération.
Le tracteur : un effet... d’entraînement
Pour preuve ensuite, le rapport d’activités commenté par Annie Mariot, coordinatrice de la fédération : en 2023, les 193 Cuma cantaliennes ont généré un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros, en hausse du fait principalement de la répercussion du coût du matériel. Après deux années fastes post-Covid (portées par l’augmentation des tarifs du matériel et les soutiens du Plan de Relance et de la Région), les investissements sont revenus à leur niveau de 2019, soit 6,6 millions d’euros pour 250 outils. Dans le Top 10 des outils les plus achetés, la hiérarchie varie peu : benne, faucheuse, rouleau, épareuse, épandeur à fumier... mais aussi tracteur qui devient un incontournable et dont près de quatre Cuma sur dix sont équipées. Le montant des achats des cinq Cuma ayant le plus investi va du simple au double en 2023 : de 205 000 € à 514 000 €, la palme revenant l’an dernier à la Cuma de Carlat-Vézac et ses 15 membres, qui ont accueilli l’assemblée générale (lire L’union du 12 octobre). Au cours de l’exercice écoulé, ce sont 81 dossiers de demande de subventions qui ont été déposés par la fédération pour 57 Cuma : dans 30 % des cas pour du matériel de récolte, 20 % pour l’achat d’un tracteur, 18 % pour du matériel de fertilisation... Sur 4,25 M€ d’investissements subventionnés, le montant des aides a atteint 33 %. Parallèlement, ce sont 4,63 M€ de prêts Agilor qui ont été sollicités et accordés (ultra majoritairement auprès du Crédit agricole Centre France) par 93 Cuma pour 256 matériels.
À noter également, les demandes de subvention déposées par cinq Cuma qui ont choisi de s’équiper d’un bâtiment, dont trois projets avec panneaux et centrale photovoltaïques (surface moyenne des bâtiments : 1 140 m2).
Bâtiment : le “nid” de la Cuma
Un schéma, celui du bâtiment avec toiture photovoltaïque, qui pour le président Éric Lafon, reste l’opportunité à saisir et la marche à suivre pour doter les Cuma “d’un nid”, avec en parallèle, l’embauche d’un salarié-chauffeur pour répondre aux exigences des nouvelles générations. “C’est le virage à 180°C que nous devons prendre demain”, a-t-il réaffirmé mesurant tout le chemin parcouru en 50 ans et remerciant les fidèles partenaires, notamment financiers, des Cuma : Crédit agricole et Conseil régional.
Tout comme l’équipe salariée engagée dans l’accompagnement au quotidien des Cuma : en 2023, ces dernières sont intervenues dans 158 réunions de Cuma, ont établi 4 400 factures, convoqué 3 700 membres, réalisé 17 calculs de coûts, déposé neuf demandes de Dina (dispositif d’accompagnement).
Ce sont également 50 contrôles pulvérisateurs qui ont été organisés à travers le département, dont environ 20 % ont fait l’objet d’une contre-visite (souvent le jour-même), en parallèle des essais lisier, des journées de démonstration (régénération-sursemis, tonnes à lisier). De même que des journées de formation sur des thématiques diverses : maîtrise des chantiers d’épandage, communication productive en collectif, s’engager et devenir acteur de sa Cuma...
Les administrateurs de la FDCuma s’attellent par ailleurs à promouvoir le modèle cumiste auprès des élèves en formation initiale (journées bac pro lycées, MFR) et adultes (CFPPA), 110 jeunes ont ainsi été sensibilisés l’an dernier. Un enjeu majeur que celui du renouvellement des générations, pour le réseau Cuma, comme pour la profession dans son ensemble : dans les dix années à venir, plus de la moitié des exploitants cantaliens auront atteint l’âge de la retraite (lire ci-dessous).
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