Prédation dans l’Allier : état des lieux
Pour les éleveurs, le sujet est très sensible et beaucoup d’informations contradictoires circulent. Qu’en est-il réellement ?
Pour les éleveurs, le sujet est très sensible et beaucoup d’informations contradictoires circulent. Qu’en est-il réellement ?




Le Syndicat des Éleveurs de Moutons de l’Allier (SEMA), présidé par Sylvain Ray, a organisé le lundi 10 mars une journée d’information sur la prédation lupine dans le département, au lycée agricole du Bourbonnais, à Neuvy. Dans l’amphithéâtre, où avaient pris place élus, éleveurs ainsi qu’une cinquantaine d’élèves, les services de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et de la Direction Départementale des Territoires (DDT) ont expliqué les différentes procédures mises en place par l’État dans le cadre du plan loup.
L’éventuelle présence de loups sur le territoire bourbonnais est un sujet qui préoccupe bon nombre d’éleveurs du département. Et pour cause. « Les départements voisins de la Nièvre et de la Saône-et-Loire sont déjà impactés par des attaques de loups depuis quelque temps déjà. Il n’est pas question de créer une psychose. Le but de cette réunion est strictement pédagogique. Il s’agit d’informer les éleveurs et futurs éleveurs sur cette prédation, ses conséquences sur le mode d’élevage en zone herbagère et sur les moyens de protection qui peuvent être adaptés aux systèmes pastoraux mais beaucoup moins à nos exploitations », déclarait Sylvain Ray, président du SEMA 03, éleveur ovin de race Île-de-France à Meillard. Selon l’Office Français de la Biodiversité représenté par François Pohu, il n’y aurait officiellement pas de loup dans l'Allier. Un constat que remet en cause Sylvain Ray, qui a tout de même de très fortes présomptions sur sa présence au sein du département.
Est-ce un loup… ou un chien ?
À ce jour, toujours selon l’OFB, plus de 1 000 loups auraient été recensés sur le territoire national. Un chiffre qui pourrait cependant demander confirmation, étant donné la difficulté à compter les prédateurs par rapport à leurs modes de vie (sédentaire ou meute). François Pohu rappelait que le loup, qui a refait son apparition au cours des années 90, est en grande majorité issu de la lignée italo-alpine, vivant généralement en meute de 4 à 6 individus. Le Chef de service de l’OFB insistait également sur le fait qu’il ne fallait pas confondre une empreinte de loup avec celle d’un chien, les deux ayant une grande similitude, pouvant créer une certaine confusion. « Compte tenu des indices récoltés, il n’est pas sûr qu’il s’agisse d’un loup », c’est pourquoi l’OFB utilise la terminologie «loup non exclu», ce qui permet d’ouvrir l’accès aux indemnisations pour les éleveurs en cas de doute.
Il existe des aides
Du côté de la Direction Départementale des Territoires, l’évolution des constats d’attaques est clairement à la hausse (17 en 2022, 46 en 2024). Antonin Heraut, chef de service à la DDT, a tenu à rappeler lors de cette réunion les différentes procédures à suivre en cas d’attaque, mais également les moyens de protection des troupeaux (chiens, clôtures électrifiées, gardiennage…). De ce fait, les éleveurs peuvent bénéficier de subventions issues du FEADER pour l’achat et l’entretien de chiens de protection, ainsi que pour l’acquisition de clôtures électrifiées en fonction de la zone dans laquelle leur exploitation est située.
Pour information, ce sont près de 130 000 brebis et plus de 400 professionnels qui sont concernés dans l’Allier à l’heure actuelle.
Pouvoir agir dans la légalité
Le mot de la fin était pour Christophe Jardoux, président de la Chambre d’agriculture de l’Allier, qui affirmait que le passage du loup dans le département était un risque avéré. « L’objectif est de tout mettre en œuvre dans un cadre légal pour éviter l’installation du loup dans l’Allier. Le plan loup doit être adapté à nos conditions d’élevage. S’il faut absolument justifier de moyens de protection afin de pouvoir mettre en œuvre les tirs de défense, les procédures doivent être simples, rapides et abordables pour répondre aux situations d’urgence rencontrées par les éleveurs. La profession et les services de l’État devront travailler rapidement pour permettre aux éleveurs d’agir dans la légalité. »
Passé récemment d’espèce « strictement protégée » à « protégée », le déclassement du statut de protection du loup est peut-être une première avancée sur le sujet.
Au cours de cette réunion, Cyril Gautreau, dirigeant de la SARL Cical à Gex (Ain), a présenté son collier anti-loup, aux lumières clignotantes et alarme à ultrasons. Un dispositif qui n’est à l’heure actuelle pas encore reconnu comme moyen de protection officiel dans le cadre du plan loup, aucun résultat d’étude n’ayant encore prouvé son efficacité à ce jour. Depuis août 2023, six cents colliers ont été mis en place en France, pour un coût unitaire de 280 € TTC.
Renseignements :
Tél. : 07.82.23.91.12 ou