Production animale
Prix du lait 2010 : un mieux sans euphorie
Thierry Boulleau, ingénieur à la Copamac-Sidam, explique les ressorts de la fixation du prix du lait et livre quelques pistes d'analyse.
La grille du prix de base du lait pour l’année 2010 a été « réécrite ». Qu'est ce que cela signifie concrètement pour les producteurs ?
Une grille 2009 déséquilibrée par la crise
Il faut se souvenir que pour fixer le prix du lait payé au cours de l'année, on prend le prix payé l'année précédente auquel on applique les indicateurs interprofessionnels et la « flexibilité ». Il y a de fait un décalage d'au moins un trimestre entre la situation réelle du marché et les indicateurs. Ainsi, si la crise provocant une baisse brutale des prix du lait a débuté dès le début de l'année 2009 elle ne s'est traduite sur le prix du lait payé aux producteurs qu'au deuxième trimestre. Cela a conduit à des prix plus élevés pour les 3 premiers mois de 2009 que les prix de marché et des prix très bas ensuite. Ainsi la grille 2009 était-elle profondément déséquilibrée en raison de ce décalage. Pour fixer les prix 2010, il a donc été convenu de procéder à un rééquilibrage.
Une grille 2010 avec un prix de base (sans application des indicateurs) légèrement supérieur à 2009
Cette réécriture ne signifie pas une baisse du prix moyen sur 2010 par rapport à 2009, au contraire. En effet, la moyenne de prix pour l'année 2010 (avant l'application des indicateurs interprofessionnels qui sont assez nettement positifs au 1er et au 2ème trimestre 2010) s'établi à 277,06 euros soit 53cts de plus qu'en 2009. La réécriture permet simplement d'avoir un prix du lait plus équilibré en 2010 qu'en 2009. Il faut ainsi raisonner sur l'année entière pour bien analyser les évolutions de prix entre les deux années.
Rappelons enfin que sur ces prix de base pour lait en A à 38/32, il faut appliquer les indicateurs interprofessionnels soit + 8,68 euros au premier trimestre, ce qui par exemple ramène le prix de base de janvier 2010 à 303,68 euros pour 1 000 litres. Au second trimestre les indicateurs interprofessionnels devraient être encore largement positifs (de l'ordre de 18 euros/1 000 l). Ainsi, le prix de janvier de cette année est supérieur d'environ 50 euros par tonne à celui de décembre.
Une flexibilité nettement moins forte
Rajoutons aussi qu'à ces prix de base il convient de retirer la flexibilité. La flexibilité qui sera appliquée au cours du 1er semestre 2010 sera beaucoup plus faible qu'en 2009. Passant d'un maximum de - 18 euros/1 000 l à un maximum de - 4,41 euros/1 000 l. Des premiers éléments concernant le deuxième trimestre commencent à transpirer. L'indicateur serait de + 18 euros environ et la flexibilité maximum à 2 euros.
Utiliser toutes les marges de manœuvre à notre disposition
S'il y a un léger mieux sur le front des marchés il faut cependant rester prudents. D'abord sur l'évolution des marchés, étant donné d'une part que l'Union Européenne a des stocks qui pourraient venir perturber la remontée du prix du lait. D'autre part il faut suivre avec attention le prix payé aux producteurs allemands qui pourraient fortement influencer celui des producteurs français.
La situation des producteurs comme celle des entreprises demeure préoccupante comme en témoignent les difficultés rencontrées pour résoudre le problème de la collecte des producteurs de l'URCVL. Il a fallu tout l'engagement de la section laitière de la FRSEA Massif central pour parvenir à une issue favorable. Cependant en ces périodes difficiles, il faudra être attentifs à tout ce qui peut permettre d'accroître la compétitivité de nos systèmes d'exploitation. Il faut optimiser notre prix du lait grâce à une qualité exemplaire. Nous devons réfléchir à toutes les pistes qui nous permettraient d'avoir un prix différent dans nos régions difficiles.