Prévenir les accidents et sinistres en période de chaleur
La France traverse depuis plusieurs semaines des vagues de chaleur importante. Des températures qui favorisent les incidents sur les exploitations agricoles, qu’ils soient liés aux risques d’incendie ou à la santé sanitaire des élevages. D’où l’importance de suivre certaines recommandations.
Échauffement des fourrages
Les fourrages stockés encore humides peuvent fermenter. Cette fermentation entraîne une augmentation de la température qui peut déclencher un incendie. L’échauffement des fourrages compte parmi les premières causes d’incendie dans l’activité agricole. Pour prévenir ce genre d’incident, il est important que le foin coupé reste au moins quatre jours par temps sec en plein air pour atteindre un taux d’humidité de 15 à 20 % avant d’être mis en balles. Le choix du stockage est aussi déterminant avant un temps de séchage des balles ainsi que l’organisation du remplissage du bâtiment. La configuration « idéale » : un bâtiment aéré, ventilé, et si possible sans alimentation électrique. Il doit être séparé mais pas isolé, éloigné du garage des automoteurs avec un RIA (Robinet Incendie Armé) à proximité (plus efficace qu’un extincteur).
Concernant le choix du conditionnement, les balles rondes posent en général moins de soucis que les carrées, plus denses et aussi stockées très serrées, donc plus sensibles à l’échauffement.
N’oubliez pas de surveiller ce stockage en repérant une botte qui monte en température synonyme de dégagement de vapeur et d’odeur de roussi. Vous pouvez utiliser une sonde thermométrique. Procéder par sondage sur l’ensemble du stockage et insérer la sonde au cœur de la botte. Si la température est supérieure à 55°C, le danger d’incendie est élevé. En cas d’élévation de température, sortir les balles en présence des pompiers. En effet, il y a alors un risque d’incendie rapide et généralisé.
Prévenir le coup de chaleur
Chaque année, une partie des éleveurs déplorent des mortalités dues à un « coup de chaleur » dans leurs élevages avicoles. Pour éviter de tels sinistres et se prémunir contre ce risque, la mise en œuvre de mesures de prévention adaptées reste la meilleure option.
Pour limiter les risques sur le bâtiment, votre installation électrique doit être conforme à l’utilisation qui en est faite. Au moins un disjoncteur différentiel doit être installé avant chaque groupe de ventilateurs. S’assurer que le disjoncteur différentiel qui protège le circuit électrique de l’élevage est suffisamment bien calibré. Faites appel à un professionnel pour son installation mais aussi pour une vérification et un entretien annuel. La toiture des bâtiments doit être isolée et de préférence de couleur claire. Les bâtiments d’élevage sont équipés d’une alarme sonore et téléphonique. La ventilation assure un débit d’air d’au minimum 160 m3/m2/h. Selon votre zone géographique, équipez vos bâtiments de système de nébulisation (brumisation pulvérisation moyenne pression...), de filtres humides ou de disque à humidifier. Prévoyez un groupe électrogène capable de prendre le relais en cas de carence de fourniture de courant.
Que se soit avant les grosses chaleurs mais aussi tout au long de l’année, testez régulièrement vos installations (alarme, groupe électrogène, etc...), assurez-vous que les entrées et sorties soient propres et dégagées. Limitez le chargement à la capacité de vos bâtiments, compartimentez afin d’éviter les surdensités, suivez les bulletins météorologiques et n’hésitez pas à appeler Météo France.
Le jour J, observez vos animaux. Ce sont eux qui vont guider votre choix !
Mettez en marche le système de refroidissement (attention au temps humide!). Enclenchez progressivement les ventilateurs et les brasseurs en fonction de la température. Vérifiez si le débit d’abreuvement est suffisant (la consommation des animaux peut parfois doubler) et que sa température ne dépasse pas 20°. Si la litière est humide et croutée, épandez un acidifiant pour limiter les émissions d’ammoniac. Mettez les animaux à jeun et vérifiez que la température ait baissé avant de les réalimenter. Arrêtez le système de refroidissement dès que la température le permet. Coupez progressivement les brasseurs et ajustez le débit des ventilateurs pour réduire les vitesses d’air. Pendant la nuit, maintenez l’éclairage en permanence. Recherchez des températures de consignes de l’ordre de 17 à 20° après emplumement (selon l’âge des animaux) avec des vitesses d’air de l’ordre de 0,3 m/s.
Et attention, n’ouvrez pas les portes d’un bâtiment dynamique ! Ne brumisez pas en l’absence d’un renouvellement d’air suffisant ou par temps humide.
Travaux par point chaud : Attention !
Les travaux par point chaud sont à l’origine de nombreux sinistres incendie qui surviennent en milieu agricole. Il est donc primordial d’assurer une prévention efficace lors de la réalisation de ce type de travaux, par vous-même ou par un tiers.
Les travaux par point chaud concernent les opérations de soudage, de dégivrage au chalumeau, d’oxycoupage, de découpage ou de meulage, générant des étincelles et des élévations de température qui, effectués près d’un matériau inflammable, peuvent très rapidement être à l’origine d’un départ d’incendie. De même, une inflammation peut se produire par conduction de la chaleur. Il est donc important de veiller aux parties invisibles chauffées.
Si vous employez des salariés, vous êtes soumis à une obligation de résultat quant à leur protection.
Avant le travail, nous vous conseillons de procéder à ce type de travaux dans un local séparé et dédié. Les projections de particules incandescentes sont dangereuses jusqu’à plus de 10 mètres. Dégagez et éloignez les matières combustibles environnantes ou en cas d’impossibilité, protégez ou couvrez de bâches ignifugées ou de plaques métalliques tous les matériaux ou installations potentiellement combustibles ou inflammables et, en particulier, ceux qui sont placés derrière les cloisons proches du lieu de travail. Eventuellement, arrosez le sol et les bâches de produit de protection. Disposez à portée de main d’au moins un extincteur à eau pulvérisée voire d’un extincteur approprié à l’extinction d’un feu naissant à proximité des travaux.
Pendant le travail, surveillez les projections incandescentes et leurs points de chute. Ne déposez pas les objets chauffés sur des supports craignant la chaleur ou risquant de la propager.
Après le travail, inspectez le lieu de travail, les locaux adjacents et les environs pouvant être concernés par les projections d’étincelles ou les transferts de chaleur. Maintenez une surveillance pendant les deux heures suivant la fin des travaux (de nombreux sinistres sont en effet déclarés pendant cette période).
Hervé Wagner, agent Aviva, spécialiste des assurances agricoles :
« J’ajouterai que la présence d’extincteurs sur les matériels agricoles et bâtiments permet parfois d’éviter la catastrophe. Mon cabinet étant très attaché à la prévention, des possibilités d’accompagnement financiers existent pour nos clients qui souhaitent s’équiper ».