Quel avenir pour la viande chevaline en France ?
À l’occasion du Sommet de l’Élevage, les acteurs de la viande chevaline étaient invités par Interbev Équins à exprimer leurs attentes autour de la production.
À l’occasion du Sommet de l’élevage, les acteurs de la filière chevaline française étaient invités par Interbev Équins à se rencontrer et à débattre autour de l’avenir de leur production. Selon Éric Vigoureux, président d’Interbev Équins : « il est primordial de rassembler les acteurs et relancer un dialogue constructif pour maintenir l’hippophagie face à des menaces de plus en plus pesantes sur la légitimité de la consommation de viande chevaline ».
Viande chevaline : où en est‑elle ?
Le cheptel équin français est estimé à plus d’un million de chevaux mais seulement une infime partie est désormais destinée à la boucherie. Les abattages annuels représentent seulement 10 200 têtes tandis que plus de 40 000 chevaux partent directement à l’équarrissage. En quelques décennies, la viande chevaline, pourtant appréciée des générations précédentes pour ses vertus, est donc devenue un coproduit du secteur équestre. Outre la baisse de la consommation, la diminution des abattages français s’explique également par « des restrictions sanitaires et réglementaires croissantes » selon les éleveurs de chevaux. À cela, s’ajoute aussi le fait que « les propriétaires ont de moins en moins recours à l’abattage pour réformer leurs chevaux ».
Des faiblesses mais de réelles potentialités
La consommation de viande chevaline a fortement reculé ces dernières décennies, forçant à croire qu’elle a quasiment disparu. Pourtant, son marché subsiste encore. « Malgré l’accumulation d’un certain nombre de faiblesses (recul structurel, taux de pénétration et fréquence d’achat faibles, vieillissement des consommateurs) plusieurs éléments factuels confirment l’existence d’un marché potentiel » explique Marianne Orlianges, animatrice d’Interbev Équins. Le premier indice est la présence encore constante de la viande chevaline dans les circuits traditionnels (boucheries hippophagiques ou mixtes), où les achats se maintiennent.
Le second concerne les volumes de consommation des régions Nord et Île-de-France qui représentent à eux seuls 52 % des volumes consommés par les ménages français. « Ce fort régionalisme de la consommation marque l’existence potentielle d’une réserve de consommateurs dans les autres bassins de consommation en France. »
Enfin, les conclusions d’une étude consommateurs réalisée en 2014 en Normandie, indique que « les trois quarts des non-consommateurs n’excluent pas cette viande par choix délibéré, mais par manque de présence à l’esprit ».
La consommation française couverte par les importations
Bien qu’en recul structurel depuis de nombreuses années, la consommation n’est pas le principal frein au développement de la viande chevaline. L’offre en viande française ne peut pas à elle seule satisfaire la demande : ainsi, en 2017, la France a importé 11 100 tec, dont 50 % en provenance de l’Union européenne.
Forts de ce constat, et au travers de l’atelier participatif encadré par l’Idele, éleveurs, négociants, abatteurs, industriels et bouchers hippophagiques se sont interrogés sur les éléments qui pourraient contribuer à assurer la pérennité de leur secteur d’activité. Parmi les nombreuses pistes envisagées ont émergé deux grandes cibles. « Il convient d’argumenter auprès des citoyens et des consommateurs, la durabilité de la production et de la consommation de la viande de cheval. Accepter d’en manger pour le préserver. Ensuite, nous devons accompagner les propriétaires de chevaux et les professionnels du monde équestre pour les responsabiliser sur la fin de vie des chevaux. »